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Par Carenews INFO - Publié le 27 juillet 2021 - 10:00 - Mise à jour le 27 juillet 2021 - 10:00
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Réforme du bac : des inégalités qui persistent malgré tout

Voilà maintenant deux ans que la réforme du bac a eu lieu. Entre intentions louables et difficultés à appliquer la réforme, des inégalités sociales et genrées subsistent. Éclairages.

Crédit photo : Jacob Lund
Crédit photo : Jacob Lund

 

Censée réduire les inégalités, la réforme du bac de 2019 permet aux élèves de choisir leurs spécialités en fonction de leur profil et de leur orientation post-bac. Mais qu’en est-il dans les faits ? Certains chiffres et ressentis de professeurs attestent d’une reproduction des schémas inégalitaires pré-réforme. Explications. 

 

Une reproduction des schémas inégalitaires

En 2019, selon la première note d’information de la Depp (Direction de l'évaluation, de la prospective et de la performance) sur la réforme du bac, 76 % des élèves d’origine sociale favorisée ont choisi comme spécialité les mathématiques. Ce taux n’était que de 62 % chez les élèves issus de milieux défavorisés. 

Symbole d’idéaux inchangés, le trio des matières scientifiques est le plus choisi par les élèves. « Les matières scientifiques représentent dans l’imaginaire collectif une assurance pour une orientation post-bac réussie. C’était écrit d’avance, les élèves issus de milieux défavorisés optent davantage pour des combinaisons atypiques. Ils continuent d’estimer que certaines filières ne leurs sont pas destinées », explique Christophe, professeur de SES (sciences économiques et sociales) en terminale. 

 

Problème de répartition des spécialités sur le territoire 

Bien souvent, les établissements sont incapables de proposer la totalité des spécialités à leurs élèves. Pour contrecarrer cela, ils doivent conclure des conventions avec d’autres lycées qui proposent les spécialités manquantes. À l’origine de la réforme, le ministère de l’Éducation nationale avait précisé que toutes les spécialités seraient proposées dans le cadre du « bassin de vie » de l’étudiant. Or, de telles conventions sont rares. Les établissements privés sous contrat, dont les élèves sont principalement d’origine sociale favorable, sont largement en avance dans la signature de conventions. Environ un tiers d’entre eux ont établi des accords entre établissements. 

« Les établissements classés REP ont beaucoup moins de possibilité de s’affilier à des lycées situés dans le “bassin de vie” de leurs élèves et en capacité à répondre aux demandes de spécialités. C’est pourquoi la réforme ne propose pas les mêmes enseignements en fonction du milieu social et géographique des élèves », analyse Christophe. 

 

Une reproduction des inégalités femmes/hommes

« On observe également une reproduction des schémas inégalitaires entre genre », indique le professeur. Près de neuf élèves sur dix ayant choisi la doublette mathématiques et sciences informatiques sont des garçons. Le duo mathématiques et physique-chimie est, lui aussi, choisi à 64 % par des garçons. 

A contrario, plus de huit élèves sur dix sont des filles au sein des doublettes HLP (humanités, littérature et philosophie) et LLCER (Licence de langues, littératures et civilisations étrangères et régionales) et HLP et SES. Les filles sont également surreprésentées dans le duo LLCER et SES, et dans la triplette HGGSP (histoire-géographie, géopolitique et sciences politiques), LLCER et HLP. 

Jean-Michel Blanquer s’est déclaré récemment favorable à des « objectifs quantitatifs », en d’autres mots des quotas, pour rétablir un semblant d’équilibre entre les deux genres. Mais la véritable évolution serait de transformer les mentalités et les réflexes genrés des étudiants et de leurs parents. 

 

Comment lutter contre ces inégalités ? 

Pour Benjamin Blavier, cofondateur de l’association Article 1, le fond de la réforme du bac qui consiste à dire qu’il y a plusieurs voies d’émancipation et de succès est positif. L’idée du grand oral, du contrôle continu et la désacralisation des mathématiques peuvent permettre de rompre avec l’orientation subie. « Sur l’esprit, je trouve ça intéressant », explique-t-il.  

«  Ce qu’il faut maintenant surveiller ce sont les reproductions des inégalités : les stratégies de contournement parentales, la sélection des écoles les plus sélectives et la surnotation des lycées. Le vrai danger est de voir ressurgir le même modèle inégalitaire avec la triplette maths, physique-chimie et SVT », alerte Benjamin Blavier. 

Pour progresser en termes d’égalité des chances, il y a une complémentarité à trouver entre les associations d’accompagnement scolaire et l’Éducation nationale. L’école a les moyens d’améliorer le contenu des cours, les modes de sélection et l'accompagnement pédagogique. « Il faut en revanche sortir du mythe qui consiste à croire que l’enseignant tout seul dans son coin va pouvoir être un rempart contre les inégalités », précise Benjamin Blavier. 

D’après le cofondateur d’Article 1, l’enseignant ne peut pas combler le manque d’informations sur la réalité des métiers, le manque de réseau, de confiance des jeunes, d’accès à la culture et de moyens. Il faut donc développer l’accompagnement extra-scolaire, notamment associatif. 

 

Article 1 : un exemple à suivre 

Co-fondée par Benjamin Blavier, l’association Article 1 est un exemple qui contribue à la diminution des inégalités. 

L’association met à disposition des étudiants, des équipes dédiées ainsi que les plateformes INSPIRE, 1A1 et Jobready pour les accompagner de leur orientation post-bac jusqu’à leur insertion professionnelle. L’association propose aux jeunes étudiants un système de mentorat ainsi que des ateliers de développement des soft skills, les compétences transversales. 

« Article 1 se veut une association de transformation systémique. On veut changer massivement la donne en termes de mobilité sociale et d'égalité des chances. On ne veut pas faire juste quelques belles histoires », précise Benjamin Blavier. 

 

Florian Grenon

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