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Par Carenews INFO - Publié le 14 avril 2020 - 16:00 - Mise à jour le 14 avril 2020 - 16:00
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[TÉMOIGNAGE] « Médecin et réfugié, je suis volontaire pour lutter contre le coronavirus »

Arrivé en France il y a quatre ans après avoir fui les persécutions en Libye, le Dr. Mohamed Saleh est chirurgien de profession. Mais alors que les soignants sont épuisés dans les hôpitaux, il reste confiné à Limoges, frustré de ne pouvoir exercer sa profession. 

Crédit photo : Mohamed Saleh.
Crédit photo : Mohamed Saleh.

J’ai fui la Libye après avoir été emprisonné pendant deux ans et deux mois par des milices qui m’accusaient d’être pro-Kadhafi. Pourtant, je ne faisais que mon métier de chirurgien : celui de soigner tout le monde, sans considération de religion et d’opinion politique. Depuis Sabratah, sur la côte, j’ai payé un passeur et décidé de traverser la Méditerranée en espérant atteindre la France, le pays des droits de l’Homme. J’ai embarqué sur un petit bateau, avec 65 personnes à bord. À ce moment-là, j’ai récité toutes les prières du monde pour arriver en vie… Au bout de quatre heures, ce sont les garde-côtes italiens qui nous ont accostés et amenés en Sicile. S’en est suivi un long périple, de Milan à Vintimille, pour arriver en France en décembre 2016.

Un statut de réfugié obtenu en 2018

J’ai fait des démarches pour obtenir le statut de réfugié, que j’ai obtenu en janvier 2018. Je l’ai reçu par la Poste, sans beaucoup d’explications. J’étais alors en règle sur le territoire national, mais un peu perdu. Comment trouver du travail ? J'ai contacté l’Association d'Accueil aux Médecins et Personnels de Santé Réfugiés en France (APSR) en mars 2019 pour obtenir de l'aide dans ma recherche. Ils m'ont conseillé d'améliorer mon niveau de français, de passer la procédure d'autorisation d'exercice (PAE) pour être titularisé, et de contacter des hôpitaux par mes propres moyens pour postuler comme praticien attaché associé. 

Mais je suis découragé par la complexité des démarches. J’ai contacté des dizaines d'hôpitaux, à Tulle, Nantes, Saint-Nazaire… Tous m’ont opposé un refus : soit parce qu’ils n’avaient « pas de poste vacant » ou parce que je ne « remplissais pas les conditions pour être recruté dans un centre hospitalier comme médecin ». Seul le Centre Hospitalier Intercommunal Elbeuf (Seine Maritime) m’a accepté pour un stage d’observation de deux semaines en chirurgie orthopédique.

Une réflexion nationale dans le cadre du coronavirus

Dès le début de la pandémie de Covid-19, j’ai contacté l’Agence régionale de santé (ARS) d'Île-de-France pour leur proposer mon aide dans la lutte contre le coronavirus. Sans succès : on m’a indiqué qu’une réflexion était en cours « au niveau national » afin de voir sous quel statut il serait possible de me mobiliser. J’ai monté un dossier cette année pour m'inscrire en diplôme de Formation Médicale Spécialisée de Chirurgie Viscérale et Digestive à Strasbourg, afin d’accéder à un poste de Faisant Fonction d’Interne (FFI). Il y a énormément de candidatures de médecins étranger pour un nombre de postes limité, je n'ai donc aucune garantie d'obtenir un poste malgré mon statut de réfugié. De plus, la crise sanitaire entraîne une modification de la procédure et des délais de réponse habituels. 

En attendant, je suis confiné à Limoges et je me sens très frustré de ne pouvoir travailler auprès du corps médical. Je suis reconnaissant que la France m’ait donné des papiers pour que je puisse rester sur son sol, mais j'ai 39 ans et ma vie professionnelle est détruite. À quoi bon être en règle pour vivre des aides sociales ? Je ne demande qu’une chose : travailler et payer mes impôts comme tout le monde.

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