Zara se lance dans la seconde main en France… des motivations économiques plutôt qu’écologiques
La marque espagnole de fast fashion lance le 7 septembre Pre-Owned, son service de revente de pièces. Même si elle affiche une volonté de rallonger la durée de vie des produits, une telle offre permet surtout de capter une clientèle aujourd’hui présente sur Vinted.
« Zara ne modifie pas tellement son modèle mais veut plutôt capter une valeur qu’elle n’a pas encore », estime Annick Jehanne, présidente et cofondatrice de l’association Fashion Green Hub qui forme les professionnels de la mode et du textile pour les amener vers des modèles économiques plus écoresponsables.
Lancement le 7 septembre
Le numéro un mondial du textile, Inditex, a annoncé le 31 août le lancement en France d’une plateforme de seconde-main nommée Pre-Owned pour sa marque phare, Zara. Elle sera accessible dès le 7 septembre et permettra l’achat et la vente de pièces d’occasion de la marque Zara entre particuliers. Les clients pourront également effectuer des donations ou accéder à des services de réparation dans les boutiques de la marque. Zara propose déjà cette offre au Royaume-Uni depuis 2022.
« Pour la seconde main, les clients de Zara sont sur Vinted. La marque veut donc capter cette valeur créée par la revente des produits qui aujourd’hui leur échappe », considère Annick Jehanne. Le marché de la seconde main de la mode représenterait 177 milliards de dollars au niveau mondial selon un rapport du cabinet GlobalData. Vinted détiendrait 40 % de parts de marché en Europe en 2021.
Quel impact sur la planète ?
L’intérêt est donc économique pour la marque espagnole de fast fashion, régulièrement accusée de proposer une mode peu respectueuse de la planète. D’ailleurs, d’autres s’y sont déjà mis comme Shein, le géant chinois de la fast fast fashion, qui a lancé son service aux États-Unis en 2022.
Le bénéfice écologique est lui bien moins évident : « Une grande partie des gens qui achètent de la seconde main achètent également du neuf. Cela ne freine pas l’achat, et peut même quelques fois l’augmenter », met en garde Annick Jehanne. Selon une étude publiée par l’ADEME en janvier, 86 % des acheteurs d’occasion le font dans le but d’acheter davantage de produits, mais à moindre coût.
Annick Jehanne considère même que ce type de plateforme peut pousser à l’achat neuf : « Désormais, on peut se dire “j’achète du neuf car je sais que j’aurai la possibilité de le revendre par la suite” ».
La neutralité carbone en 2040
La remise en cause du modèle économique de Zara, basé sur le renouvellement très fréquent des collections, ne semble donc pas être à l’ordre du jour. Pourtant, du côté de la marque, on affiche une réelle volonté de changement : « L’un des défis auxquels est confronté le secteur textile est celui de l’allongement de la durée de vie des vêtements. C’est dans cette optique que nous avons créé la plateforme Pre-Owned, qui vous permet de prolonger la durée de vie de vos vêtements Zara ». Cette mesure s’inscrit dans une démarche RSE plus globale, avec en ligne de mire la neutralité carbone dès 2040.
Théo Nepipvoda
