Précarité étudiante : un tiers des étudiants en état dépressif majeur selon le Samusocial
L’Observatoire du Samusocial de Paris vient de publier une enquête sur la précarité étudiante deux ans après le Covid-19. Elle dresse le portrait d’une jeunesse vulnérable, particulièrement impactée par la crise sanitaire. Infographie.
On garde tristement en tête les images de Rémy Buisine, filmant les files d’attentes interminables lors de distributions alimentaires organisées durant les deuxième et troisième confinements pour les étudiants. Ces images ont permis de mettre en lumière la réalité d'une précarité étudiante.
Un peu moins de deux ans après, l’Observatoire du Samusocial de Paris publie une enquête menée auprès d’étudiants bénéficiaires de l’aide alimentaire en Île-de-France. Elle a été réalisée entre le 30 novembre 2021 et le 4 février 2022.
Qui sont ces étudiants bénéficiaires de l’aide alimentaire ?
Le Samusocial a pu rencontrer près de 500 étudiants lors d’une quarantaine de distributions alimentaires organisée en Île-de-France. Premier constat : une grande majorité d’entre eux sont nés à l’étranger (81 %) et plus de la moitié (56 %) est arrivée en France à la rentrée de septembre 2021.
Ces étudiants étrangers rencontrent des difficultés administratives, amplifiées par la dématérialisation des procédures, la méconnaissance des droits, mais aussi la réduction des rendez-vous en préfecture à cause de la crise sanitaire. Résultat : 15 % des étudiants étrangers sont en situation de précarité administrative, c’est-à-dire dans l’attente d’un titre de séjour ou de son renouvellement. Cette situation administrative les bloque, par exemple, dans l’accès à un logement ou à un travail, un stage ou une alternance.
Peu de ressources financières
Pour faire face à leurs besoins, 71 % des étudiants interrogés sans emploi souhaitent travailler à côté de leurs études. Un besoin vital puisque 69 % d’entre eux ont des difficultés à finir le mois avec leur budget, la majorité ne bénéficiant d’aucune bourse d’étude (78 %) et d'aucune aide financière régulière de leurs parents (66 %). À ces difficultés financières s’ajoutent, pour 42 % des personnes sondées, des blocages administratifs pour bénéficier de l’aide au logement ou encore recevoir leur carte vitale.
Des conséquences sur leur santé mentale
Ce public a donc été particulièrement vulnérable face à la crise sanitaire et a eu recours à l’aide alimentaire : un étudiant sur quatre présent aux distributions était en état de faim modéré à sévère.
Tout cela n’est pas sans conséquences sur leur santé mentale : 36 % sont en état dépressif majeur et pour 65 % d’entre eux, la crise sanitaire a détérioré leur état de santé.
Lisa Domergue