Philip Morris se voit comme une entreprise… RSE !
Personne ne s’y attendait : le cigarettier estime répondre aux critères ESG grâce à la vente d’alternatives au tabac. Philip Morris continue pourtant de vendre plus de 600 milliards de cigarettes chaque année à travers le monde.
Les critères ESG, pour environnement, social et gouvernance, gagnent du terrain. Les investisseurs regardent désormais les performances des entreprises sur ce volet pour réaliser leurs investissements. Des investisseurs institutionnels se détournent même des valeurs qui ne sont pas considérées comme durables et ont vendu ces dernières années toutes leurs parts de ces entreprises dont ils étaient propriétaires. Parmi eux, de gros investisseurs institutionnels comme Candriam et Robeco.
Des entreprises prêtes à tout pour coller aux critères ESG
Les entreprises perçoivent ce changement de paradigme et souhaitent désormais être classées dans les structures répondant aux critères ESG. Parmi elles, certaines peuvent surprendre. Comme Philip Morris… Et non, ce n’est pas une blague !
Jacek Olczak, le patron du géant de la cigarette a expliqué dans une interview accordée au journal britannique Financial Times que l'entreprise serait en route pour devenir respectueuse des critères ESG. Il invoque les alternatives aux cigarettes vendues par la marque telles que le tabac chauffé qui représentent désormais un tiers de ses ventes. L’objectif fixé est d’atteindre 50 % d’ici deux ans.
Pour Jacek Olczak, ces ambitions permettent donc de classer Philip Morris dans les entreprises ESG. Le patron a d’ailleurs annoncé que 10 % de sa rémunération était liée à l’atteinte des objectifs sociaux et environnementaux.
L’activité de Philip Morris reste nocive
L’activité de l’entreprise reste pourtant très nocive. Elle vend toujours plus de 620 milliards de cigarettes chaque année. Le tabac serait la cause de huit millions de décès à travers le monde chaque année, ce qui en fait la première cause de mortalité évitable.
Les cigarettes sont également nocives pour la planète. Chaque année, 200 000 hectares de forêts sont détruits pour permettre de cultiver le tabac. La fumée émise dans l’atmosphère contient de nombreuses substances toxiques, cancérigènes pour certaines. Enfin, chaque année, ce sont 25 millions de tonnes de déchets produits par l’industrie du tabac.
Malgré tout cela, Philip Morris souhaite faire revenir les investisseurs institutionnels et mise sur les arguments écologiques et sociaux.
Une nouvelle stratégie pour Philip Morris ?
Cela fait plusieurs années que l’entreprise s’est positionnée sur ce terrain. En 2021, la filiale France de Philip Morris s’est dotée d’une raison d’être qui pouvait surprendre : « Se mobiliser et innover pour permettre aux fumeurs adultes d’arrêter la cigarette en faisant de meilleurs choix ». La même année, au Royaume-Uni, l’entreprise s’était d’ailleurs prononcé pour une interdiction à terme du tabac dans le pays, tentant d’apparaître alors comme engagée. L’entreprise commercialise cinq marques de cigarettes et une marque de tabac à rouler dans plus de 90 pays à travers le monde.
Théo Nepipvoda