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Par Carenews INFO - Publié le 29 novembre 2023 - 15:30 - Mise à jour le 22 décembre 2023 - 12:31 - Ecrit par : Théo Nepipvoda
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Pourquoi les associations ne sont pas des acteurs économiques comme les autres

Lors des Journées de l’économie autrement le 24 novembre à Dijon, la question du modèle économique des associations a fait l’objet d’une table ronde. Les structures associatives doivent faire avec une baisse des subventions et un manque cruel de reconnaissance.

Les Journées de l'économie autrement se sont déroulées à Dijon les 24 et 25 novembre. Crédits : CD.
Les Journées de l'économie autrement se sont déroulées à Dijon les 24 et 25 novembre. Crédits : CD.

 

« Il n’y a pas un seul modèle économique d’association, mais une pluralité », débute Lionel Prouteau, maître de conférences émérite en sciences économiques à l’Université de Nantes. Un débat autour du modèle économique des associations a eu lieu lors des Journées de l’économie autrement, organisées les 24 et 25 novembre à Dijon par le média Alternatives Économiques.

 

Quels sont les différents modèles économiques du monde associatif ?

Celui qui a écrit l’ouvrage Le paysage associatif français propose une typologie des associations selon leur modèle économique. Parmi les sept modèles décrits, on retrouve celui regroupant les associations dont les financements publics s’élèvent, en moyenne, à 75 %. Cette catégorie regroupe seulement 3 % des associations, mais celles-ci sont généralement les plus grandes. 

Plus d’un quart des associations ont un mode de financement basé sur la cotisation avec un fort recours au bénévolat. Ces associations sont généralement celles qui n’emploient pas de salariés. Elles forment un autre modèle selon Lionel Prouteau.

Un autre quart des associations entrent dans la catégorie des structures dont les ressources sont diversifiées. En revanche, elles sont une sur cinq à être financées à près de 90 % par des ressources privées et à former un autre modèle. Ces associations ont des budgets particulièrement élevés.


 

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Les associations, des structures hybrides

Les associations ont pour caractéristique la diversité des ressources financières, allant de la subvention à la cotisation en passant par les recettes privées. « Cette hybridation est déjà au cœur de la grande majorité des associations. Peu d’autres structures économiques savent la pratiquer », se réjouit Frédérique Pfrunder, déléguée générale du Mouvement associatif.

Nous devons chercher à être considérés comme des partenaires et pas des prestataires."

En revanche, elle rappelle la diminution des subventions connue depuis plusieurs décennies par les associations qui, selon elle, ont tendance à être vues par la puissance publique comme des prestataires qui doivent désormais répondre à des marchés. « Dans la relation de financement, nous devons chercher à être considérés comme des partenaires et pas des prestataires ou supplétifs de l’action publique », prévient-elle.

 

Des acteurs pas assez perçus comme agents économiques

Les associations peinent également à être vues comme de réels acteurs économiques : « L’un des problèmes aujourd’hui est que le monde associatif n’est pas pleinement reconnu comme un acteur du monde économique. L’économie non lucrative est aujourd’hui un impensé de l’économie. Peu d’économistes en pensent la force et la place », continue Frédérique Pfrunder.

Colas Amblard, avocat associé chez NPS consulting, abonde dans ce sens. Il explique, qu’historiquement, les associations étaient perçues comme n’appartenant pas au champ économique puisque celui-ci était réduit à son volet marchand. 

La subvention est inévitable."

« Petit à petit les associations ont commencé à comprendre qu’elles pouvaient faire de l’activité économique et même commerciale », continue-t-il. L’association devient alors un mode d’entreprendre alternatif. Elle fait partie d’une économie dont l’objectif n’est pas l’enrichissement personnel, mais la réponse à « un besoin qui n’est ni pris en compte par le marché, ni suffisamment par les services de l’État. » 

Ces structures associatives interviennent souvent sur des champs pas ou peu rentables, délaissés par les acteurs classiques en recherche de rentabilité : « C’est pour cela que la subvention est inévitable pour compenser le manque à gagner », explique Colas Amblard.


 

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Démocratie, bien-être : les autres valeurs créée par les associations

Ces activités produisent de la valeur qui n’est pas forcément prise en compte par une approche monétaire. Frédérique Pfrunder considère que, de fait, le produit intérieur brut (PIB), qui mesure la richesse, ne retranscrit pas toute la richesse non monétaire créée par le monde associatif. « Les associations produisent bien autre chose dans leurs actions que le service final : de la démocratie, du bien-être ou encore de la cohésion », explique-t-elle. Il est donc nécessaire que les associations apportent la preuve de la valeur qu’elles produisent pour pouvoir être prises au sérieux notamment par les pouvoirs publics.

 

Théo Nepipvoda 

 

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