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Par Carenews PRO - Publié le 28 avril 2021 - 16:00 - Mise à jour le 26 novembre 2021 - 14:26 - Ecrit par : Lisa Domergue
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MiiMOSA : la plateforme de financement participatif pour soutenir le monde agricole

MiiMOSA, plateforme de financement dédiée à l’agriculture et à l’alimentation, a permis de financer 4 000 projets pour un montant total de 50 millions d’euros depuis sa création.

Crédit photo. sarayut.
Crédit photo. sarayut.

 

Si la pandémie du Covid-19 est à l’origine d’une crise multiforme dont les conséquences se laissent quotidiennement observées, elle a cependant était révélatrice, pour beaucoup de Français, des enjeux environnementaux, sociaux et économiques de notre époque et notamment de l’importance d’une agriculture et d’une alimentation durables. 

Une prise de conscience attestée par le « second baromètre de la transition alimentaire » réalisé par Opinion Way pour Max Havelaar publiée en novembre 2020. Il nous apprend, entre autres, que pour 73 % des Français, la crise leur a donné envie de consommer responsable. Autre enseignement : pour plus de la moitié (57 %), la première motivation de changer leur consommation est de soutenir les producteurs. Un changement de paradigme dont Florian Breton, fondateur de MiiMOSA, une plateforme de financement participatif dédiée à l’agriculture, a été témoin : 

Avec le confinement, tout le monde s’est reconnecté à l’alimentation, les gens ont pris conscience que la souveraineté alimentaire est importante et qu’après le personnel médical, la première armée dernière nous, ce sont nos agriculteurs. 

Une révolution du financement du secteur

Petit-fils de viticulteur, Florian Breton a, « par ses racines », grandi « avec cette admiration et cette sensibilité pour le monde agricole ». C’est en 2014, après une école de commerce et un début de carrière dans des grands groupes, qu’il quitte tout pour lancer MiiMOSA en réponse à un simple constat : l’agriculture est en train de vivre une triple transition sociale, économique et environnementale. Mais, elle souffre de l’absence d’une transversale primordiale, le financement de cette transition qui a « cette grande particularité de regrouper en son sein à peu près toutes les grandes problématiques et enjeux du 21e siècle ».

La plateforme propose par conséquent aux producteurs une alternative au système bancaire classique en permettant aux citoyens et aux entreprises d’investir directement, sans intermédiaires, dans des projets agricoles. Une manière de se réapproprier le financement de ce secteur et, de facto, l’alimentation.

4 000 projets soutenus

Il existe pour les citoyens, et depuis peu pour les entreprises, deux manières de financer un projet : le don avec contrepartie, « un modèle de crowdfunding classique » ou le prêt rémunéré. 90 % des projets accompagnés reposent sur le don financier – et les contreparties –. « Huit fois sur dix, ce sont de petites collectes de fonds, entre 5 000 et 15 000 euros », précise néanmoins le petit-fils de viticulteur. Avec 7 % des dossiers sélectionnés, le financement des projets par le crédit est plus rare, mais fait appel à une collecte de fonds beaucoup plus importante. L’emprunt moyen est ainsi de 300 000 euros avec un taux d’intérêt moyen de 4 %. 

En six ans, ce sont plus de 4 000 projets qui ont pu être financés à hauteur de 50 millions d’euros, dont 20 millions en 2020, et ce, malgré la crise comme le démontre Florian Breton : 

Ces chiffres montrent que l’on répond pour partie aux attentes et aux besoins des agriculteurs, des exploitations agricoles et des entreprises agroalimentaires avec une solution qui est simple : une prise de décision entre deux et cinq jours, rapide quel que soit le montant levé, la somme argent est versé entre cinq et dix jours alors que les banques peuvent mettre jusqu’à 4 mois et flexible. 

Et si les Français plaçaient 1 % de leur épargne dans des projets à vocation sociale et/ou environnementale ? 

5 000 milliards d’euros. C’est le montant total de l’épargne des Français, soit deux fois plus que le PIB du pays. Pourtant, seulement 0,29 % de ce capital est investi dans des projets à impact social et environnemental. Alors, où vont les 99,71 % ? Il n’est pas toujours facile de le savoir. Cependant, selon le rapport « Banques : des engagements climat à prendre au 4e degré », publié par Oxfam France en octobre 2020, 70 % de ces liquidités réinvesties dans les énergies le sont, par exemple, dans les énergies fossiles.

C’est partant de ce constat que MiiMOSA a impulsé le mouvement « Objectif 1 % ». Le concept ? Sensibiliser les citoyens et atteindre l’objectif de 1 % de l’épargne total des Français fléché vers des projets à vocation environnementale ou sociale. « On arriverait à peu près à 50 milliards d’euros chaque année, soit la moitié du plan de relance français qui est à 100 milliards », atteste Florian Breton.

Où placer son argent de façon solidaire et responsable ? Découvrez l’article Carenews dédié.

Accompagner une agriculture en transition

Si MiiMOSA porte une attention particulière à ce que les projets sélectionnés soient en lien avec une agriculture et une alimentation durables, elle est cependant pragmatique et sait qu’accompagner un secteur en transition nécessite une certaine flexibilité : « On n’est pas idéologique, on ne dit pas “c’est l’agriculture bio, point barre” ». 

Pour ce faire, une « charte d’engagement à améliorer ses pratiques » atteste des bonnes pratiques des porteurs de projets. Un engagement certes déclaratif, mais qui reste fort à l’ère d’Internet où tout est facilement vérifiable. Les projets faisant appel au prêt rémunéré répondent cependant à davantage d’exigences. Plusieurs indicateurs, qui établiront un scoring final, prennent non seulement en compte des indicateurs financiers, mais aussi d’impacts tels que les hectares préservés, la réduction des émissions de gaz à effets de serre ou encore l’entretien et la régénération des sols : « Tout ceci permet de “scorer” les projets et, à la fin, dégrader le taux ou l’améliorer au gré de la partie climat et environnement. »

1 porteur.se de projet sur 2 est une femme

MiiMOSA observe une légère surreprésentation des femmes bénéficiaires du programme, en comparaison avec un secteur agricole où seulement un.e exploitant.e sur quatre est une femme comme l’explique le fondateur de la plateforme : « Cela montre à quel point les femmes sont plus innovantes, plus orientées vers des solutions d’avenir, plus diversifiées comparé aux hommes, parfois touchés par le poids de la tradition historique, la transmission de l’installation et du renouvellement des générations dans les mêmes schémas qu’avant. » En revanche, ce constat peut également s’expliquer par le besoin, pour les femmes, encore minoritaires et peut-être marginalisées dans ce secteur, de se tourner vers d’autres sources de financement que le modèle classique.

Autre preuve que MiiMOSA a su rassembler l’ensemble du secteur agricole : la mixité intergénérationnelle. Il y a, en moyenne, autant d’exploitant.e.s de moins de 40 ans que de plus de 40 ans. Un équilibre qui varie légèrement pour les projets faisant appel au crédit, mais qui crédibilise l’action de la plateforme comme nous l’illustre Florian Breton : 

Aux débuts de MiiMOSA, on a pu nous coller assez vite l’étiquette d’une agriculture un peu « bobo et néo », mélangeant le jardinage et la permaculture et pas celle de la « grande » agriculture qui nous nourrit. Depuis qu’on propose le crédit, la plateforme s’est institutionnalisée. Elle attire les grandes exploitations, les anciens, les traditionnels et les personnes de 50 ans qui sont historiquement plutôt bien biberonnées par la PAC et le Crédit Agricole.

Récemment, l’entreprise a levé 7,5 millions d’euros. L’objectif ? Accompagner sa croissance et généraliser son impact. 

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Lisa Domergue  

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