Interview de Marlène Schiappa : on connaît les attributions du secrétariat d’État à l’ESS
Un décret publié fixe les attributions du secrétariat d’État à l’ESS et à la vie associative de Marlène Schiappa. Interview.
Les attributions de Marlène Schiappa sont fixées. Un décret publié permet de clarifier le périmètre d’intervention de la Secrétaire d’État chargée de l’Economie sociale et solidaire et de la Vie associative. Le périmètre est élargi puisque son secrétariat d’État regroupe deux précdents ministères, l’ESS et la vie associative.
Côté économique, Marlène Schiappa sera en charge du développement de l’économie sociale et solidaire. Mais elle sera également, en lien avec Bruno Le Maire, chargée du développement et de la valorisation de l’engagement des entreprises sous différentes formes (économie responsable, mécénat…). Elle sera également compétente sur l’incitation à la consommation sociale, solidaire et durable.
Côté vie associative, Marlène Schiappa s’occupera du développement de la vie associative et de l’animation des réseaux associatifs.
Nous avons interrogé Marlène Schiappa sur ces attributions.
Interview de Marlène Schiappa
- Ce secrétariat d'État s'inscrit-il dans la continuité ou en rupture par rapport au premier quinquennat ?
J’entends poursuivre et amplifier ce qui a été porté avec talent par mes predecesseures tant à l’économie sociale et solidaire (Olivia Grégoire) qu’à la vie associative (Sarah El Haïry) ! Je dirais même que c’est une continuité plus globale au service de l’ESS qui transcende les clivages politiques. J’ai reçu Christophe Itier et j’ai aussi convié Benoit Hamon. J’ai trouvé, avec ce dernier, de nombreuses convergences concernant nos visions du secteur. Sa manière d’aborder l’ESS a été précurseure et je veux m’en inspirer. Au-delà, j’ai bien sûr mon propre parcours et une sensibilité personnelle. Je la présenterai avec ma feuille de route pour laquelle j’ai beaucoup consulté, de ESS France à Impact France en passant par le Mouvement associatif, la Fondation Jean Jaurès ou le groupe SOS.
J’ai la chance d’avoir l’attention des médias, je veux en profiter pour mettre les projecteurs sur l’ESS et la faire mieux connaître.
- Pourquoi avoir réuni dans un secrétariat d’État l’ESS et la vie associative ?
L’action collective caractérise ces deux ministères. Celles et ceux qui créent des associations ou des coopératives le font car ils pensent que l’on avance mieux ensemble que seul. Ce nouveau ministère réunit toutes celles et ceux qui veulent agir au-delà du profit, qui ne sont pas motivés par l’appât du gain mais par le bienfait pour la société.
Je m’inscris évidemment dans ce collectif car j’ai été bénévole, présidente d’association et de réseau pendant dix ans. J’ai aussi été plusieurs fois entrepreneuse. Notamment récemment, puisque je travaillais à monter, en partenariat avec l’ONU, une entreprise à mission dans le champ de la performance sociale via l’égalité femmes hommes en entreprises.
- L'engagement des entreprises étant libre, quels leviers le gouvernement activera-t-il pour le développer ?
Il existe pléthore de manières de s’engager. Des vraies et des fausses d’ailleurs… J’ai écrit l’an dernier un roman qui met en scène le greenwashing d’une entreprise refusant la transparence dans ses composants. Et ce n’est pas qu’une fiction. C’est formidable que les entreprises s’interrogent sur leurs pratiques et choisissent par exemple des fournisseurs solidaires.
D’autres, en revanche, doivent passer des discours aux actes. J’adore Yves Saint Laurent mais installer la climatisation dans le désert pour un défilé, c’est une hérésie climatique ! Aujourd’hui les jeunes générations exigent une économie plus durable et elles ont raison. Elles nous bousculent dans nos petites habitudes. C’est pour cela que la consommation sociale solidaire et durable figure, en lien avec les ministres concernés, dans mon décret d’attribution. Nous pouvons également guider le choix des consommateurs.
Propos recueillis par Théo Nepipvoda