La Halle aux Poissons, le tiers-lieux havrais qui célèbre l’écologie marine
Le tiers-lieu La Halle aux Poissons, ouvert en 2021, met en valeur l’écologie marine. Il aide aussi des créateurs et commerçants engagés à se lancer.
Dans la ville du Havre, non loin du port, se trouve un grand bâtiment en pierre à la toiture en rotonde, édifié en 1953. Les murs ont abrité une criée pour les pêcheurs pendant une dizaine d'années, avant que celle-ci ne soit délaissée.
Le lieu s’appelle désormais La Halle aux Poissons. Il a rouvert au public en 2021 et est aujourd’hui porté par l’entreprise Sinny&Ooko, qui crée et gère des tiers-lieux, la foncière responsable Bellevilles et l’agence d’architecture Encore Heureux Architecte.
À La Halle aux Poissons, les visiteurs peuvent profiter d’une cantine proposant des produits locaux et de saison, d’un bar avec terrasse ainsi que d’une programmation artistique et culturelle gratuite et variée. En somme, les ingrédients classiques qui font la réussite des tiers-lieux Sinny&Ooko, comme la Cité Fertile située à Pantin, en région parisienne. Mais dans celui-ci, il existe deux particularités.
Lieu consacré à l’écologie marine
D’abord, le lieu est consacré à « l’écologie marine », une terminologie utilisée pour désigner la protection des écosystèmes marins et côtiers. « Il n’y avait pas de lieu au Havre qui parlait de l’écologie et de la mer », raconte Margaux Gainche, responsable du projet éco-culturel. Une salle de projection diffuse en continu des images d’archives de l’INA sur la pollution sous-marine, la plongée de veille environnementale ou encore les robots nettoyeurs du port du Havre. Des documentaires d’Arte sur la mer ou une série documentaire de l’association de préservation des océans Blutopia sont aussi projetés.
L’objectif : sensibiliser les visiteurs, même s’ils viennent seulement pour profiter du bar, explique Margaux Gainche. L’espace d’exposition permet aussi aux Havrais de réfléchir sur leur « rapport à l’eau, à la Seine et à l’environnement ». « En parallèle de ça, on a essayé tout au long de la saison de créer des événements qui mettaient la mer à l’honneur », ajoute-t-elle.
Un tremplin pour des créateurs et entrepreneurs responsables
Autre originalité : la possibilité pour des créateurs et commerçants de louer des ateliers-boutiques de huit mètres carrés pour 80 euros par mois. Un moyen pour eux de tester leur commerce, leur modèle économique et d’aller à la rencontre du public pour « se confronter au métier de commerçant », déclare Margaux Gainche.
Pour pouvoir louer cet espace à prix réduit, il a fallu répondre à un appel à projet. Les locaux doivent être ouverts de midi à 20 heures du mercredi au dimanche. Enfin, « nous souhaitions qu’il y ait toujours un caractère éco-responsable » dans l’offre proposée, « que ce soit des personnes qui aiment le Havre et aient envie de partager des choses sur la ville », souligne Margaux Gainche.
Des résidents variés
Entre avril et fin juillet, huit résidents occupaient les lieux. Parmi eux : Les Vivants, une librairie « militante » et cave à vin biologiques et naturels, The Modern Plan, un commerce de meubles anciens et Terre!, un collectif de céramistes.
Depuis août et jusque fin octobre, cinq autres résidents ont pris la relève. Marius Guiet, un artiste illustrateur et Setsuna, une boutique de thé japonais biologique, font partie de cette nouvelle promotion.
Des retours positifs
« Nous avons eu des retours assez positifs, les résidents apprécient cette petite bulle de quelques mois pour tester des choses », constate Margaux Gainche. Pour les clients, « c’est une autre manière d’envisager le fait d’acheter (...), d’être dans un commerce, sans être dans un centre commercial », ajoute-t-elle. Ils sont également « contents parce que les horaires sont élargis, ils peuvent boire un verre en terrasse à 18 heures et faire un tour dans les boutiques ».
Elle-même a fait l’expérience de cette résidence, avec Fuel Sentimental, une boutique de vêtements de seconde main. Elle n’aurait pas pu « espérer » ouvrir une boutique pour des raisons financières et a particulièrement aimé « être au contact de personnes qui partagent les valeurs » promues par le tiers-lieu.
Une nouvelle programmation de rentrée ?
La saison s’achèvera le 29 octobre et le lieu fermera ces portes. Pour l’instant, son avenir est incertain. « On ne connaît pas vraiment la suite du projet », explique Margaux Gainche, qui dépend de la signature d’un bail de longue durée avec la ville du Havre et de l’accès à des financements.
Si ces deux conditions sont réunies, La Halle aux Poissons rouvrira en avril prochain, avec une nouvelle programmation et de nouveaux résidents pour animer les lieux.
Célia Szymczak