Mesure d’impact : un sommet pour passer (enfin) à la vitesse supérieure
Impact Tank a organisé ce lundi 13 février le Sommet de la Mesure d’Impact. Objectif ? Faire de la France un leader mondial de la mesure d’impact.
La mesure d’impact s’invite à l’Assemblée nationale. Le Palais Bourbon a accueilli ce lundi 13 février le premier Sommet de la Mesure d’Impact, organisé par Impact Tank, un think tank dédié à ces thématiques. Une manière de réunir le monde politique et économique pour accélérer la pratique de la mesure d’impact. « L'objectif est de bâtir ensemble les contours de l’évaluation, du reporting des entreprises », estime Tony Bernard, directeur général d’Impact Tank.
Pour la secrétaire d’État chargée de l’Économie sociale et solidaire et de la Vie associative, Marlène Schiappa, qui a ouvert le sommet, « Nous sommes dans une période de consensus sur les constats. Il faut maintenant les dépasser. Aujourd’hui, il faut mesurer l’impact. »
Faire attention au risque de bureaucratisation
Comment dès lors aller plus loin ? Natacha Valla, doyenne de l’école de management et de l’Innovation de Sciences Po, a appelé de ses souhaits une réforme de la comptabilité d’ici 2025 pour refléter ce qu’elle ne reflète pas aujourd’hui, c'est-à-dire l'impact sur l’environnement et le social. Cela ancrerait la mesure d’impact. Mais elle met en garde : « Il y a un risque important qui est celui de la bureaucratisation apportée par la mesure d’impact. Il faut être en mesure de mettre cela en ordre de marche sans que cela soit punitif. »
Même inquiétude pour Pierre-André de Chalendar, président de l’Institut de l’Entreprise et de Saint-Gobain. Il trouve lourde la directive européenne CSRD qui impose un reporting extra-financier à un certain nombre d’entreprises dès 2024. « Chez Saint-Gobain, si on nous demande des centaines de données, on va trouver cela lourd, mais on va le faire. Dans des plus petites entreprises, on va les “tuer” », met-il en garde.
Quel rôle les politiques publiques peuvent-elles jouer ?
Pascal Demurger, directeur général de la MAIF, s’est questionné sur la place que pouvaient avoir les politiques publiques pour promouvoir l’impact et sa mesure. « Je m’interroge sur le fait que les politiques publiques ne soient pas plus connectées aux impacts de l’entreprise. Est-ce normal de continuer de distribuer des aides publiques à des entreprises qui ne font rien pour limiter la pollution ? ». Il a également mis sur la table la modulation de la fiscalité selon l’impact de l’entreprise. La mesure d’impact deviendrait donc un passage indispensable pour toute entreprise devant justifier de son action.
Jean-Marc Borello, président du directoire du groupe SOS, abonde dans le même sens : « Mesurer permet d’adapter les politiques publiques. Les entreprises qui concourent à l'intérêt général ne peuvent pas être prises en compte de la même manière que celles qui concourent uniquement à l’intérêt particulier. »
Les pionniers deviennent mainstream
Dès lors, quel chemin reste-t-il à faire ? Pour Patrick de Cambourg, président de l’Autorité des Normes Comptables, « Les cercles concentriques s’élargissent et les pionniers deviennent mainstream. La question n’est plus de savoir quand nous partirons, parce que nous sommes partis en Europe. Mais plutôt quand est-ce que nous arriverons. » Il fait ici référence au cadre mis sur la table par la directrice CSRD.
Théo Nepipvoda