Partage de la valeur : Oxfam alerte sur l’écart croissant entre dividendes et salaires
Alors que le projet de loi sur le partage de la valeur arrive à l’Assemblée nationale, Oxfam publie une étude montrant la déconnexion croissante entre salariés et actionnaires au profit des seconds.
Les actionnaires privilégiés face aux salariés dans la redistribution de la valeur ajoutée. Voici le résultat d’une étude publiée aujourd'hui par l’ONG Oxfam qui s’est intéressée aux 100 plus grosses entreprises françaises cotées en bourses.
L’étude estime qu’un décrochage a eu lieu en 2018. Entre 2011 et 2017, « les versements aux actionnaires et les dépenses par salariés évoluent de manière conjointe ». C’est donc à partir de 2018 qu’un écart se creuse.
« Alors que les versements aux actionnaires font un bond de 40 % en ligne avec la croissance de la valeur ajoutée, les dépenses par salariés se mettent à stagner », constate Oxfam. Entre 2011 et 2021, les dépenses par salarié n’ont augmenté que de 22 % contre 57 % pour les actionnaires.
La transition écologique, autre perdant
Les salariés seraient donc perdants. Mais ce ne seraient pas les seuls puisque selon l'étude, les entreprises ne dirigeraient pas assez d’argent vers la transition écologique. Oxfam considère : « En 2019, 45 % des dividendes et rachats d'actions versés aux actionnaires auraient suffi à couvrir leurs besoins en investissement dans la transition écologique ».
L’étude pointe du doigt plusieurs entreprises : Engie, Vallourec et Eramet. Elles auraient réduit leurs capacités d’investissement pour pouvoir continuer de verser des dividendes aux actionnaires.
La tendance n’est pas prête de s'essouffler puisque les dividendes connaissent une année record dans le monde avec une progression au premier trimestre de 12 % sur un an.
Comment réduire l’écart ?
Oxfam propose plusieurs pistes pour réduire cet écart et mieux partager la valeur au sein de l’entreprise :
- Utiliser la fiscalité comme outil de redistribution afin de réaligner la fiscalité capital sur celle du travail
- Encadrer la part des bénéfices versés aux actionnaires
- Conditionner les aides publiques au plafonnement des dividendes
- Conditionner les aides publiques aux entreprises aux investissements dans la transition
- Réformer la gouvernance des grandes entreprises françaises avec, notamment, une meilleure représentation des salarié·e·s au sein des Conseil d’Administration, Surveillance ou Directoire
- Au niveau européen : garantir une obligation de reporting extra-financière et s’assurer que la rémunération variable des dirigeants européens soit liée aux plans de vigilance climatique de l’entreprise.
Un projet de loi sur la valeur ajoutée arrive aujourd’hui à l’Assemblée nationale. Il prévoit d’étendre l’obligation de dispositifs tels que l’intéressement à toutes les entreprises de plus de 11 salariés.
La rédaction
