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Par Carenews INFO - Publié le 7 mai 2024 - 10:10 - Mise à jour le 7 mai 2024 - 13:16 - Ecrit par : Célia Szymczak
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Coalition, à la Gaîté Lyrique : quand les artistes sensibilisent à l’écologie

Organisée dans l’établissement culturel parisien jusqu’au 2 juin avec l’association Coal, l’exposition Coalition présente une cinquantaine d'œuvres issues de plusieurs disciplines. Elle vise à faire prendre conscience aux visiteurs de l’impact des activités humaines sur les écosystèmes et appelle à l’action à travers le prisme du sensible.

Plusieurs des œuvres présentées à la Gaité Lyrique. Crédits : Carenews.
Plusieurs des œuvres présentées à la Gaité Lyrique. Crédits : Carenews.

 

En arrivant dans la deuxième salle d’exposition, on tombe nez à nez avec un « éco-combattant ». Un mannequin coiffé d’un casque agrémenté de petits panneaux solaires, doté d’une grande poche pour y ranger des tracts, mais aussi de clous destinés à être plantés dans les arbres afin de les rendre inutilisables pour fabriquer les objets. Il s’agit en fait une œuvre d’art du duo Art orienté objet.

« C’est le parfait costume d’un militant en lutte contre la déforestation », précise Mona Barrault, médiatrice de l’exposition Coalition, organisée à la Gaîté Lyrique, un établissement culturel de la ville de Paris. Le commissariat de Coalitions a été réalisé par Coal. Créée en 2008, cette association promeut le rôle de la culture dans la prise de conscience et la mise en œuvre de solutions à la crise écologique

 

L'éco-combattant d'Art orienté objet
L'éco-combattant présenté par Art orienté objet. Crédits : Carenews.

 

 

Alerter sur les fausses solutions

 

Tout au long de l’exposition, les œuvres rappellent aux visiteurs différentes dimensions de la crise écologique. L’artiste Marina Gioti présente une image sonar de l’épave d’un pétrolier, qui se désagrège en abimant les fonds marins à proximité des côtes grecques. Anaïs Tondeur alerte sur la pollution atmosphérique en la représentant sur des photographies de villes britanniques : elle utilise un masque respiratoire pour accumuler des particules de carbone et connaître la teneur des polluants, puis les transforme en encre à l’aide d’un émollient. Martin Le Chevalier, pour sa part, dépose par terre le pavillon d’une voiture rouge qu’il nomme Ophélie, en référence à l’héroïne de Shakespeare. La voiture est comme engloutie par le sol, une illustration de la noyade de notre société, similaire à celle du personnage de Hamlet. 

Le ton est engagé. En se promenant dans l’exposition, on découvre aussi une série d’aquarelles représentant des chefs d’État et de gouvernement en train de planter des arbres. Le duo d’artistes Le Nouveau Ministère de l’Agriculture veut dénoncer avec ces peintures ce qu’elles considèrent comme des opérations de communication. En face, des solutions technologiques face au changement climatique coûteuses sur le plan environnemental, comme le recouvrement des glaciers par un matériau auto réfléchissant, sont dessinées sur une peau de vache tendue réalisée par les mêmes artistes. 

 

Les caricatures des dirigeants en train de planter des arbres.
Les dirigeants en train de planter des arbres représentés à l'aquarelle par Le Nouveau Ministère de l'Agriculture. Crédits : Carenews.

 

Prise de conscience individuelle et action collective

 

Les œuvres mettent également en lumière les luttes sociales. L’exposition s’ouvre sur dix bannières fleuries cousues par des femmes détenues et imaginées par Lucy+Joge Orta, en hommage aux suffragettes. Plus loin, Fabiana Ex-Souza habille son œuvre de grains de café, de coton et de haricots, pour dénoncer l’exploitation coloniale. L’artiste afro-brésilienne replante certaines de ses œuvres pour rendre à la terre ce que les humains lui ont pris. .

Si l’exposition vise à alerter et sensibiliser les spectateurs, elle s’achève sur une partie plus apaisante, qui appelle à transformer notre rapport au vivant. Le titre de l’exposition fait référence à la nécessité de penser de nouvelles « coalitions » entre humains et non-humains, pour faire face à la catastrophe écologique.

Les visiteurs peuvent se promener dans The Garden (Le Jardin) d’Alex Cecchetti, composé de toiles tendues teintes de couleurs issues de végétaux. Des aquarelles représentant des fleurs et de courtes phrases positives y sont accrochées. Ils peuvent aussi s’offrir un instant de méditation devant la fresque de Sandra Lorenzi, réalisée in situ et représentant une fougère colorée. Des petits coussins permettent de s'asseoir devant elle en écoutant le bruit des oiseaux diffusé par l’artiste. Cette mise en scène est destinée à ce que le visiteur « capte l’œuvre » plutôt qu’il ne la contemple, explique Mona Barrault. De quoi démarrer une prise de conscience individuelle. « Dans toute cette exposition, nous sommes confrontés à l’impact très négatif de l’humain. Pour avoir la volonté de changer, il faut prendre conscience personnellement puis tendre vers l’action collective », affirme-t-elle. 

 


À lire aussi : Comment les musées prennent-ils le virage écologique ? 


 

Des inspirations pour s’engager 

 

Après environ une heure trente d’immersion dans l’exposition, le visiteur remonte les escaliers et peut s'asseoir pour consulter des livres ayant marqué la conscience écologique des artistes exposés. Ce vendredi après-midi, Isabelle Tellier regarde les références. Cette directrice d’un centre d’art vient de terminer sa visite. L’exposition a-t-elle déclenché chez elle de l’éco-anxiété ?  « Face à la crise écologique, on oscille entre des sentiments très positifs et des moments un peu désespérés. On est dans cette frontière-là pendant toute l’exposition : il y a aussi une forme d’espoir, on voit qu’on peut agir », estime-t-elle. 

Parmi les ouvrages déposés sur la table : Où suis-je ? du philosophe Bruno Latour, Hummus du romancier Gaspard Koenig ou encore Tout peut changer de la journaliste Naomi Klein. De quoi trouver des inspirations pour prolonger l’engagement et lutter contre la crise écologique. 

 

Exposition à la Gaîté Lyrique, à Paris
Jusqu'au 2 juin. Accès libre, visites guidées payantes le samedi et le dimanche.

 

Célia Szymczak 

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