Transition écologique : quel est le niveau de sensibilisation du secteur culturel ?

Dans une interview accordée à Carenews, la fondatrice de l’association Art of Change 21 Alice Audouin estimait que « La crise climatique oblige les institutions culturelles à repenser leur fonction et elle est même une formidable opportunité pour la renforcer ».

Pourtant, une étude du collectif Réveil Culture établit qu’« En janvier 2023, il y a toujours un cruel manque d’information et de formation des professionnel.le.s et futur.e.s professionnel.le.s de la culture aux enjeux environnementaux et climatiques ». Menée entre septembre et décembre 2022 auprès de 311 professionnel.e.s et étudiant.e.s, elle dresse un constat pessimiste de l'engagement écologique du secteur. 

Une méconnaissance des enjeux climatiques 

94,9 % des étudiant.e.s et 93,1 % des professionnel.le.s admettent l’impact du secteur culturel sur le climat. Toutefois, ils connaissent mal les moyens par lesquels celui-ci peut répondre à l’urgence climatique. Par exemple, seul.e.s 33,6 % des étudiant.e.s et 50 % des professionnel.le.s savent que le déplacement du public représente « l’immense majorité des émissions » d’un musée. Les transports représentent 30 % des émissions de gaz à effet de serre en France en 2019 et la culture et les loisirs constituent la troisième cause de mobilité des Français.e.s. 

Les personnes questionnées ne maîtrisent pas mieux les enjeux climatiques qui ne sont pas relatifs au secteur. Seuls 27,4 % des professionnel.le.s savent par exemple que les océans absorbent plus de carbone que les arbres et les forêts. Près de 30 % des étudiant.e.s ne connaissent pas bien les engagements de l’Accord de Paris. 

Les acteur.rice.s de la culture, « victimes d’un trompe-l’œil » ? 

Comment expliquer cette méconnaissance ? Seuls 21,4 % et 16,1 % des professionnel.le.s et étudiant.e.s ont suivi une formation relative à la RSE. D’ailleurs, 38 % des étudiant.e.s et 11 % des professionnel.le.s ne connaissent pas le sens du sigle. 

Entre 29,6 % et 45,6 % des organisations auxquelles appartiennent les personnes sondées disposent d’un ou de plusieurs responsables chargé.e.s des sujets écologiques. Au moins 56,1 % n’ont pas de budget dédié. 

Pour expliquer ces actions limitées, le think tank The Shift Project estimait en 2021 que : « La problématique énergie-climat étant généralement présentée au travers des secteurs comme l’agriculture, les bâtiments, l’industrie, l’énergie et les transports, les professionnels de la culture sont victimes d’un trompe-l’œil : ils et elles ont l’impression de ne pas être directement concernés ». Pourtant, le rapport précisait aussi que le secteur dispose de la « capacité (...) de devenir un moteur de la transition ». 

Célia Szymczak