« Un futur s’il vous plaît ! » : le combat joyeux d’une guerrière face au dérèglement climatique
Dans son spectacle « Un futur s’il vous plaît », Laura Caniot-Genevois raconte son parcours personnel de prise de conscience du dérèglement climatique. Un parcours qui l’a conduite à mettre ses talents et son énergie au service de la construction d’un avenir meilleur.

« Bonjour, je m’appelle Laura et je suis une ex-petite fille sage ». C’est ainsi que démarre le one-woman show de Laura Caniot-Genevois, intitulé « Un futur s’il vous plaît ». Elle y raconte son parcours personnel et sa prise de conscience environnementale, qui l'a conduite à se transformer en « guerrière » de la cause écologique.
À 40 ans, elle a fait un bout de chemin depuis cette enfance « sage ». Petite, à l’école, elle travaille bien, pour faire plaisir à ses parents, les rassurer et avoir un « bon job ». Elle passe un bac scientifique, celui « qui garde bien toutes les portes ouvertes ». Mais, reconnaît-elle aujourd’hui, elle ne se demande alors jamais ce qu’elle a vraiment envie de faire. « Pendant toutes ces années, j’écoute tellement ce qu’on me dit que je perds petit à petit de vue ce que j’aime vraiment faire ».
Le rapport du Giec : un film catastrophe
Lorsqu’elle est étudiante, en 2004, elle a un déclic. Alors qu’elle étudie les langues étrangères appliquées, elle tombe par hasard sur un rapport du Giec. Et c’est un coup de massue : elle prend conscience du dérèglement climatique et des menaces qu’il représente. « J’ai l’impression d’être dans un film catastrophe où une météorite doit s’écraser sur la Terre », relate-t-elle.
Et pourtant, rien ne se passe… Personne n’a l’air de s’en préoccuper. C’est l’incompréhension pour Laura : « Si ce que dit le Giec est vrai, et alors que le rapport Meadows soulignait les limites de la croissance dès 1972, pourquoi autant d’inaction ? », se demande-t-elle.
« Je vais dans la rue, je regarde les gens, je secoue les bras pour voir si quelqu'un réagit. Mais non, chacun continue sa petite vie, comme si de rien n’était. Je réalise que les “grandes personnes”, les décideurs, ceux qui sont là pour nous défendre, ne prennent pas du tout les décisions raisonnables qui s’imposent pour nous protéger. Et moi je me sens seule et impuissante... ». C’est alors que Laura sombre dans l’éco-anxiété.
Devenir une guerrière « joyeuse et positive »
Mais pas pour longtemps. Car elle décide de se battre pour la planète, de se transformer en « guerrière ». Mais une guerrière « joyeuse et positive », précise-t-elle. Pour mener son combat, elle s’engage, professionnellement et bénévolement, pour la transition écologique. « Pendant douze ans, je suis partie dans tous les sens », admet-elle aujourd'hui.
C’est ainsi qu’elle part pour le Kenya assister à la COP 12 et y porter la voix étudiante, qu’elle travaille dans un village expérimental low tech en Andalousie mais aussi dans le service communication d’une petite entreprise d’upcycling, qu’elle suit une formation d’ingénierie environnementale, qu’elle rédige le rapport développement durable d’une grande entreprise de la distribution, qu’elle participe à la création du réseau Vrac, qu’elle devient responsable RSE pour une entreprise de meubles, puis finalement chargée du plaidoyer politique pour l'association Zero Waste France…
« Mais j’ai alors l’idée fortement ancrée que si je prends du plaisir dans ce que je fais, c’est que ce n’est pas du travail et que donc cela n’est pas utile… », souligne-t-elle. « Je crois aussi que pour s’impliquer sur une cause, il est nécessaire de tout savoir du sujet : si je veux travailler sur la question de l’océan, je dois tout savoir, de A à Z, sur la flore et la faune marine. »
Alors Laura s’épuise. Au même moment, sa mère a un cancer, qui s’avère génétique. Laura et sa sœur font des tests, qui révèlent que la première est porteuse de la mutation génétique à l’origine du cancer de sa mère. Elle a donc de grandes chances de développer cette maladie elle-même plus tard. « J’ai alors 30 ans, se souvient Laura. Et là, je décide de me prendre en main, et d’arrêter de perdre mon temps à m’agiter. »
proposer Des bilans de compétences à impact sociétal
Elle met alors une idée qui a germé progressivement dans son esprit depuis quelques années. Elle a compris que, même avec la meilleure volonté du monde et en s’épuisant, elle ne pourrait pas sauver à elle seule le climat. Mais que si elle accompagnait des gens qui souhaitent travailler pour la transition écologique et solidaire, mais ne savent pas comment s’y prendre, alors les « combattants » du climat seraient plus nombreux et auraient plus d’impact.
C’est ainsi qu’en 2017, elle crée Mon Job de sens, une entreprise d’utilité sociale qui propose des bilans de compétences « à impact sociétal ». L’idée : aider les gens à trouver un job qui a du sens pour eux, mais aussi pour le monde, grâce à divers outils, et notamment le travail sur les talents. « Il est indispensable de connaître quels sont ses talents naturels pour prendre plaisir à ce qu’on fait et les mettre au service des causes qui nous sont chères », insiste Laura Caniot-Genevois. « C’est ça qui fait que l’on est bon dans ce qu’on fait. »
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Depuis, Mon Job de sens s’est développé, travaille désormais avec une quinzaine de coachs spécialisés sur la transition écologique et solidaire, et a accompagné 800 personnes à identifier ce qui fait sens pour eux et pour le monde. À l’issue de leur parcours, tous ne changent pas radicalement de métier. « Chacun a une transition qui lui est propre, explique Laura. Certaines gardent le même métier, les mêmes compétences, mais les mettent au service d’une organisation qui partage leurs valeurs. Certains choisissent de rester dans la même boîte mais de l’aider à s’améliorer. D’autres font un pas de côté un jour par semaine pour faire un truc très militant, car ils ne sont pas encore mûrs pour un gros changement tout de suite. D’autres, enfin, changent complètement de métier, apprennent à faire de nouvelles choses, à leur compte ou pas, pour se sentir plus utiles. »
« Nous n’avons chacun qu’une seule vie, conclut Laura. Et c’est bien ça le cadeau le plus précieux de l’existence. » Alors elle se lève chaque matin, avec le sourire, pour contribuer, avec d’autres, à construire un futur désirable. Et son spectacle est devenu, pour elle, une nouvelle façon de faire connaître son combat.
Camille Dorival
Prochaine représentation le 25 septembre 2025 à Marseille.