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Par Carenews INFO - Publié le 13 novembre 2024 - 11:54 - Mise à jour le 13 novembre 2024 - 12:04 - Ecrit par : Elisabeth Crépin-Leblond
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L’ANTISÈCHE - Au fait, c’est quoi la finance solidaire ?

La semaine de la finance solidaire est organisée cette année du 11 au 18 novembre. La finance solidaire est un mécanisme mis en place afin de financer les structures à forte utilité sociale et environnementale. Alternatives à la finance classique, les produits de finance solidaire sont labellisés en France par l’association Fair, via son label Finansol.

La finance solidaire est distincte de l’investissement socialement responsable (ISR). Crédit : Carenews
La finance solidaire est distincte de l’investissement socialement responsable (ISR). Crédit : Carenews

 

La finance solidaire vise à appliquer au secteur financier les principes de l’économie sociale et solidaire. Pour ce faire, les sommes investies le sont dans des structures qui privilégient l’impact social et/ou environnemental plutôt que la recherche du profit

 « Elle a pour but d’assurer aux épargnants que leur argent est bien utilisé pour des causes qui leur importent », expliquait en 2019 à Carenews, Patrick Sapy, directeur général de l’association Fair, qui agit pour une finance inclusive au service d’un meilleur impact social et environnemental. 

En passant par un organisme de finance solidaire, les épargnants mettent ainsi à disposition des fonds qui sont ensuite investis dans une structure de l’ESS ou à fort impact social et environnemental. Le but est double : mettre son épargne au service d’un projet d’intérêt général et permettre aux structures à forte utilité sociale et environnementale de trouver des financements.  

En 2023, la finance solidaire représentait 30 milliards d’euros d’encours, qui ont permis de générer 680 millions d’euros de financement solidaire. 

 

Deux mécanismes de financement solidaire 

  

Conformément aux principes de la finance classique, les investisseurs de la finance solidaire peuvent espérer retrouver la mise de leur épargne, voire gagner de l’argent. Contrairement aux idées reçues, « l’épargne solidaire rapporte autant que les produits d’épargne classique », affirme Patrick Sapy. 

Cependant, il existe également des produits d’épargne solidaire qui fonctionnent grâce à une logique de dons, comme les livrets de partage. 

La finance solidaire peut en effet s’appliquer par deux mécanismes exclusifs ou cumulatifs. Le mécanisme dit « de financement » consiste à affecter directement tout ou partie de l’argent placé au financement d’entreprises solidaires. Tandis que le mécanisme dit « de partage » consiste à verser au moins 25 % des intérêts d’un produit financier sous forme de don à des associations, a minima une fois par an. 

 


À lire également : Finance solidaire : encore un effort !


  

 Trois canaux de collecte de l’épargne solidaire 

  

L’idée de la finance solidaire est née dans les années 1980, à une période de « creux bancaire » où un nombre croissant de personnes et d’entreprises n’avaient pas accès à l’emprunt bancaire. Son but est de corriger l’impact de la finance traditionnelle moderne, qui échoue dans certains cas à soutenir l’économie réelle et à améliorer le niveau de vie des populations, afin de l’orienter vers l’intérêt général.  

En dégageant de nouvelles sources de financement et en innovant dans leurs procédures d’attribution, la finance solidaire permet ainsi d’accompagner le développement d’entreprise à vocation sociale et environnementale.  

Les produits de l’épargne solidaire sont variés et vont des livrets de partage simples aux assurances-vie les plus complexes.  

L’épargne solidaire est collectée essentiellement par trois canaux : l’épargne salariale solidaire (qui représente 18 milliards d’euros), les produits solidaires distribués par des banques et les mutuelles d’assurance (produits de partage, assurance-vie solidaire, …) et l’actionnariat solidaire

Ce dernier mécanisme permet à des entreprises de l’ESS ou à des entreprises à impact social et environnemental de mettre sur le marché une partie de leur capital, comme des parts sociales ou des titres associatifs. Elles font ensuite un appel public à l’épargne, notamment par le biais de plateformes, pour que les personnes puissent souscrire à leur capital.  

  

Finance solidaire et ISR 

  

La finance solidaire est distincte de l’investissement socialement responsable (ISR), moins exigeant et quantitativement plus développé. L’ISR consiste à sélectionner pour le prêt de son épargne des entreprises cotées en fonction du respect de critères minimaux de responsabilité sociétale (RSE). 

Dans la finance solidaire en revanche, les titres ne sont pas côtés en bourse, ce qui rend plus difficile la revente des parts d’une entreprise sociale.  

Certains fonds dits « 90-10 » mélangent quant à eux 10 % de finance solidaire et 90 % d’ISR, avec pour but d’allier performance sociale et financière. 

 


À lire également : Infographie : quels sont les labels de finance durable et solidaire ?


  

Le label Finansol portée par Fair 

  

Pour identifier des fonds solidaires, l’association Fair, fondée en 1997, a créé le label Finansol, devenu un critère de référence dans le secteur. Ce dernier est attribué à des produits d’épargne, et non à des structures émettrices, et implique que tout ou partie de l’argent placé  finance des activités solidaires à impact social ou environnemental.  

Les activités financées doivent ainsi répondre aux critères suivants :  

- cibler des personnes ou des territoires dont les besoins sociaux sont mal satisfaits, 

- placer l’impact social et environnemental au cœur de leur modèle économique, 

- évaluer et suivre l’impact environnemental,  

- avoir une valeur économique et financière répartie équitablement entre les parties prenantes.  

Selon le règlement du label, les autres actifs du produit financier sont « gérés selon une approche de finance durable », en intégrant les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG). Les souscripteurs des produits d'épargne labellisés Finansol doivent également être informés au moins une fois par an de l’impact social et environnemental de leurs actifs.  

Les établissements proposant un produit de finance solidaire doivent également s’engager « à le développer et à le promouvoir par ses propres moyens (...) afin que le label ne soit pas attribué à un produit dont la diffusion resterait confidentielle ou très limitée » et à des frais de gestion « raisonnables ». Ils doivent également proposer un accompagnement à la structure bénéficiaire du financement et mesurer l’impact social et environnemental du produit. 

Le Label Finansol est attribué pour un an renouvelable par un comité indépendant dont les membres viennent des secteurs associatif, financier, de l’investissement à impact, de l’entrepreneuriat social et des médias. 

 

Les investisseurs de l’épargne solidaire 

 

L’investissement de son épargne de manière solidaire peut se faire de manière individuelle mais aussi collective, notamment par le biais de clubs d’investisseurs.  

Par exemple, les clubs d’investisseurs pour une gestion alternative et locale de l’épargne solidaire (Cigales), créés en 1983, visent à se regrouper en tant que citoyens pour épargner et investir son argent dans un projet local d’utilité sociale

Il existe également des sociétés de capital-risque qui fonctionnent comme des clubs d’investisseurs solidaires mais à plus grande échelle. Par exemple, Garrigue est une société de capital-risque française qui investit dans des entreprises d’utilité sociale. Leur activité est d'investir en fonds propres ou quasi-fonds propres dans des entreprises à utilité sociale et environnementale, grâce à une collecte d'épargne locale sous forme de parts sociales. 

Enfin, les sociétés financières de prêt solidaire collectent l’épargne des particuliers, grâce à des livrets d’épargne et à la vente de parts sociales, et la place sous forme de prêts à des projets présentant une utilité sociale et environnementale. Par exemple en France, la coopérative bancaire La Nef finance exclusivement des projets à impact positif d’un point de vue social, écologique ou culturel.

 

Élisabeth Crépin-Leblond

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