Fair publie un guide de bonnes pratiques sur l’investissement à impact
L’association Fair vient de publier un guide pratique consacré à l’investissement à impact, émanant des retours d’expérience de ses adhérents. Le but : harmoniser les pratiques pour les rendre plus efficaces et clarifier le secteur afin de lui permettre de se développer davantage.

Comment rendre la finance à impact moins opaque et plus harmonisée ? Pour répondre à cette question et permettre à des bonnes pratiques de l’investissement à impact d’émerger, l’association Fair, dédiée au développement de la finance à impact social et environnemental et créatrice du label Finansol, a organisé en 2024 une douzaine de réunions de travail entre ses adhérents. Ces dernières avaient pour objet de faire échanger ses membres, composés d’institutions financières, de sociétés de gestion, d’entreprises sociales et d’ONG, autour des enjeux et des pratiques de mesure et de gestion de l’impact.
Un an et demi plus tard, les réflexions et bonnes pratiques partagées ont conduit à la publication d’un guide pratique, destiné à accompagner la démarche d’investissement à impact et à améliorer la coordination entre les acteurs du secteur.
« Ce défi de coordination est accentué par l’absence de référentiel universel, qui rend la mise en œuvre opérationnelle de la gestion d’impact complexe. Les principes fondamentaux - intentionnalité, additionnalité et mesure - sont largement reconnus, mais leur application reste délicate », explique en introduction du guide Philippe Poirée, copilote du projet et responsable de la finance solidaire au Crédit mutuel.
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Une méthodologie de l’investissement à impact en cinq parties
Le guide intitulé « Investissement à impact, les bonnes pratiques pour engager sa démarche », se découpe, sur un peu moins d’une soixantaine de pages, en cinq parties, construites à partir du cycle de l’investissement. Le premier chapitre « construire sa démarche », laisse ainsi sa place au deuxième, « structurer sa démarche », puis à « gérer son portefeuille », « évaluer son impact » et enfin « gérer sa sortie ». Une interview de Krisztina Tora, directrice générale de la structure GSC impact, dont le but est d’accompagner la transformation des systèmes financiers mondiaux pour une prise en compte plus grande de l’impact, vient également apporter un regard international des enjeux. Enfin un lexique définit les principaux termes.
« Conçu comme un outil à la fois pédagogique et opérationnel, ce guide vise à démocratiser les concepts tout en enrichissant les pratiques des acteurs du secteur. Il poursuit deux objectifs principaux : fournir aux débutants un socle clair de bonnes pratiques pour comprendre et se lancer dans l’investissement à impact, tout en offrant aux praticiens confirmés une analyse des tendances actuelles et des évolutions récentes », présente Adrien Pannetier, l’autre copilote du projet et fondateur de Prouesses, qui structure des investissements à impact et accompagne les entreprises pour améliorer leur impact environnemental et social.
Parmi les enjeux : mesurer et faire connaître l’investissement à impact pour le développer
Parmi les grands enjeux auxquels fait face l’investissement à impact, se trouvent notamment les questions de la mesure de l’impact social ou environnemental apporté par une activité, ainsi que de l’accessibilité auprès des financeurs privés.
« On se trouve un peu seul au moment où l’on doit investir son argent », relate Pierre-Emmanuel Grange à l’occasion d’un évènement de présentation du guide. Le fondateur de l’entreprise microDON estime qu’il est important d’améliorer le marketing et la communication sur les investissements de la finance solidaire, afin de pousser les financeurs, trop prudents aujourd’hui selon lui, à prendre davantage de risques.
« Il y a un manque d’une communication adéquate », soutient également Armelle Ledru, directrice de projet d’investissement à impact à la Banque des territoires. Interviewée dans la partie « évaluer son impact » du guide, Armelle Ledru appuie également sur la nécessité d’harmoniser les indicateurs de mesures d’impact pour attirer davantage les investisseurs. « La problématique actuelle est de savoir comment mesurer l’impact social ou environnemental. Quels sont les indicateurs à suivre ? Est-ce que nous voulons que ces indicateurs se stabilisent dans le temps ? », interroge-t-elle, appuyant sur les demandes de preuves de la part des investisseurs.
Enfin, Benjamin Le Pendeven, enseignant-chercheur en finance entrepreneuriale et membre du comité scientifique de Fair, appuie sur la nécessité d’assurer une fin de cycle de l’investissement adéquate. « Il y a un risque de dilution de l’impact, notamment lors des fusions-acquisitions », prévient-il.
Élisabeth Crépin-Leblond