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Par Carenews INFO - Publié le 5 septembre 2025 - 11:09 - Mise à jour le 5 septembre 2025 - 13:24 - Ecrit par : Camille Dorival
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Faut-il oser la vulnérabilité en entreprise ?

À travers une tribune, une exposition et un guide pratique, 18 dirigeants d’entreprise lancent un appel à « oser la vulnérabilité en entreprise ». Ils estiment que prendre en compte les vulnérabilités de chacun dans l’entreprise favorise la créativité, l’esprit d’équipe et la performance collective.

18 dirigeants d'entreprise témoignent sur la force de la vulnérabilité dans le cadre d'une exposition. Crédits : Géraldine Aresteanu / Vulnérable.
18 dirigeants d'entreprise témoignent sur la force de la vulnérabilité dans le cadre d'une exposition. Crédits : Géraldine Aresteanu / Vulnérable.

 

 

« Quand on se bat tous les jours contre les géants de la tech, on se sent forcément vulnérable. » Charlotte Souleau est directrice générale France de Back Market, entreprise spécialisée dans le reconditionnement et la revente d’appareils électriques et électroniques usagés. Elle a souhaité associer son nom et son témoignage à une campagne en faveur de la prise en compte de la vulnérabilité en entreprise.

« La vulnérabilité n’est ni une tare ni une faiblesse, mais l’expression de notre condition fondamentale de femmes et d’hommes », écrit-elle, avec 17 autres dirigeants d’entreprise - notamment Saïd Hammouche (Mozaïk RH), Laurence Méhaignerie (Citizen Capital), Thibaut Guilluy (France Travail), Lucie Basch (Too good to go), Eva Sadoun (Lita.co) ou Eric Coisne (Ticket for change) - dans une tribune intitulée « Entreprises, osons la vulnérabilité ! » et publiée dans Les Echos.

 

Un levier de transformation et de création de valeur

 

« 84 % des Français ont une vision négative de la vulnérabilité, l’associant à la faiblesse, au handicap, explique Grégoire Ducret, directeur général du fonds de dotation Advens for people and planet, à l’origine de cette campagne. Nous pensons au contraire que savoir exprimer sa vulnérabilité est un levier de transformation, de création de valeur et de liens humains dans l’entreprise. »

À l’échelle individuelle, (re)connaître sa propre vulnérabilité permet ainsi de mieux se connaître, de rester vigilant sur les risques de surengagement ou sur les environnements toxiques, mais aussi d’être plus « aligné », en mettant en cohérence ses valeurs, ses choix et son rôle dans l’entreprise. À l’échelle des relations humaines, cela permet de développer la confiance et la coopération au sein d’un groupe, de renforcer la sécurité psychologique et la performance des collaborateurs, de réduire les tensions et les conflits.

À l’échelle d’une organisation, l’expression de la vulnérabilité crée de la solidarité et de l’intelligence collective, favorise l’innovation et la créativité, augmente la capacité d’adaptation… À l’échelle sociétale, enfin, elle développe la conscience du collectif et ravive le rapport au reste du vivant.

 

« Se montrer en vulnérabilité est un chemin d’humanité »

 

« J’ai toujours travaillé dans des secteurs d’activité très masculins et peu ouverts à la vulnérabilité : l’automobile, la grande distribution, et maintenant la tech, témoigne Charlotte Souleau. Mais j’ai eu le déclic quand, à 27 ans, j’ai pris la direction d’un magasin Carrefour. J’y ai côtoyé la France qui se lève tôt, des gens qui galéraient, et cela m’a conduit à décider de manager en proximité et en authenticité. Créer de la confiance, du lien avec les gens, est un prérequis à toute dynamique d’équipe puissante. »

« Se montrer en vulnérabilité n’est pas facile, mais c’est un chemin d’humanité, abonde Hubert de Boisredon, PDG d’Armor Group, leader mondial des encres industrielles et des consommables d’impression, également associé à la campagne lancée par Advens for people and planet. En acceptant de ne pas avoir toutes les réponses, en osant dire "je ne sais pas", on incite aussi les équipes à trouver elles-mêmes les solutions. »

Comme les autres dirigeants d’entreprise associés à la campagne, Charlotte Souleau et Hubert de Boisredon ont souhaité témoigner dans le cadre d’une exposition intitulée « Vulnérable », présentée notamment dans le cadre des Universités d’été de l’économie de demain (UED) organisées par le Mouvement impact France le 29 août. Sur de grands panneaux illustrés par des portraits réalisés par la photographe Géraldine Aresteanu, ils racontent leurs expériences de la vulnérabilité.

 

Thibaut Guilluy, directeur général de France Travail, témoigne dans le cadre de l'exposition "Vulnérable".
Thibaut Guilluy, directeur général de France Travail, témoigne dans le cadre de l'exposition « Vulnérable ». Crédit : Géraldine Aresteanu. 

 

Un sujet peu abordé en entreprise

 

« Le sujet de la vulnérabilité est peu abordé en entreprise, reconnaît Lucie Basch, cofondatrice de l’entreprise Too good to go, de l’application Poppins et du tiers-lieu Climate house, qui témoigne également dans l’exposition. De mon côté, j’ai commencé comme entrepreneuse à 22 ans, ce qui m’a dès le départ conduite à adopter un positionnement d’humilité, en disant à mes équipes "je ne sais pas faire telle ou telle chose, donc je vais avoir besoin de vous". »

« En tant que femme, on se dit qu’on doit mettre la vulnérabilité de côté pour diriger, ajoute quant à elle Eva Sadoun, fondatrice de la plateforme d’investissement à impact Lita.co et ancienne coprésidente du Mouvement impact France. Je l’ai fait pendant dix ans, puis je me suis crashée mentalement. » Après une période de repos et de réflexion, elle transforme totalement sa manière de travailler et de manager. « C’est notre vulnérabilité intrinsèque qui doit guider nos choix, estime-t-elle aujourd’hui. Ne pas accepter sa vulnérabilité, c’est une forme de négation de soi-même. »

 

Revoir nos conceptions du leadership, de la performance et du management

 

Dans leur tribune, les 18 dirigeants appellent les entreprises à revoir leurs manières de concevoir le leadership, la performance et le management pour « oser placer la vulnérabilité au cœur de l’entreprise ». À propos du management, par exemple, « à force de masquer nos fragilités, nous étouffons l’élan de nos équipes, leur créativité, leur désir d’agir. Accueillons les expériences de vulnérabilité (…) comme une source d’apprentissage pour nous et nos entreprises. Un impératif pour attirer et fidéliser les hommes et les femmes en quête d’authenticité. Et un catalyseur d’énergie collective », écrivent-ils.

Ils appellent tous celles et ceux qui le souhaitent à rejoindre le mouvement en signant en ligne la tribune qu'ils ont initiée. La démarche est également complétée par un guide pratique, accessible gratuitement en ligne, visant à « libérer le potentiel de la vulnérabilité » dans les entreprises, quels que soient leur taille et leur secteur d’activité.

 

Camille Dorival 

 

Wassila Zitoune-Dumontet, PDG d'Orange Business France
Wassila Zitoune-Dumontet, PDG d'Orange Business France, prône un leadership centré sur l'humain, l'action et le refus des faux-semblants. Crédit : Géraldine Aresteanu. 

 

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