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Par Carenews INFO - Publié le 23 mai 2023 - 14:39 - Mise à jour le 13 novembre 2023 - 10:20 - Ecrit par : Célia Szymczak
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Plan climat : accélération du gouvernement ou annonces à concrétiser ?

La Première ministre présentait le 22 mai au Conseil national de la transition écologique les objectifs de la France en termes de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Les associations restent dans l'expectative.

L'industrie fait partie des secteurs les plus émetteurs. Crédits : iStock.
L'industrie fait partie des secteurs les plus émetteurs. Crédits : iStock.

 

La Première ministre Élisabeth Borne s’adressait le lundi 22 mai au Conseil national de la transition écologique (CNTE) pour détailler les objectifs écologiques de son gouvernement. Il s’agit d’une « instance de dialogue en matière de transition écologique et de développement durable » selon le ministère de la Transition écologique. Ses membres, issus de la société civile, du secteur associatif, d’organisations syndicales et du Parlement rendent des avis sur le sujet. 

 

La France se conformera aux objectifs de diminution des émissions de gaz à effet de serre fixés par l’Union européenne. La Première ministre a annoncé viser une réduction des émissions de 50 % d’ici à 2030 par rapport à 1990, contre 40 % auparavant. Le plan Fit for 55 de l’Europe prévoit en effet une diminution de 55 %, en incluant l’absorption supplémentaire de carbone par les forêts et les sols. En 2021, la France a réduit ses émissions de 23,1 % par rapport à 1990. 

 

Une mobilisation globale

 

Tous les secteurs d’activité seront concernés, en particulier les plus émetteurs : les transports, l’agriculture, le bâtiment, l’industrie et l’énergie. Dans l’ensemble, l’effort reposera à moitié sur les entreprises, au quart sur les collectivités et au quart sur les particuliers. En juin 2019, le cabinet Carbone 4 estimait que des « changements de comportement individuels significatifs (...) permettent de réduire l’empreinte de 25 % au mieux », en comptant sur un engagement personnel dit « héroïque. » 

 

Emeline Notari, responsable des politiques climat pour le Réseau Action Climat, dresse un constat « positif » de la présentation d’Élisabeth Borne. L’association siège au CNTE. « C’est un bon signal d’avoir eu la Première ministre accompagnée de ses ministres » déclare la représentante, mais « il nous manque le plus important : comment on arrive à cette réduction des émissions de GES ? », ajoute-t-elle. Elle déplore l'absence de « mesures concrètes » ou de « très grandes mesures » quant aux moyens d’atteindre les objectifs européens « extrêmement ambitieux. » Il va maintenant falloir « insuffler cette vision de la planification » dans les projets de lois et stratégies nationales à venir à l’été et l’automne. 

 

Pierre Cannet, directeur du plaidoyer et des campagnes du WWF France était lui aussi présent.  Il souligne son « plaisir de voir la mobilisation d'Elisabeth Borne, accompagnée pour la première fois de plusieurs ministres, autour d'une planification écologique concrète, en France pour cette décennie » mais a attire l'attention sur leur « responsabilité énorme : revoir leur copie pour revenir d'ici l'été avec toutes les mesures structurantes à activer. » Il conclut que « le gouvernement a maintenant du pain sur la planche. »

 

Alain Chabrolle représentait quant à lui France Nature Environnement. Il observe que « Madame Borne et son gouvernement ont affiché une détermination et une volonté de s'attaquer sérieusement » à la décarbonation. Comme les autres représentants du monde associatif, il souligne l'importance de « rentrer dans le détail » des futures mesures. « ll faut passer aux actes » considère-t-il, « il y a urgence : d'ici 2030, il faut faire autant que dans les trente dernières années. La tâche est ardue » alerte-t-il. Une tâche qui ne sera pas accomplie, selon France Nature Environnement, sans la prise en compte de la biodiversité, des questions de santé-environnement, de ressources ou encore d'éducation, alors que la présentation du 22 mai concernait exclusivement les gaz à effet de serre. 

 

Des investissements coûteux

 

Ces mesures destinées à la transition écologique coûteront cher. Alain Chabrolle estime que la transition écologique fera face à de « nombreux écueils », dont son financement. Élisabeth Borne a demandé à l’économiste Jean Pisani-Ferry de réaliser « une mission d’évaluation des impacts macroéconomiques de la transition écologique. » Dans le rapport de synthèse publié le 22 mai, il estime que « La neutralité climatique est atteignable », mais « qu’y parvenir suppose une grande transformation, d’ampleur comparable aux révolutions industrielles du passé. »

 

Trois mécanismes économiques doivent permettre cette transformation : « la réorientation du progrès technique vers des technologies vertes », la sobriété et la « substitution du capital aux énergies fossiles. » Sur ce sujet, Emeline Notari salue une fois encore « un très bon signal », mais regrette le retard des politiques publiques. « C’est un engagement que nous avions commencé à prendre en 2010. » 

 

Le rapport annonce une « décennie de toutes les difficultés » : le financement d’investissements induira probablement « un coût économique et social » et « la transition est spontanément inégalitaire » sans soutien public aux investissements des ménages. En conséquence, « Il ne sert à rien de retarder les efforts au nom de la maîtrise de la dette publique. » Pour financer la transition, il faut réduire les dépenses budgétaires ou fiscales défavorables à l’environnement, accroître l’endettement et les prélèvements obligatoires. Le rapport prévoit un coût annuel pour les finances publiques de 34 milliards d’euros, sur un total de 67 milliards. 

 

Sans action suffisante, le réchauffement planétaire mondial sera de 3 degrés, soit 4 degrés en France métropolitaine en 2100. Les conséquences seraient extrêmement préoccupantes : canicules de deux mois, 40 à 50 nuits tropicales annuelles, pluies extrêmes, sécheresses, risques sur les infrastructures de transport… Le ministère de la Transition écologique lance ce mardi 23 mai une consultation publique pour définir la trajectoire de réchauffement de référence pour l’adaptation de la France (TRACC) et se préparer à cette éventualité.

 

La rédaction 

 

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