Solidarité post-Covid-19 : les trois grands constats de la crise
Alors que les Français·es se déconfinent progressivement et évaluent les conséquences à venir de la crise sanitaire, la fondation Apprentis d’Auteuil a publié ce 4 juin les résultats de son enquête « La solidarité à l’épreuve du coronavirus ». Menée par IPSOS, elle s’intéresse à la générosité des Français·es pendant le confinement ainsi qu’à leur vision du « monde d’après ». En voici les trois grandes conclusions.
Des Français·es solidaires, mais pas de hausse du nombre de donateurs
Premier constat de l’enquête d’Apprentis d’Auteuil menée par l’institut de sondage IPSOS, la solidarité des Français·se a pris de nombreuses formes pendant le confinement. Le don financier n’est toutefois pas la première manifestation de cet élan de générosité. En effet, 52 % des Français·se ont pris plus souvent des nouvelles de personnes isolées de leur entourage, près de la moitié de la population a remercié les caissiers et caissières pour leur travail, et près d’un tiers (33 %) a rendu service à ses voisins. En revanche, seul·e·s 10 % des Français·se ont fait un don aux associations ou à des cagnottes en ligne.
De fait, la proportion de Français·se ayant déjà donné ou comptant donner en 2020 est exactement la même qu’en 2019, soit 51%. Et une majorité des donatrices et donateurs de l’année dernière (52 %) pense donner le même montant en 2020. « Cette stabilité s’explique par la crainte à l’égard de l’avenir économique, qui tempère l’élan de générosité observé », analyse Apprentis d’Auteuil.
La générosité des plus aisés s'accroît
Les hauts revenus, de plus en plus solidaires ? Les résultats de l’enquête « La solidarité à l’épreuve du coronavirus » confirment la tendance de dons s’exprimant depuis quelques années, comme Stéphane Dauge, directeur de la communication et de la collecte d’Apprentis d’Auteuil, l’a souligné lors d’une conférence de presse. La part des donateurs parmi les hauts revenus (soit dont le revenu annuel net du foyer est supérieur à 120 000 euros) progresse ainsi en 2020 : ils sont désormais 82 % à envisager de donner (contre 77 % en 2019).
« Pour ces Français les plus aisés, la crise sanitaire et la conscience de la violence de son impact économique et social ont (...) agi comme de véritables révélateurs », observe Apprentis d’Auteuil. Près d’un tiers des plus aisé·e·s (32 %) a ainsi donné lors de la crise sanitaire, soit trois fois plus que la moyenne des Français·es.
Les Français·es dubitatifs·ves sur la solidarité du « monde d’après »
C’est le grand paradoxe des résultats de l’enquête d’Apprentis d’Auteuil : si 65 % des Français·es déclarent que la crise et ses conséquences leur ont donné envie d’être plus solidaires des autres, seulement 28 % de la population croit que le « monde d’après » sera plus solidaire. Un constat qui diffère toutefois nettement parmi les hauts revenus, qui sont encore plus nombreux à vouloir être davantage solidaires (75 %), et dont quasiment la moitié se dit optimiste sur la solidarité de la société post-coronavirus.
De fait, toutes les cartes de la générosité n’ont pas encore été mises sur la table pour Stéphane Dauge :
On constate que l’information concernant la hausse du plafond de déduction des dons aux associations permettant de bénéficier d’une réduction de 75% sur son impôt sur le revenu n’est pas convenablement parvenue jusqu’aux Français, or nous mettons beaucoup d’espoir dans cette mesure. Nous espérons qu’elle pourra les inciter à faire des dons plus importants.
Mélissa Perraudeau