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Par Carenews INFO - Publié le 4 mai 2020 - 16:00 - Mise à jour le 19 novembre 2020 - 17:43
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#PrenezSoinDeVous : le confinement de Nils Pedersen

La crise sanitaire liée à la pandémie du Covid-19 (coronavirus) nous oblige tous à rester confinés afin de protéger les plus fragiles et notre système de soin. Le média est vecteur d’informations, mais aussi créateur de lien. Aussi, chez Carenews, nous lançons une série de discussions quotidiennes entre confinés. « Prenez soin de vous » crée une rencontre engagée et permet une aération virtuelle. Aujourd’hui, on se rend chez Nils Pedersen, président de la Fonda.

#PrenezSoinDeVous : le confinement de Nils Pedersen
#PrenezSoinDeVous : le confinement de Nils Pedersen
  • À quoi ressemble votre confinement ? 

Je fais partie des 12 % des Français confinés dans un appartement dépourvu de balcon, terrasse ou jardin privatif. Comme je donne sur rue, je profite de la (très relative) activité parisienne extérieure.

Mais honnêtement, même si ça n’est pas une période idéale, tous nos besoins primaires sont pourvus, donc cela fait relativiser ce confinement. Cela permet de travailler tous les jours de la semaine et comme la charge d’activité est toujours intense à cette période de l’année, je n’ai pas du tout le temps de m’ennuyer. Les liens avec l’équipe de la Fonda sont quasi quotidiens. On poursuit nos activités comme la rédaction d’articles pour la Tribune Fonda ou la préparation de notre Université (qui n’aura plus lieu en juin, mais sans doute septembre). On travaille également nos scénarios de prospectives pour le monde d’après.

  • Qu'est-ce que vous faites pour vous changer les idées ?

Deezer en boucle dès la journée terminée : la musique permet de s’évader. Quelques films sur Netflix le week-end, et reprendre le temps de lire. On retrouve les plaisirs simples de la vie. Un peu de sport tôt le matin pour garder un semblant d’activité physique. Et je profite encore plus des amis quand ils passent inopinément sous mes fenêtres. J’essaye de m’imaginer dans les rues de Rome dans un film de Fellini.

  • Un conseil pour prendre bien soin de soi ?

On peut être tenté de travailler non-stop en se disant que l’on met ce temps à profit pour avancer tous les dossiers. Mais c’est une mauvaise idée. Outre un temps d’écran largement supérieur à la normale en cette période, il est important de couper, même symboliquement. En temps normal, je déteste la routine, mais actuellement, elle permet de rythmer la journée et de veiller à la séparation temps de travail / vie personnelle (relative). Et prendre le temps de ranger chez soi est aussi une façon de couper, de mettre de l’ordre, en plus des « loisirs ».

  • Une lecture / un film / une série / un podcast / un compte à suivre / une musique/ qui vous a redonné le sourire ? Ou plusieurs ! 

Plein de conseils de lecture !

- J’en ai parlé récemment : Vers une philanthropie stratégique, car c’est un secteur en pleine structuration. Un livre pour stimuler la réflexion.

- New Power de Jeremy Heimans et Henry Timms : comment dans un monde hyperconnecté, les citoyens trouvent un nouveau pouvoir ? Plutôt d’actualité !

La musique et l’ineffable de Jankélévitch, car il faut conserver un peu de mystère, de métaphysique et de beauté en cette période !

Le Monde d’hier de Stefan Zweig où comment une civilisation pleine d’avenir s’est effondrée suite à à deux guerres mondiales. Des réflexions sur ce qui nous attend post Covid-19…

Deux excellentes fictions radiophoniques sur France Culture. C’est une excellente alternative à Netflix !

Projet Orloff : une série d'espionnage qui démarre en mai 1981 (digne de la série The Americans)

57 rue de Varenne : un feuilleton radiophonique trépidant au cœur de Matignon.

Et dans les petites pépites du moment du moment, un morceau interprété par Le Consort et Jakub Józef Orliński qui remplace Jaroussky comme nouvelle coqueluche ! J’ai aussi craqué pour Laake ou Yaël Naim.

Plutôt un film coup-de-poing : Sur ma peau. Un film inspiré d’un fait réel sur la violence du système judiciaire italien (mais qui concerne sans l’ombre d’un doute d’autres pays…). 

  • Une idée pour continuer à s'engager depuis son canapé ?

Les idées ne manquent pas : la réserve civique qui propose cinq missions vitales (ok, il faut se bouger un peu du canapé, mais on ne peut pas y rester non plus toute la journée), devenir mentor auprès d’une jeune pour prévenir la rupture pédagogique, financer les acteurs associatifs de terrain accompagnés par La France s’engage ou l’initiative #20h05 Je Donne.

  • Une bonne nouvelle repérée pendant cette crise (et qui serait passée sous les radars)?

Quand on mesure que 65 % des associations sont à l’arrêt, voir l’engagement des celles et ceux impliqués auprès de plus démunis se poursuivre force le respect. Presque tous les jours, depuis ma fenêtre, je vois des équipes de la Croix-Rouge se rendre au chevet des SDF dans le square d’en face. Sur mon Facebook, je vois de nombreux amis mobilisés pour venir en aide : au sein d’association, auprès de leurs voisins pour apporter les courses, pour produire des masques... La solidarité et l’altérité n’ont pas faibli. 

On se fait sermonner tous les jours comme des gamins sur notre supposé manque de capacité à respecter le vivre ensemble. Le décalage du discours politique français et allemand est sidérant : un président parle de guerre, quand l’autre parle d’un test d’humanité. Le pouvoir vertical ne fonctionne plus ! 

Il faut l’admettre et accompagner de nouvelles pratiques démocratiques. Car cette humanité et cette solidarité, elles sont bien au rendez-vous comme en témoignent d’ailleurs toutes les initiatives locales recensées par le Carrefour des innovations sociales. En sortant de cette crise, chacun prendra encore plus conscience de la puissance d’action du tissu associatif !

  • Une proposition pour changer le monde après le confinement ? Et pour construire le jour d'après. 

Déjà, pour ne pas dire des bêtises, je renvoie vers le compte Twitter @Actuel Moyen Âge qui effectue un parallèle entre Covid-19 et la peste noire. Le nombre d’inepties que l’on peut lire ou entendre, de la bouche même de certains éditorialistes, est assez hallucinant. Ensuite, il est évident que l’on ne pourra pas continuer à se comporter comme avant. 

Je suis horrifié par les propositions de certains représentants du patronat qui consistent à dire : travaillons plus, mettons entre parenthèses le Code du travail et abolissons toutes les lois et mesures qui préservent l’environnement, car elles nuisent au business. Quelle hérésie ! Et quelle erreur monumentale ! Nos élites économiques sont à côté de la plaque. 

Il y a une fracture monumentale entre une organisation patronale qui ne comprend pas les évolutions majeures de la société et cette dernière qui a pleinement intégré qu’on ne peut plus opposer crise sociale et environnementale. Là aussi, les initiatives fourmillent, tant en France qu’en Europe, pour construire demain. 

Je pense aux propositions de Social Economy Europe ou encore de celles émanant du Pacte du Pouvoir de vivre dont la Fonda est signataire. Demain ne se fera pas sans les citoyens et les acteurs associatifs. Il n'y a là rien d’utopique. La crise des Gilets Jaunes a donné naissance à la convention citoyenne sur le climat. Comme quoi, on peut pleinement associer les citoyens aux décisions politiques. 

Demain, faisons pleinement confiance à la démocratie contributive ! Et amplifions cette dynamique : les 22 millions de bénévoles ont des milliers d’idées pour construire demain, car ils sont pleinement ancrés dans leurs territoires ! La Fonda poursuit ainsi son travail prospectif et a lancé une vaste consultation auprès des acteurs associatifs. Il va falloir de longs mois pour redresser notre pays. Autant préparer ce monde d’après, dans une vision stratégique et de long terme, qui donne pleinement sa place à l’ESS. Investissons dans les actions du care et de la résilience : la santé, l’enseignement, la transition écologique… 

Le Green New Deal est un cadre idéal pour que la France et l’Europe se positionnent à l’avant-poste d’une nouvelle économie. Donnons les moyens à chacun de vivre dignement par des mesures dignes de ce nom (je pense évidemment au revenu universel). Et sortons d’une logique purement comptable pour prendre en compte la création de valeurs qui intègre les chaînes de valeurs des actions collectives.

 


Suivez Nils Pedersen sur Twitter et Linkedin.

Le site de la Fonda : https://fonda.asso.fr/

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