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Par Carenews INFO - Publié le 23 avril 2024 - 11:00 - Mise à jour le 23 avril 2024 - 14:18 - Ecrit par : Théo Nepipvoda
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Pour rendre les entreprises plus vertueuses, faut-il passer par la loi ?

Lors du Sommet de la mesure d’impact à Paris, plusieurs invités se sont demandé s’il fallait passer par la loi pour changer les entreprises ou plutôt miser sur les comportements individuels.

Le Sommet de la mesure d'impact s'est tenu à Paris le 18 avril. Crédit : iStock.
Le Sommet de la mesure d'impact s'est tenu à Paris le 18 avril. Crédit : iStock.

 

« Nous pourrions croire, en regardant le nombre de personnes dans les événements liés à l’écologie, que les choses vont vers le mieux. Or, en regardant la situation écologique dans son ensemble, on comprend que les choses se dégradent », lance Julia Faure, présidente du Mouvement Impact France, un mouvement qui représente les entreprises à impact. Elle était invitée à une table ronde du Sommet de la mesure d’impact organisé le 18 avril à Paris.

Selon elle, l’une des raisons de cette détérioration est le fait que les règles économiques ne poussent pas les entreprises à être plus vertueuses : « Plus une entreprise fait mal les choses, plus elle délocalise, plus elle est compétitive. C’est la prime au vice », critique Julia Faure qui est aussi la fondatrice de Loom, une marque de vêtements éco-responsable.

Du fait de cette prime au vice, elle estime que l’entreprise ne changera pas si elle n’y est pas incitée : « Il faut des lois », conclut-elle. Elle considère comme historique la proposition de loi contre fast fashion, qui si elle venait à être définitivement adoptée, instaurerait une pénalité pour les produits de fast fashion.

 

Quel est l’impact des comportements individuels ?

 

Véronique Bédague, présidente-directrice générale du promoteur immobilier Nexity, est plus modérée sur l'impact des lois. Selon elle, ce sont surtout les comportements individuels des consommateurs qui feront évoluer les entreprises : « Si chacun d’entre nous changeait son comportement, cela aurait vraiment du poids. On ne peut pas demander aux entreprises d’arrêter de produire quelque chose qui est demandé par le consommateur, ou alors il s’agirait d’une entreprise nouvelle », considère-t-elle. 

 


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« C’est l’industrie qui crée les besoins des consommateurs », répond Julia Faure. « En faisant peser la responsabilité sur le consommateur, on retarde la prise de décision. C’est une manière pour la classe politique et économique de ne pas prendre ses responsabilités », ajoute-t-elle.

« Vous relancez le débat entre Rousseau et Voltaire, à savoir : l’homme est-il naturellement bon et perverti par les industriels ? », s’amuse le président du Cercle des économistes, Jean-Hervé Lorenzi, également invité de la table ronde. De son côté, il estime que certaines contraintes sont nécessaires puisqu’en ce moment, « nous prenons la direction d’un monde inégalitaire, pas sobre et qui ne permet pas aux jeunes de se loger. En revanche, la question majeure est : jusqu’où doit-on contraindre ? ».

 

La CSRD, lourdeur et opportunité pour l’entreprise 

 

Pour illustrer le fait que les règles n’ont pas toujours uniquement des effets positifs, Véronique Bédague prend l’exemple de la CSRD, directive européenne applicable depuis le 1ᵉʳ janvier 2024. Celle législation oblige un certain nombre d’entreprises au reporting extra-financier : « la CSRD nous alourdit. Il ne faut pas oublier le sens, les vraies transformations », juge la PDG.

Elizabeth Tchoungui, directrice exécutive de la RSE d’Orange, prend la défense de cette nouvelle législation : « Il nous est demandé d’écrire précisément nos politiques RSE : cela nous oblige à réfléchir à nos impacts et nos dilemmes. Nous ne pouvons pas avancer sans la contrainte », juge-t-elle. Elle prend également l’exemple du devoir de vigilance, qu’elle qualifie de contrainte positive.

 

Les actionnaires et clients, moteurs du changement

« Si les nouvelles lois font baisser la compétitivité, les entreprises couleront et cela créera des problèmes d’emploi », estime de son côté Jean-Marc Borello, président et fondateur du groupe SOS, qui organise le sommet. Il considère que le changement peut également venir de la pression exercée par les actionnaires et les clients qui vérifient de plus en plus les engagements écologiques avant d’investir ou des candidats à des postes proposés par l’entreprise qui demandent, plus que jamais, que les entreprises pour lesquelles ils vont travailler s’engagent.

 

Théo Nepipvoda

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