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Par Carenews INFO - Publié le 7 mai 2021 - 12:00 - Mise à jour le 11 mai 2021 - 11:33 - Ecrit par : Christina Diego
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Mal-logement : une jeunesse en grande précarité partout en Europe, selon la Fondation Abbé Pierre

La Fondation Abbé Pierre et la FEANTSA viennent de publier leur 6e rapport sur le mal-logement en Europe. Sans surprise, la crise sanitaire a de fortes répercussions sur les conditions de vie des jeunes Européens, déjà dégradées avant l’arrivée du Covid-19.

Explosion de la précarité sociale pou rles jeunes partout en Europe. Crédits : Fondation Abbé Pierre
Explosion de la précarité sociale pou rles jeunes partout en Europe. Crédits : Fondation Abbé Pierre

 

« Les 18-30 ans ont été les premières victimes des conséquences économiques et sociales de la crise du Covid-19 », ce sont les premières lignes du dernier rapport publié ce jeudi 6 mai par la Fondation Abbé Pierre et la Fédération européenne des acteurs nationaux travaillant avec les sans-abri (Feantsa) intitulé 6e Regard sur le Mal-Logement en Europe.

Les fondations souhaitent avant tout attirer l’attention des pouvoirs publics sur la situation jugée alarmante de mal-logement qui touche la jeunesse partout en Europe et le risque pour ces jeunes, à terme, de s’enfoncer dans une précarité sociale et de basculer dans un sans-abrisme chronique. 

 

Une Europe au double visage. Crédits : Fondation Abbé Pierre

 

Une génération « boomerang »

L’une des répercussions majeures de la crise sanitaire a été de précipiter les jeunes dans une situation de dépendance vis-à-vis de leurs proches. Beaucoup ont perdu leurs petits boulots. Conséquences, ils ont dû recourir massivement à l'aide alimentaire ou retourner vivre chez leurs parents quand c'était possible.

Or « l'accès à l'autonomie passe par le départ du logement familial », rappelle le rapport. Au Danemark, par exemple, le nombre de retours « boomerang » de jeunes chez leurs parents avait augmenté de 12 % entre 2009 et 2018. Une situation qui préexistait avant la pandémie et qui s’est accélérée depuis le début de la crise sanitaire pour atteindre 36 % de retours au domicile parental en 2020.    

Des loyers trop élevés

Cet effet « boomerang » provient en grande partie de la hausse des prix du logement. En terme de budget, ces jeunes, âgés de 18 à 24 ans, consacreraient en moyenne près de 40 % de leurs revenus à leur loyer. Dans le détail ce sont des niveaux de loyer qui peuvent atteindre 46,9 % en Grèce, 38,6 % au Danemark, 21,2 % en Bulgarie, 19,9 % aux Pays-Bas, 19 % au Royaume-Uni, 17,1 % en Allemagne et 11,5 % en France. Un marché du logement qui était d'ailleurs en crise bien avant l’arrivée du Covid-19 et qui s’est donc accentué, décrit le rapport.   

Des conditions de vie précaires

Pour les jeunes qui peuvent se loger, ils sont contraints le plus souvent à vivre dans des logements de mauvaise qualité. Petite surface, précarité énergétique, cohabitation forcée, près de 23,5 % des 15-29 ans vivaient déjà dans un logement surpeuplé en 2019.

Le rapport s’appuie sur une étude européenne publiée par Eurostat qui démontre que quatre personnes sur 100 déclarent avoir été sans domicile au moins une fois au cours de leur vie. Parmi elles, trois personnes sur 100 ont déclaré avoir déjà dû vivre chez des proches de manière temporaire et une personne sur 100 a déjà vécu à la rue, dans un hébergement d’urgence ou temporaire ou dans un endroit non adapté au logement.

Un tiers des personnes déclare que des problèmes familiaux et/ou relationnels sont la raison principale des difficultés de logement (en particulier en Hongrie et au Royaume-Uni, où cela concerne plus de 45 % des personnes enquêtées). Autres résultats significatifs qui expliquent cette situation précaire, 25 % invoquent le chômage, des ressources insuffisantes ou des problèmes financiers et 17 % la fin d’un contrat locatif ou un logement inhabitable.

 

Une Europe au double visage. Crédits : Fondation Abbé Pierre

Une explosion du sans-abrisme à venir en Europe ? 

Enfants, jeunes, femmes, personnes âgées : les profils des personnes sans domicile continuent de se diversifier. En Pologne, l’enquête biannuelle menée sur une nuit en février 2019 a dévoilé qu’un tiers des personnes sans domicile étaient âgées de plus de 60 ans. 

Autre conséquence de la crise qui n’est pas encore mesurable : un chômage en hausse dans toute l’Europe qui n’aurait pas encore atteint son niveau tant que la crise n’est pas terminée. En Italie, par exemple, 445 585 personnes ont demandé une aide matérielle à Caritas Italiana entre mars et mai 2020, soit une augmentation de 129 % comparé à l’année précédente. Un des risques majeurs est de voir une nouvelle population de jeunes, sans ressources, rejoindre le nombre déjà conséquent de personnes sans domicile. Une situation à prendre très au sérieux d'après le rapport, quant on sait que les systèmes d’hébergement d’urgence pour les sans-abris sont déjà saturés dans tous les Etats membres. Comment éviter que tous ces jeunes soient pris dans la spirale de l’extrême pauvreté et deviennent des adultes sans domicile demain ?  

Rappelons qu’une étude menée par Dennis Culhane, aux Etats-Unis, dans les années 1980, expliquait l’explosion du nombre de jeunes sans domicile suite à une crise économique d’envergure. Une crise qui a créé la cohorte de sans-abris chroniques qui vivent encore aujourd’hui dans les rues des villes américaines. Plus récemment, le gouvernement britannique a estimé que dans moins de 30 ans, 630 000 milléniaux ne pourront pas payer de loyer sur le marché du logement privé lorsqu'ils prendront leur retraite, et prédit une future crise des retraités sans- abri si cette problématique n’est pas traitée dès maintenant.

 

Une plateforme européenne très attendue

« Cette crise sanitaire est un moment unique et inédit pour saisir l'opportunité de s’intéresser au sujet du sans-abrisme au niveau européen. Avant la pandémie, 700 000 personnes vivaient dans la rue et en centre d’hébergement d’urgence », a tenu a rappelé Freek Spinnewijn, le directeur de la Feantsa, lors de la conférence. Reste à savoir combien de personnes la pandémie a fait basculer dans cette précarité. Le rapport salue la décision de la Commission européenne de lancer une plateforme de lutte contre le sans-abrisme au niveau des Etats membres en juin prochain. 

 

Christina Diego 

 

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