Nestlé Céréales implique les consommateurs dans sa politique RSE

Nestlé Céréales vient de lancer une opération avec MiiMOSA, le spécialiste du financement de la transition agricole et alimentaire. Grâce à une nouvelle plateforme en ligne, les consommateurs peuvent voter depuis le 10 octobre pour financer des projets de transition vers une agriculture biologique ou régénératrice. Une somme sera versée à chacun d’eux selon les votes. L’objectif : impliquer les consommateurs dans les actions de Nestlé Céréales en faveur d’une agriculture durable. Rencontre avec Pauline Ancian, responsable RSE de Nestlé Céréales.

• En quoi consiste l’opération montée avec Miimosa ?

Pendant deux mois, à chaque fois qu’un de nos consommateurs achète nos céréales de petit déjeuner bio Nestlé, nous reversons 20 centimes à quatre agriculteurs pour les aider dans leur conversion vers l’agriculture biologique ou régénératrice. 50 % sont répartis équitablement et 50 autres grâce au vote des consommateurs.

Les consommateurs ont accès, via la plateforme qui s’appelle « generation-regeneration », aux projets des agriculteurs. Ils peuvent découvrir leurs portraits avec des vidéos de trois minutes. Les consommateurs peuvent les encourager en votant pour eux et recevoir de leurs nouvelles.

Cette opération a pour but d’aider concrètement les agriculteurs dans leur conversion vers des pratiques agricoles plus respectueuses de l’environnement. Elle permet également de donner de la visibilité, de mettre en lumière leur métier, les raisons de leurs conversions ainsi que les difficultés.

Il s’agit de la troisième année de collaboration avec MiiMOSA sur ce type d’opération de financement. La grosse différence cette année, c’est que nous avons vraiment souhaité replacer le consommateur au centre de l’opération.

• Pourquoi vouloir redonner une forme de pouvoir au consommateur ?

Nous sommes convaincus que nous devons agir tous ensemble pour réaliser cette transition agricole et alimentaire. Cela nous paraissait très important de replacer le consommateur au centre, car il nous paraît important d’être ce lien entre ces deux mondes qui sont un peu éloignés.

Il y a une tendance qui va vers cela et c’est très bien. C’est très important de redonner du pouvoir au consommateur. 

• Comment avez-vous choisi ces quatre agriculteurs ?

Nous avons travaillé de manière très étroite avec les coopératives Oxyane et Vivescia. Nous leur avons précisé que nous souhaitions travailler avec des agriculteurs qui étaient dans cette démarche de conversion, les plus proches possibles de nos usines. Nous souhaitions également des agriculteurs prêts à se mettre en avant, à parler de leur quotidien et de leur démarche devant la caméra.

• Qu’est-ce que cela change pour ces agriculteurs ? Que vont-ils pouvoir faire avec les fonds récoltés ?

Trois agriculteurs vont s’acheter du matériel de désherbage mécanique. En tant qu’agriculteurs bio, ils ne pourront plus utiliser de produits chimiques pour désherber. Sur l'exploitation d 'un des agriculteurs, dans l’Aisne, les fonds vont contribuer à planter des haies et des bandes de plantes sauvages pour ramener de la biodiversité autour de son exploitation et la protéger des vents. 

• Quelles sont les autres actions que vous mettez en place pour développer l’agriculture biologique et durable ?

Nous avons une démarche nommée Préférence. Elle a été initiée en 2016. La démarche vise à accompagner des agriculteurs implantés à moins de 300 kilomètres de nos deux usines dans la mise en place de pratiques agricoles plus respectueuses des sols, de l’eau et de la biodiversité. Ces agriculteurs mettent en place ces pratiques et en contrepartie, nous les rémunérons au-dessus du cours du marché. Cela représente une prime d'environ 1 400 euros par an et par agriculteur. 

En 2016, neuf agriculteurs faisaient partie de ce programme. Ils sont aujourd’hui 129 et couvrent 100 % de nos besoins en blé complet. 

Dès 2020, nous avons pris l’engagement de développer une filière d’approvisionnement en blé bio local autour de notre usine de Rumilly avec un objectif d’atteindre 100 % de nos besoins en blé bio couverts d’ici 2025.

• Quel est l’intérêt de Nestlé d’accompagner ces agriculteurs ?

C’est notre rôle, en tant qu'industriel, d'aider cette transition agricole vers du plus durable. Cela nous permet d’assurer un blé 100 % français à nos consommateurs, et ainsi de répondre à leurs attentes en produits de plus en plus locaux et durables. 

• Nestlé Céréales commercialise des céréales bio depuis 2018. En tant qu’acteur du bio, comment appréhendez-vous la stagnation du marché ? Quels sont les leviers pour le soutenir ?

Il y a un vrai besoin d’apporter des éléments supplémentaires de réassurance au bio, avec trois éléments. Le premier est la nutrition. C’est important de proposer des produits bio, mais également meilleurs nutritionnellement. Il est également très important que le bio soit local. C’est justement ce que l’on cherche à valoriser en produisant nos céréales bio dans notre usine française et en mettant en place notre filière d’approvisionnement en blé bio français d’ici 2025. Le troisième est la nécessité de recommuniquer sur le bio, car il y a une concurrence de plein d’autres labels lancés. 

• En tant que gros acteur du secteur, pouvez-vous jouer sur le levier du prix du bio ?

Le prix du blé bio est supérieur au prix du blé conventionnel. Cela permet de compenser les difficultés de ces agriculteurs. 

• Quels sont vos objectifs pour vos produits bios ?

Nos céréales bio représentent à peu près 10 % de nos ventes. C’est très important quand on compare au marché des produits de grande consommation. Nous sommes au-dessus de cette moyenne et nous souhaitons continuer ainsi.

• Comment vous êtes-vous emparés de la question nutritionnelle ?

C’est un engagement pris très tôt, dès 2003. Entre 2005 et 2022, nous avons réduit nos taux de sucre de 34 % en moyenne et de sel de 55 %. 

Nous avons également augmenté la part de céréales complètes dans nos produits. Ce qui est une source importante de fibres. Aujourd’hui, le blé complet est l’ingrédient numéro un de nos petits déjeuners. 96 % de nos ventes sont effectuées sur des produits notés A, B, C par le Nutri-Score.

Propos recueillis par Théo Nepipvoda