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Par Carenews INFO - Publié le 17 mars 2023 - 15:43 - Mise à jour le 20 mars 2023 - 14:28 - Ecrit par : Théo Nepipvoda
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«Toute la beauté et le sang versé » : la photographe Nan Goldin en croisade contre la philanthropie de la famille Sackler

Le documentaire Toute la beauté et le sang versé, réalisé par Laura Poitras, s’intéresse à l’émouvant combat de la photographe de légende Nan Goldin contre la philanthropie des Sackler, la famille qui a alimenté la crise des opiacés aux États-Unis.

Affiche du film sorti le 15 mars en France. Crédit : Pyramide Films;
Affiche du film sorti le 15 mars en France. Crédit : Pyramide Films;

 

Des flacons d'opioïdes dispersés en masse dans le hall du musée MET à New-York, des slogans scandés contre la famille Sackler. Voici un happening orchestré par la photographe Nan Goldin qui ouvre le documentaire Toute la beauté et le sang versé

L’art et l’engagement s’entremêlent de 1 001 façons différentes. La vie de la photographe américaine Nan Goldin en est la parfaite illustration. La réalisatrice Laura Poitras se penche sur la trajectoire de l’artiste de légende dans ce documentaire sorti en France le 15 mars. Le film alterne entre la folle vie de photographe et le récent combat de la femme contre le mécénat de la famille Sackler. 

 

Une photographe révolutionnaire

Nous pouvons l’affirmer, Nan Goldin a révolutionné la pratique photographique. Elle s’est intéressée à l’intime, à la quotidienneté, à une époque où l’univers de la photographie était encore codifié et fripé par le classicisme. Elle a photographié en masse son cercle d’amis et même sa propre vie. Evoluant dans un New-York des années 80 artistique, gay, et parfois miséreux, elle a pu documenter cette contre-culture avec ses grandes figures de l’époque comme l’artiste Cookie Mueller. Avec un regard radical et politique, pointant notamment son objectif sur les années Sida qui ont ravagé la communauté homosexuelle durant la fin du 20e siècle ou travaillant sur la domination masculine.

 

L’artiste contre les mécènes

Brillamment, le documentaire retrace la vie excessive de cette photographe grâce à son témoignage. Mais le film s’arrête également sur le combat actuel de Nan Goldin. Celui contre la famille Sackler, qu’elle considère comme responsable de la crise des opioïdes aux Etats-Unis. 

La famille Sackler, via le groupe Purdue Pharma, a produit l’OxyContin, l’un des opioïdes les plus consommés aux États-Unis. Prescrit en cas de douleur, ce médicament a créé de fortes addictions, entraînant des morts par surdosage ou par substitution de drogues plus fortes telles que l'héroïne. On estime que 500 000 personnes en seraient décédées entre 1999 et 2019.

Le documentaire suit le combat de Nan Goldin, qui fut elle-même addict jusqu’à l’overdose, à travers le groupe d’action P.A.I.N qu’elle a fondé en 2017. Leur objectif ? Faire notamment pression sur les institutions culturelles prestigieuses et les universités qui reçoivent massivement de l’argent de la famille. Les happenings se multiplient, au Louvre à Paris, au MET et au Guggenheim à New York. La caméra filme ces moments où des flacons d’OxyContin ou de fausses ordonnances sont balancés en masse dans les musées, accompagnés de pancartes brandies pour alerter. Un vrai soufflet pour les musées, puisque Nan Goldin est tout bonnement l’une des photographes les plus célèbres au monde.

 

Ces combats ont-ils été des succès ?

Grâce à ses actions, elle souhaite que ces institutions se décident à refuser les financements de la famille et renomment des ailes de musées, des salles, baptisées Sackler pour glorifier la dynastie. Dans ce combat, Nan Goldin a un atout : elle expose dans beaucoup de musées financés par la famille. C’est donc du « soit eux, soit moi ». Comme avec la National Portrait Gallery à Londres où une rétrospective sur elle devait avoir lieu, mais qu’elle a conditionnée au refus d’un don de la famille Sackler.

Le documentaire observer ce combat qui sera judiciairement un échec, puisque personne ne sera reconnu coupable pénalement, mais une réussite dans les musées. Petit à petit, les institutions vont refuser les financements. Puis progressivement vont enlever le nom Sackler des façades de leurs bâtiments. Le Louvre en premier pour la section des antiquités orientales. L’une des conclusions de l’artiste dans le documentaire : « C’est le seul et unique endroit où ils sont tenus pour responsables ». 

 

Théo Nepipvoda 

 

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