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Par Carenews INFO - Publié le 28 septembre 2021 - 10:00 - Mise à jour le 29 septembre 2021 - 17:10 - Ecrit par : Théo Nepipvoda
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Insertion professionnelle : l’épineuse question de la mobilité

L'absence de mobilité géographique peut constituer un frein à la recherche d’emploi chez les plus précaires. Des structures tentent de développer des alternatives de mobilité solidaire.

Les garages solidaires proposent des prestations à prix coûtant. Source : iStock.
Les garages solidaires proposent des prestations à prix coûtant. Source : iStock.

 

Le premier pas vers l’insertion professionnelle se passe dans le garage Solidarauto 49. Basé à Trélazé, en Maine-et-Loire, ce garage solidaire répare à moindre coût les voitures des personnes les plus précaires. Le garage propose également 23 véhicules à la location, pour au moins 90 jours et un certain nombre à l’achat à un prix social. 

Dans ce garage au statut associatif, les onze salariés réparent les voitures, mais aussi les vies des personnes les plus précaires. Parce que l’absence de mobilité empêche souvent de sortir la tête de l’eau et notamment de retrouver un emploi. « On a souvent affaire à des gens qui refusent des emplois alors qu’ils subsistent à peine au RSA », constate Jean-Marie Brisemontier, coprésident du garage. « Ils sont capables de travailler, mais pas de se déplacer. »

La mobilité contraint la recherche d’emploi

En France, la mobilité représente un réel frein à l’insertion professionnelle. Selon une étude du Laboratoire de la Mobilité inclusive, près d’un Français sur quatre déclare avoir déjà renoncé à un travail ou une formation faute de moyen de transport pour se déplacer. Ils sont plus d’un sur deux à le déclarer chez les personnes plus fragiles financièrement. 

Le manque de mobilité a pour conséquence de restreindre la zone géographique de recherche d’un emploi et ainsi de limiter les offres adéquates. Ainsi, sans mobilité, la personne peut s’enfermer dans une situation encore plus précaire.

S’il pénalise majoritairement les plus précaires financièrement, ce problème ne touche pas de la même manière selon la situation géographique. Les zones rurales, peu dotées en transports, sont particulièrement impactées par cette problématique. Les périphéries de grandes villes peuvent également être le lieu de difficultés à se déplacer. Elles sont souvent bien connectées à la ville centrale, mais sont peu reliées entre elles. 

Pôle emploi en première ligne

Progressivement, les pouvoirs publics se sont saisis de cette problématique. Aujourd’hui, Pôle emploi propose un certain nombre d’aides allant dans ce sens. Il propose notamment des aides financières à la mobilité pour des personnes qui ont trouvé un travail ou doivent passer un entretien d’embauche loin de leurs domiciles. 300 000 aides de ce type ont été distribuées en 2019. Des aides peuvent également être délivrées pour passer le permis de conduire.

Pôle emploi oriente également les demandeurs d’emploi vers des dispositifs tels que le programme Renault Solidaire, porté par le constructeur automobile français.

François Rouvier, responsable social business chez Renault Group explique la genèse du projet : 

Ce programme est né en 2012 de l’observation qu’un certain nombre de gens fragiles financièrement avaient un besoin absolument crucial de leurs voitures, car le lien entre mobilité et emploi est direct.  On a visité des garages solidaires associatifs et on s'était rendu compte qu’ils n’étaient pas nombreux, pas toujours de très bonne qualité, car ils faisaient avec les moyens du bord.

Renault propose des réparations à prix coûtant

Aujourd’hui, ce sont près de 300 garages Renault qui, de leurs initiatives, proposent des réparations à prix coûtant, presque deux fois moins cher que dans un garage classique. En parallèle, Renault propose de la location de voiture neuve de marque Renault à partir de 95 euros par mois avec option d’achat à la fin.

Pourquoi proposer des voitures neuves ? Pour la fiabilité, nécessaire pour les personnes les plus précaires pour qui chaque dépense apparaît comme une épreuve. « Beaucoup de ces gens qui achètent des voitures d’occasion pas chères tombent dans une sorte de piège, une machine à laver de dépenses », explique François Rouvier. « Il y en a une puis une autre, puis finalement on s'endette ».

Les transports en commun sont-ils plus appropriés ?

Mais, la voiture n’est pas toujours le moyen de transport le plus approprié pour une personne en recherche d’emploi. Outre les réparations, elle entraîne des coûts importants d’assurance et d’essence. Selon une étude de l’Automobile Club Association, le coût annuel pour posséder une voiture de type Clio est supérieur à 7 000 euros en moyenne.

C’est le point de départ de Wimoov, une solution d’aide à la mobilité dont Pôle emploi est également un des prescripteurs. L’association mise sur d’autres modes de transport, car selon la directrice générale, Florence Gilbert, le premier frein à la mobilité est un frein cognitif : 

C’est hallucinant le nombre de personnes qui se disent : « moi je ne peux pas aller au boulot en transport en commun » alors qu’il existe un bus à 500 mètres de chez eux qui peuvent les emmener.

 

18 000 bénéficiaires de Wimoov

Wimoov a pour l'instant ouvert 43 plateformes locales en France. Elles proposent aux bénéficiaires, après la réalisation d'un test, un accompagnement à la mobilité avec un spécialiste. Un parcours qui peut comprendre des formations est alors mis en place. Il peut s’agir de formations à la pratique du vélo ou à la compréhension des cartes de transports en commun. 

« On peut aller jusqu'à venir avec la personne en vélo jusqu’à son travail », précise Florence Gilbert, « pour qu’elle ait levé l’ensemble des freins d’utilisation du mode de transport. »

L'association met également à disposition des moyens de déplacement et peut aller jusqu'au prêt de voiture si aucune alternative n'a été trouvée.

Des compromis avec les opérateurs

S’il n’existe pas de solution sur le territoire du bénéficiaire, Wimoov va travailler avec les opérateurs tels que Transdev pour essayer d'aménager des horaires de transport qui correspondent aux besoins de l’usager. À l’issue du parcours Wimoov, plus de 40 % des personnes (re)trouvent un emploi.

Grande oubliée des politiques publiques pendant longtemps, cette mobilité inclusive va bénéficier d’un financement de 70 millions d’euros d’ici 2022 à la suite de la loi d'orientation des mobilités. Cette somme va permettre le déploiement de nouvelles plateformes de mobilité telles que celles proposées par Wimoov mais, également le développement de microcrédits pour financer des solutions de mobilité individuelles. Il s’agit d’« une grosse avancée » pour Florence Girard qui considérait que les politiques de transports avaient jusqu’à présent entraîné des exclusions.

 

Théo Nepipvoda

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