Quelles mesures adopter face à la persistance du sexisme en France ?
Le Haut Conseil à l’Égalité entre les femmes et les hommes publie son cinquième rapport annuel sur l’état du sexisme en France. L’institution effectue dix recommandations destinées à lutter contre une situation accablante qui semble empirer.
« Le sexisme ne recule pas en France. Au contraire, certaines de ses manifestations les plus violentes s’aggravent, et les jeunes générations sont les plus touchées ». Le Haut Conseil à l’Égalité entre les femmes et les hommes (HCE) dresse ce constat alarmant en introduction de son cinquième rapport annuel sur l’état du sexisme en France publié le 23 janvier.
Constats accablants
93 % des personnes interrogé.e.s « estiment que les femmes et les hommes ne connaissent pas le même traitement dans au moins une des sphères de la société ». Une considération confirmée par les statistiques : les inégalités persistent dans l’orientation professionnelle, la représentation médiatique, au travail, à l’école ou dans les foyers. Par exemple, 41 % des femmes ont déjà connu un déséquilibre dans les tâches ménagères, 23 % un écart de salaire avec un homme à compétences égales.
« L’opinion reconnaît et déplore l’existence du sexisme mais ne le rejette pas en pratique », constate le HCE.
Pourtant, « les hommes admettent très rarement leur responsabilité dans la formation de ces inégalités ». 37 % des femmes ont vécu des situations de non-consentement, quand 12 % des hommes disent avoir déjà insisté pour obtenir un rapport sexuel. La situation ne devrait pas s’améliorer : 48 % des hommes âgés de 15 à 34 ans qualifient de problématique l’image des femmes véhiculée par les contenus pornographiques et 79 % des plus de 65 ans.
Des répercussions en cascade
Conséquence : les femmes modifient leur comportement pour éviter de subir des actes et propos sexistes. Plus de la moitié tiennent compte de ce risque lors de leurs sorties ou dans leurs choix vestimentaires. Les stéréotypes sexistes les conduisent à censurer les propos qu’elles tiennent dans 40 % des cas et restreignent même les choix d’orientation professionnelle pour 15 % des sondées.
Le HCE rappelle aussi qu’un « grand nombre » d’hommes « a davantage tendance à ignorer le lien entre le sexisme ordinaire, bénin à leurs yeux, et les suites qu’il suscite en matière de domination et de violence ». 14 % des femmes ont déjà subi une agression sexuelle ou un viol. Les violences sexistes et sexuelles dans leur ensemble connaissent une augmentation de 21 % entre 2020 et 2021. 40 % des hommes estiment toutefois « qu’on s’acharne » sur eux.
Quelles solutions ?
Le HCE suggère d’abord de dégenrer les jouets, de garantir l’exercice des enseignements à la sexualité et à la vie affective pour les élèves ou encore d’institutionnaliser la journée nationale de lutte contre le sexisme du 25 janvier afin de faire évoluer les mentalités.
Ensuite, des mesures de lutte contre les violences sexistes et sexuelles en milieux scolaire et politique ou l’adoption de critères d’égaconditionnalité pour l’ensemble des financements publics doivent faciliter la lutte contre les effets du sexisme. À noter, le HCE incite à « rendre systématique la peine complémentaire d'inéligibilité des élus condamnés pour violence ».
Enfin, chaque commissariat et chaque brigade de gendarmerie devraient disposer d’une permanence d’accueil et d’une personne dédiée pour les victimes de violences sexistes et sexuelles. Tou.te.s les professionnel.le.s au contact des femmes victimes de violences doivent être formé.e.s « de manière urgente, obligatoire et continue », aux yeux du HCE. Ces deux recommandations font partie de celles qui visent à rendre l’action des pouvoirs publics plus efficace. Elles pourraient renforcer la confiance dans la capacité du gouvernement à lutter contre les actes et les propos sexistes, exprimée par seulement 30 % des répondant.e.s.
Célia Szymczak