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Par Carenews INFO - Publié le 29 janvier 2020 - 14:00 - Mise à jour le 29 janvier 2020 - 14:53
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5 initiatives pour l'esprit critique

Pour encourager et défendre l’esprit critique des enfants et des adolescents, des associations créent des contenus qui leur sont adaptés et les encouragent à développer leurs propres réflexions. Ces initiatives sont extraites du Carenews Journal n° 14.

Crédit photo : Coexister.
Crédit photo : Coexister.

Fake news, désinformation, théories du complots… À l’heure des réseaux sociaux et de l’information instantanée, il est de plus en plus difficile de démêler le vrai du faux et d’analyser la société et ses transformations avec suffisamment de recul. C’est pourquoi apprendre à développer un esprit critique avec lequel questionner le monde est devenu d’autant plus important. Heureusement, certaines associations se sont emparées du problème et aident la jeunesse à acquérir les outils et les réflexes nécessaires à la construction d’une pensée critique

Jets d’encre, une association pour la presse des jeunes

Créée en 2004 à Paris, l’association Jets d’encre promeut et protège la presse créée par des jeunes. Animée et dirigée par des jeunes de 16 à 25 ans, elle défend leur liberté d’expression, qu’elle s’exprime dans le cadre scolaire et universitaire ou dans les conseils d’enfants et de jeunes, les maisons de quartier ou les associations. Les jeunes journalistes de France bénéficient via Jets d’encre de conseils, d’aides et de services adaptés aux pressions dont ils et elles peuvent être victimes. 

En parallèle, l’association mène une réflexion déontologique autour de la « Charte des journalistes jeunes » et de la Carte de presse jeune qu'elle édite. Expresso, le festival national de la presse jeune, et Kaleïdo'scoop, le concours national de la presse jeune, leur permettent de mettre en lumière et de récompenser les journaux réalisés par ces journalistes en herbe. L’association bénéficie du soutien du ministère de lʼEnseignement supérieur, de la Recherche et de lʼInnovation, ainsi que du Fonds pour le Développement de la Vie Associative. 

Association pour la science et la transmission de l’esprit critique

L’Association pour la Science et la Transmission de l'Esprit Critique (ASTEC) a été créée en 2016 à Nancy pour soutenir la chaîne Youtube la Tronche en Biais, lancée deux ans plus tôt. L’écrivain et scientifique Thomas C. Durand et le musicologue Vled Tapas y vulgarisent en vidéo des concepts issus des sciences psychologiques et de l’épistémologie. Une initiative qui a séduit 174 000 abonné·e·s, et remporté le Prix Diderot 2016 décerné par l'Association des musées et centres pour le développement de la culture scientifique, technique et industrielle. 

L’association ASTEC vise plus largement à promouvoir l'esprit critique auprès de tous les publics. Un documentaire, intitulé « Les Lois de l'Attraction Mentale », et un jeu de carte, le « Concours de Mauvaise Foi », ont donc été réalisés en plus de la chaîne Youtube originelle. L’association propose également des formations à l’esprit critique pour tous les âges, qui lui permettent d’équilibrer son budget. Le reste des fonds viennent de la Métropole du Grand Nancy, de la monétisation des vidéos de la Tronche en Biais ainsi que des dons des particuliers.

Entre les lignes, l’esprit critique face aux flux d’information

« Il n’y a jamais eu autant de médias, et pourtant, il n’a jamais été aussi difficile de s’informer. » Ce constat a poussé la journaliste de l’Agence France Presse Sandra Laffont à co-fonder en 2010 l’association d’éducation aux médias Entre les Lignes. L’association nationale, aujourd’hui composée d’une centaine de journalistes et de photographes bénévoles de l’AFP et du Monde, intervient dans les établissements scolaires  pour sensibiliser les jeunes à la construction de l’information. Une manière de lutter contre la désinformation et éventuellement prévenir la radicalisation. 

En ateliers, les journalistes d’Entre les lignes abordent avec les jeunes la différence entre information et communication, travaillent la hiérarchie de l’information, la notion de source sur les réseaux sociaux, la capacité de synthèse… « L’objectif, explique Sandra Lafont, dans une vidéo de présentation de l’association, c’est d’échanger avec les jeunes et de libérer la parole. On n’est pas là pour dire au jeune ce qu’il doit penser, mais l’aider à penser par lui-même, susciter son esprit critique. » Depuis 2016, 1 000 jeunes, âgés de 10 à 20 ans, ont déjà bénéficié de ces ateliers.

Enquête, aborder avec les enfants la laïcité et les faits religieux 

Aborder la laïcité et les faits religieux avec les enfants sur le terrain de la connaissance et non des croyances, c’est l’objectif de l’association Enquête, fondée en 2010 par Marine Quenin. « Ce sont les questions de ma fille qui m’ont poussée à créer l’association, explique-t-elle. Ses commentaires en rentrant de l’école témoignaient d’une vraie méconnaissance sur ces sujets. Je suis allée creuser les programmes, il y a avait un manque à combler en terme de pédagogie et d’outils. »  Elle s’entoure alors d’acteurs divers et complémentaires - scolaires, universitaires, issus de la société civile…- afin de développer des formats d’ateliers innovants destinés aux classes de CM1-CM2, « un âge prioritaire qui permet  de commencer à développer un esprit critique ». 

Dans les ateliers, les animateurs de l’association passent par le jeu pour permettre aux enfants d’exprimer les questions qu’ils se posent au quotidien sur ces thèmes. « Il ne s’agit pas de promouvoir ou d’attaquer les religions, juste de les comprendre. Faire la différence entre croire et savoir, sans hiérarchiser ou opposer. On tente d’expliquer la pluralité des convictions et la diversité interne à chaque religion. Et en parlant des faits religieux, on rentre dans le thème de la laïcité de manière positive, notamment par ce qu’elle garantit en terme de droits. Ce sont des sujets que les enfants adorent mais qu’ils abordent peu car aujourd’hui cela peut être anxiogène. » 

Citoyenneté possible, tenir sa posture éducative face à une parole intolérante

Comment réagir au travail face à une parole intolérante ? Pour répondre aux nombreuses situations rencontrées par les professionnels des structures socio-éducatives, l’association Citoyenneté possible, créée en 2006, propose des formations innovantes pour travailler la posture de l’adulte face à une parole raciste, antisémite, sexiste, homophobe ou complotiste. « Les situations d’intolérance sont de plus en plus présentes dans notre société, souligne Souâd Belhaddad, fondatrice de l’association. Et les acteurs socio-éducatifs ont plus que jamais un rôle social, ils travaillent dans des lieux – école, bibliothèque, centre social – où se pose cette question : comment vivre ensemble ? Mais ils se retrouvent parfois bien seuls et incapables de réagir face à certaines situations. »

Citoyenneté Possible propose des formations de trois jours qui allient modules pratiques et théoriques. Les participants, issus de différentes structures, échangent sur des situations de violence vécues au travail puis rejouent la scène en groupe, un outil inspiré du théâtre forum. Ils interrogent aussi leurs propres préjugés dans des temps de développement personnel et profitent de nombreux apports théoriques (techniques de reformulation face à des thèses complotistes, histoire du mouvement antiraciste…), pour pouvoir poursuivre le dialogue : « Il faut pouvoir accueillir cette parole pour éviter qu’il y ait une rupture avec le jeune ou l’adulte que l’on a en face, insiste Souâd Belhaddad. Mais il est important de se préserver en tant que professionnel pour pouvoir être à l’écoute et réussir à tenir sa posture éducative. »

 

Retrouvez le Carenews Journal n°14 en intégralité

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