Coop-médias, une initiative coopérative pour donner du poids aux médias indépendants
Le projet Coop-médias a été présenté lors d’une soirée de lancement, le 9 octobre à Paris. Il vise à réunir médias indépendants, acteurs de l’économie sociale et solidaire et citoyens autour de la promotion des médias libres et de la liberté de presse.

« On a une force de frappe », assure Lucie Anizon, co-porteuse du projet Coop-médias. Elle se tient avec Robin Saxod, autre co-porteur, devant un public réuni à l’Académie du climat à Paris le soir du 9 octobre pour le lancement de l’initiative. Leur projet, c’est de réunir les médias indépendants, les acteurs de l’économie sociale et solidaire (ESS) et les citoyens autour d’une société coopérative d’intérêt collectif (Scic) appelée Coop-médias. Les Scic agissent en faveur d’un objectif d’utilité sociale, avec une prise de décision démocratique et une lucrativité limitée. Coop-médias ambitionne de lever des fonds auprès des acteurs de l’ESS et des citoyens afin de promouvoir la cause des médias indépendants, financer leur développement et accélérer leur diffusion.
Valoriser la coopération plutôt que la concurrence
Le 9 octobre, des représentants de médias et de structures de l’économie sociale et solidaire sont venus pour une émission enregistrée en direct par le média Le moment à l’occasion du lancement. Le nom de Vincent Bolloré, propriétaire entre autres de Cnews et du Journal du dimanche, revient plusieurs fois sur les lèvres des intervenants qui se succèdent au micro. À l’origine de Coop-médias, il y a le constat que la propriété des médias par des milliardaires fait peser des menaces sévères sur leur indépendance.
« Les médias sont devenus beaucoup moins rentables », explique l’économiste Julia Cagé, engagée sur le sujet. Cela facilite d’après elle leur rachat pour des projets politiques et idéologiques. En parallèle, « c’est devenu beaucoup plus dur pour les médias indépendants de s’en sortir ». Ceux-ci doivent donc à ses yeux « former un écosystème » plutôt que d’entrer en concurrence. Former un écosystème, c’est par exemple mutualiser des ressources ou proposer des abonnements joints. En d'autres termes, valoriser la coopération plutôt que la concurrence entre médias indépendants. C’est bien l’ambition portée par Coop-médias, qui appelle à l’union.
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Mettre en lumière les initiatives de l’ESS
« En face, il y a largement assez d’énergie pour promouvoir des visions de sociétés plus à droite, à l’extrême-droite ou néolibérales », souligne Robin Saxod. Coop-médias vise à donner du poids à des acteurs défendant d’autres projets sociétaux. Elle se définit comme une structure apartisane, mais « engagée qui défend par ses actions les initiatives médiatiques d'intérêt public et de bien commun portant des valeurs humanistes et progressistes en faveur d'une société plus écologique, solidaire et démocratique ».
Nos initiatives sont inaudibles dans le système médiatique mainstream »
Lucie Anizon, secrétaire générale de la coopérative Enercoop
Pour les personnes intervenant à la soirée de lancement, les médias indépendants sont plus à même de valoriser des projets sociétaux « alternatifs », notamment les initiatives portées par les acteurs de l’ESS. « Clairement, on est sous-médiatisés », déplore Claire Thoury, la présidente du Mouvement associatif au sujet des associations. « Nos initiatives sont inaudibles dans le système médiatique mainstream », confirme Lucie Anizon, par ailleurs secrétaire générale de la coopérative de fourniture d’énergie Enercoop.
En revanche, les médias « libres » partagent « beaucoup de choses » avec les « associations militantes », estime Jean-François Julliard, directeur exécutif de Greenpeace France « On partage les mêmes valeurs, on porte les mêmes projets de société (...), on fait face aux mêmes menaces », ajoute-t-il, dressant un parallèle entre libertés associatives et liberté de la presse.
Une part sociale à 100 euros
Pour Coop-médias, la liberté de presse doit en effet être vue comme une cause à protéger. « Des ONG qui défendent des valeurs de justice sociale, d’écologie, il y en a plein », constate Julie Saxod, regrettant qu’elles soient moins nombreuses en matière de promotion de l’indépendance et de la liberté des médias.
Parmi les convaincus : les médias Vert, Politis, Reporterre ou StreetPress, mais aussi les coopératives La Nef, Enercoop ou Commown et les associations Attac ou Un bout des médias. Ces organisations font partie des premiers sociétaires de la coopérative. Mais toute personne physique ou morale peut désormais prendre des parts au capital social, à 100 euros la part.
Célia Szymczak