La formation des recruteurs, une solution contre les discriminations à l’embauche ?
Dans une étude réalisée pour The Adecco Group, la société Ipsos analyse les pratiques de discrimination à l’embauche. Les formations visant à les limiter sont-elles appliquées et efficaces ? Quelles solutions existent pour les réduire ? Éléments de réponse.
52 % des responsables des ressources humaines estiment que les discrimination ont augmenté dans les processus de recrutement au cours des cinq dernières années. Le premier motif de ces pratiques discriminatoires ? « Le poids des stéréotypes » pour 48 % des recruteurs. Ce sont les conclusions de l’étude réalisée par la société Ipsos pour The Adecco Group, à l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale.
L’enquête, menée auprès de 500 personnes impliquées dans au moins un recrutement au cours des douze derniers mois, dresse un bilan de la loi Égalité et Citoyenneté, promulguée en 2017. Celle-ci rend obligatoire une formation à la non-discrimination à l’embauche pour tous les professionnels du recrutement, dans les entreprises de plus de 300 salariés, tous les cinq ans. La formation limite-t-elle les pratiques discriminatoires ?
Une formation jugée efficace
Les personnes interrogées jugent à 38 % que la formation des recruteurs fait partie des trois meilleurs moyens de lutter contre les discriminations lors du recrutement. Il s’agit de la méthode la plus citée par les responsables RH interrogés. 90 % de l’ensemble juge en tous cas que l’obligation de formation est une « bonne chose ».
84 % des personnes formées considèrent que leur formation à la non-discrimination a été utile dans les processus de recrutement. 69 % ont d’ailleurs changé leurs pratiques après l’avoir suivie. Définition du besoin, sourcing, présélection, évaluation, sélection du candidat retenu… La majorité des répondants a modifié leurs pratiques sur un ou plusieurs de ces éléments.
Preuve supplémentaire de l’efficacité de la formation : la sensibilité aux discriminations augmente à sa suite. 42 % des recruteurs formés disent avoir été témoins de discriminations et 90 % déclarent qu’ils sauraient faire face à une situation de discrimination. Ce n’est le cas que de 15 % et 77 % des personnes qui n’ont pas été formées.
L’obligation reste méconnue
39 % des recruteurs d’entreprises d’au moins 300 salariés déclarent ne jamais avoir entendu parler de l’obligation de formation. Seuls 47 % d’entre eux ont suivi une formation à la non-discrimination à l’embauche au cours de leur carrière.
La proportion de personnes formées a toutefois nettement augmenté depuis 2017, passant de 27 à 47 % dans les entreprises de plus de 300 salariés. 45 % de l’ensemble des personnes sondées ont déjà suivi cette formation, pour 28 % en 2017.
Des solutions existent
Aux yeux des personnes interrogées, recruter en demandant un CV anonyme réduit l’exposition aux risques de discrimination. Il s’agit de la méthode la plus citée, à 76 %. Dans « Pour un recrutement sans discrimination », un guide à destination des entreprises publié en 2019, le Défenseur des droits rappelle en effet l’impact positif de cette pratique.
Le recours aux partenariats avec les écoles et universités comme sources de candidatures diminue de 21 points par rapport à 2017. Le recours à la cooptation diminue quant à lui de 29 points. Une dynamique positive : là encore, le Défenseur des droits souligne que « Le « sourcing » uniquement auprès de certains viviers identifiés (grandes écoles, associations « d’anciens », réseau personnel et familial...) favorise la cooptation et la reproduction sociale et réduit ainsi la probabilité de recevoir des candidatures plus inhabituelles, « diversifiées » en termes de profils et de caractéristiques personnelles. »
Célia Szymczak