Numérique : la difficile recherche de financement pour les associations
Le Social Good Accelerator organise un événement européen du 8 au 17 novembre autour des solutions numériques de l’ESS. Une des tables rondes, organisée le 9 novembre à Paris, s’est intéressée à la philanthropie numérique. Récit.
Face au défi de la numérisation, comment les associations peuvent-elles trouver les ressources financières nécessaires ? C’est à cette question qu’ont tenté de répondre les panélistes d’une table ronde intitulée « Philanthropie de la transition numérique », ce 9 novembre à Paris.
Elle s’est déroulée dans le cadre de l’événement « Numérique en commun[s] ESS Europe » organisé par le Social Good Accelerator. L’objectif est de mettre en avant les solutions numériques de l’économie sociale et solidaire. L’événement prend place dans plusieurs villes européennes, dont Paris.
Le faible intérêt des pouvoirs publics
Les associations puisent généralement sur leurs fonds propres pour financer leur transformation numérique. Une nécessité puisqu’elles connaissent des difficultés à trouver les financements nécessaires en la matière.
« Le gouvernement parle tout le temps de "French Tech" et de startup nation. En revanche, si je suis une association, je ne peux accéder à aucun des dispositifs fiscaux et avantages en la matière », se désole Gabriel Maurisson, CEO de Huggle, une structure d’accompagnement des organisations de l’ESS. « Les seuls à s’y intéresser, c’est la Caisse des dépôts et consignations », continue-t-il.
Dans ce contexte, se tourner vers des financeurs privés, philanthropes, peut apparaître comme une solution pertinente. Encore faut-il qu’ils soient sensibilisés aux enjeux du numérique pour les associations.
Une nécessaire acculturation des financeurs
Pour Angélina Lamy, déléguée générale de la Fondation Accenture, « il y a une acculturation des financeurs à faire, il est nécessaire de les éduquer sur les solutions qui existent pour l’accompagnement des associations dans leur transition numérique ». Sa fondation est notamment spécialisée sur les sujets d’innovation sociale et est sollicitée par d’autres financeurs sur ces enjeux pour mettre à profit ses compétences.
Ces enjeux de financement sont conjoncturels." Elise Moison, Les entreprises pour la cité. »
Elise Moison est directrice générale adjointe de l’association Les entreprises pour la cité qui mobilise les acteurs engagés dans l’innovation sociale. Selon elle, « ces enjeux de financement sont conjoncturels et non structurels ».
Elle estime que la problématique est similaire à celle qu’ont connue les associations il y a une vingtaine d’années autour des ressources humaines : « À l’époque, aucun financeur ne fléchait l’argent vers les ressources humaines, c’était complètement hors cadre. Aujourd’hui, ce n’est plus une question car on a compris qu’il fallait financer le personnel pour que l’association vive. »
Comment attirer les financeurs sur les sujets numériques ?
Alexandre Giraud est directeur du mécénat à la Fondation de France. Il explique la philosophie appliquée par la structure en matière de financement du numérique : « Nous soutenons les visions de structures avec lesquelles nous partageons un objectif de transformation commun », considère-t-il. « Ce qui nous intéresse, c’est comment l’association va mettre en œuvre cette vision. Le numérique est un outil pour cela. »
Pour attirer les investisseurs, le monde associatif dispose d’importants atouts, selon Angélina Lamy : « C’est un secteur qui est vu comme pouvant innover par la frugalité. D’ailleurs, des innovations remontent dans le secteur traditionnel. Il peut être vu comme le visage de la "tech juste", et cela peut intéresser les financeurs. »
Théo Nepipvoda