Au Fnaf, le secteur associatif continue de tirer la sonnette d’alarme
Dans un contexte de hausse des besoins sociaux, les associations sont menacées par la baisse des financements publics qui leur sont accordés, ont alerté Claire Thoury (Mouvement associatif), Benoît Hamon (ESS France) et Axelle Davezac (Fondation de France) en ouverture de la 19e édition du Forum national des associations et fondations (Fnaf), qui s’est tenu le 13 novembre à Paris.
« Entre le 1er janvier et le 1er octobre de cette année, on a enregistré 500 liquidations d’associations, soit deux fois plus qu’en 2022 », alerte Claire Thoury, la présidente du Mouvement associatif. Elle s’exprime dans le cadre d’une table ronde consacrée à la situation des acteurs de l’économie sociale et solidaire (ESS), en ouverture du Forum national des associations et fondations (Fnaf), le 13 novembre, aux côtés d’Axelle Davezac, directrice générale de la Fondation de France, et de Benoît Hamon, président d’ESS France.
« Une association employeuse sur deux a vu ses subventions diminuer, ajoute-elle. 5 % des associations employeuses n’ont aucune trésorerie. Entre la fin 2023 et la fin 2024, les associations ont perdu 1,7 milliard d’euros de subventions publiques et le projet de loi de finances pour 2026 prévoit encore de les réduire d’un milliard d’euros. »
« A-t-on envie de cette société-là ? »
Les associations représentent 1,9 million d’emplois, rappelle-t-elle, et nombre de ces emplois sont menacés dans ce contexte. « A-t-on envie de laisse le tissu associatif s’affaiblir, et a-ton envie de cette société-là ? », interroge-t-elle. « Nous en tout cas, nous n’en avons pas envie, et c’est pour le dire que les associations se sont mobilisées le 11 octobre dernier. »
Axelle Davezac souligne quant à elle le « décalage » entre les propos de la ministre de la vie associative, Marina Ferrari, qui s’est exprimée juste avant la table ronde et a souligné le rôle essentiel des associations au service de l’intérêt général, et la manière dont le secteur associatif est traité. « Nous sommes un pilier de la démocratie, et pourtant nous sommes toujours la dernière roue du carrosse », regrette-t-elle.
« Nous ne pouvons pas nous contenter d’être payés dans une monnaie complémentaire qui s’appellerait le bla-bla », abonde Benoît Hamon. « Il faut que les pouvoirs publics arrêtent de s’en remettre au bénévolat ou à la générosité du privé pour justifier qu’ils se désengagent du financement de missions assurées par les associations qui relèvent de l’intérêt général », insiste le président d’ESS France.
« La philanthropie ne pourra pas compenser le désengagement des pouvoirs publics »
De même Axelle Davezac rappelle que la philanthropie s’est beaucoup développée ces dix dernières années, avec une augmentation de 30 % du nombre de fondations et fonds de dotation. Mais elle alerte sur le fait que « les pouvoirs publics doivent rester les garants de l’intérêt général », et ne doivent « à aucun moment se défausser » sur les acteurs de la philanthropie. « De toute façon, en termes de volumes financiers, nous ne pourrons absolument pas compenser le désengagement public », prévient-elle.
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« On nous demande de diversifier nos sources de financement, mais de fait nos financements sont déjà hybrides », rappelle Claire Thoury. Selon la 4e édition de l'ouvrage Le Paysage associatif français, en effet, en 2020, les subventions publiques représentaient 20 % des ressources des associations, la commande publique 29 %, les dons et mécénat 5 %, le reste étant constitué des adhésions ou de la participation des usagers.
« Si les associations sont en souffrance aujourd’hui, souligne Claire Thoury, c’est parce que les financements publics se réduisent, mais aussi parce que les besoins sociaux augmentent ». « Dans ce contexte où les besoins sont de plus en plus importants, nous ne pouvons pas accepter que les budgets publics continuent à baisser, et nous devons le dire collectivement », insiste-t-elle.
Vers un nouveau système de financement de l’intérêt général ?
Pour tenter de résoudre l’équation, le Mouvement associatif mène un travail pour imaginer un nouveau système de financement public de l’intérêt général, qu’il présentera le 30 janvier 2026 lors de son événement « Droit de cité ».
Benoit Hamon, quant à lui, salue l’élaboration en cours d’une stratégie nationale de l’ESS, qui devrait aboutir dans les prochains mois. Toutefois « une stratégie de développement de l’ESS sans budget associé, c’est comme un jardin sans eau : les chances que ça pousse sont réduites », ironise-t-il.
Il rappelle que la France compte près de 10 millions de personnes considérées comme pauvres. « Sans le soutien des associations, toutes ces personnes perdraient leur dignité », considère-t-il.
Camille Dorival 