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Par Carenews INFO - Publié le 16 janvier 2025 - 10:00 - Mise à jour le 23 janvier 2025 - 17:47 - Ecrit par : Célia Szymczak
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Daphné Blt, l’influenceuse qui « sème les graines » de la transition écologique

La créatrice de contenu de 26 ans sensibilise à la transition écologique sur son compte Instagram – de près de 90 000 abonnés - et sa chaine Youtube avec bonne humeur et conviction. Elle s’attache aussi à trouver des financements venant de marques engagées. La rédaction de Carenews l’a rencontrée pour parler de son parcours, de ses contenus, mais aussi de l’impact des petits gestes et de l’influence engagée.

Daphné Brouillet, de son vrai nom, habite Paris. Crédits : Daphné Brouillet.
Daphné Brouillet, de son vrai nom, habite Paris. Crédits : Daphné Brouillet.

 

Quand on serre la main de Daphné Brouillet, qui nous fait un grand sourire en nous accueillant, on a un peu la sensation de déjà la connaître. On la voit souvent sur Instagram ou sur Youtube, sous le pseudo Daphné Blt (daphneblt sur Instagram). Elle partage quotidiennement ses essais et ses bons plans en matière de transition écologique, en ramenant son propre mug pour prendre un chocolat chaud à emporter dans un café contre une petite réduction sur le prix de la boisson, cuisinant des lasagnes végétariennes ou pointant les limites du recyclage. 

La jeune femme de 26 ans anime ses réseaux depuis des années. À l’origine, son contenu n’a rien à voir avec l’écologie. Mais elle a un déclic en quittant le cocon familial à 18 ans, pour entrer en classe préparatoire. Elle réalise qu'elle « jette une quantité énorme de déchets, trois sacs de dix litres par semaine ». Elle parle de plus en plus d’environnement, tout en suivant des études de commerce « qui n’ont rien à voir avec l’écologie ».  

Son compte perce vraiment en janvier 2024. Elle s’est séparée de son agente, qui lui déconseillait de se spécialiser sur le sujet « pour ne pas se fermer la porte de collaborations commerciales ». La créatrice de contenu lance sur Instagram « Go green, la série des bonnes habitudes durables » et poste sur ce thème une courte vidéo par jour, un « reels ». En un mois, son compte désormais consacré à l'écologie gagne 30 000 abonnés. Ils sont près de 90 000 aujourd’hui (plus de 47 000 sur Youtube). Ce mois-ci, « Daphné Blt » a relancé sa série, incitant à acheter des produits issus de l’agriculture biologique, éviter des achats superflus ou à voyager en train, en expliquant à chaque fois les bénéfices de ces pratiques. 

 

« Un angle déculpabilisant » 

 

Daphné Brouillet l’assume, y compris face caméra : en matière d’écologie, « je fais beaucoup de choses, mais je ne fais rien à 100 % ». Des abonnés lui font parfois la remarque : « tu dis que tu ne cuisines pas de poisson, mais on t'a vue manger des sushis avec tes copains », « tu vas en fripes mais tu achètes encore du neuf ».. À rebours de ces commentaires, l’influenceuse revendique un « angle déculpabilisant ». « Le commun des mortels ne fait pas les choses à 100 %. Tu te sens davantage coupable quand tu suis une personne 100 % vegan, qui ne voyage qu’en train et n’achète que chez Emmaüs », explique-t-elle.  

En matière d'écologie, le commun des mortels ne fait pas les choses à 100 %.

Daphné Brouillet, ou Daphné Blt sur les réseaux sociaux

Ce qu’elle veut, c’est proposer des solutions pour tous, « semer des graines » que ses abonnés sont libres de planter. « Je vais à un compost en partage à vélo, mais c’est beaucoup trop contraignant pour plein de gens », illustre Daphné. Pour ceux-là, elle présente d’autres solutions : installer son propre compost dans son jardin ou dans sa cuisine par exemple. « Mais tu fais pousser ce que tu veux à partir de mes réseaux : le compost, la mode durable ou le voyage plus responsable ».  

 

« Tout est politique » 

 

On lui a déjà reproché de promouvoir les petits gestes individuels, critiqués pour leur impact limité par rapport aux actions structurelles ou parce qu’ils ne pointent pas les plus gros responsables de la crise écologique. Elle cite son homologue Victoria, alias vicplusgreen sur Instagram. « On est tous dans une barque en train de couler. Ce n’est pas parce que certains rajoutent de l’eau dans la barque que tu vas juste t’asseoir et les regarder faire. Tu vas enlever de l’eau avec ta petite tasse, tu couleras moins vite ». Et puis, elle n’hésite pas à critiquer en vidéo les marques de fast fashion, des produits ménagers « toxiques » ou à promouvoir des collectes de fonds d’associations, comme Surfrider.  

Les reproches peuvent parfois susciter des remises en question. L’année dernière, la jeune femme dénonce la quantité de plastique reçue en commandant de la lingerie d’une marque de fast fashion. Elle reçoit une « vague de haine ». « Le problème, c’est la façon dont les gens émettent des critiques, cachés derrière les écrans », soupire-t-elle. Mais cela ne l'empêche pas de réagir en partageant à ses abonnés des marques de lingerie engagées, dont elle deviendra également cliente.

Son compte est-il politique ? « Tout est politique, répond avec certitude l’influenceuse, y compris nos achats ». « Acheter de la fast fashion, c’est soutenir un modèle qui fait travailler des enfants avec des matières polluantes et vient de loin », illustre-t-elle. Elle n’irait pas jusqu’à soutenir publiquement un parti politique, même si elle s’est engagée contre le Rassemblement national au moment des législatives anticipées de juin 2024, suscitant une « vague de désabonnements ».  

 

Captures d'écran du compte daphneblt
Des captures d'écran des vidéos issues de la série Go green ​​​​​​de janvier 2025. Crédits : daphneblt sur Instagram.

 

Négocier des partenariats engagés 

 

Une autre manière de s’engager, pour Daphné Brouillet, est de choisir avec soin les entreprises qui la payent pour faire la promotion de produits. Face caméra, elle goûte les steaks végétariens de la marque Happyvore, conseille de la lessive L'arbre vert ou s’applique des produits de soin biologiques Pulpe de vie. Ce sont parfois des petites enseignes engagées, qui rémunèrent moins. Dans ce cas, ses tarifs sont divisés par trois, une réduction financée grâce à des partenariats avec de plus grands groupes. Plus rarement, ce sont des associations qui la rémunèrent, à l'instar de Terre de liens, dans le but d'appeler aux dons pour le rachat de terres agricoles et leur location en agriculture biologique.

Elle ne craint pas trop de se faire épingler pour greenwashing. Avant de nouer un partenariat avec une marque, celle qui est par ailleurs responsable développement durable dans un grand groupe de spiritueux, la questionne sur son engagement ou consulte son rapport de responsabilité sociétale des entreprises (RSE), qui résume ses actions sur les plans sociaux et environnementaux. « Les créateurs de contenu engagés ont deux fois plus de travail pour filtrer les marques », reconnaît-elle. 

 


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Un impact concret 

Du travail, elle en a beaucoup. En plus de son job à plein temps, la créatrice de contenu gère les réseaux sociaux de trois marques éthiques. Elle prend des photos le matin avant le travail, monte ses propres vidéos à la pause déjeuner et le soir, filme et gère ses plannings le week-end. « Je n’ai plus trop d’équilibre vie pro-vie perso », confesse-t-elle.  

Daphné va bientôt retrouver un mode de vie plus calme. Elle a atteint 59 000 euros de chiffre d’affaires l’année dernière, contre 4000 à 7000 euros les années précédentes. De quoi lui permettre de vivre de l’influence. Et cela la réjouit, même si ce n’était « pas du tout prévu ».

« Je travaille actuellement dans un très grand groupe, je vois moins l’impact que j’ai sur les gens. Sur les réseaux sociaux, j’ai tout le temps des témoignages. “J’ai pensé à toi, je suis allé au marché, j’ai refusé un sac plastique !”, par exemple. Je me dis que si toutes les personnes qui me suivent refusent un sac plastique, c’est énorme ! », s'exclame-t-elle.

 

Célia Szymczak 

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