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Par Carenews INFO - Publié le 23 juin 2023 - 10:32 - Mise à jour le 13 novembre 2023 - 10:12 - Ecrit par : Célia Szymczak
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Sommet pour un nouveau pacte financier mondial : que demandent les ONG et les activistes ?

Des chefs d’Etat et de gouvernement se réunissent du 22 au 23 juin à Paris afin de créer un « nouveau pacte financier mondial ». Les ONG et les activistes attendent des évolutions significatives pour le financement du développement et de la lutte contre le dérèglement climatique.

Laurence Tubiana directrice de la European Climate Foundation, accompagnée d'Ineza Grace, Vanessa Nakate, Helena Gualinga, Mitzi Jonelle Tan et Greta Thunberg, lors d'une conférence de presse. Crédits : @LaurenceTubiana, Twitter.
Laurence Tubiana directrice de la European Climate Foundation, accompagnée d'Ineza Grace, Vanessa Nakate, Helena Gualinga, Mitzi Jonelle Tan et Greta Thunberg, lors d'une conférence de presse. Crédits : @LaurenceTubiana, Twitter.

 

Du 22 au 23  juin, la France accueille un sommet pour un « nouveau pacte financier mondial », né de l'initiative de Bridgetown portée par la première Ministre de la Barbade Mia Mottley. L’objectif ? Financer la lutte contre le changement climatique et la crise de la biodiversité dans les pays du Sud global tout en contribuant à leur développement. Des représentants des États, des organisations internationales, du secteur privé et de la société civile se réunissent dans ce but à Paris.

Au programme, quatre groupes de travail doivent fournir des clés pour augmenter les marges fiscales et les liquidités disponibles des pays en développement, y favoriser le développement du secteur privé, augmenter l’investissement dans les infrastructures vertes et trouver des solutions de financement innovantes pour les pays vulnérables au changement climatique. 

À cette occasion, les ONG Care, CCFD-Terre Solidaire, Global Citizen, ONE, Oxfam, et le Réseau Action Climat ont publié un document dans lequel elles expriment leurs revendications. Pour l’instant, le sommet n’annonce pas d’engagements suffisamment ambitieux, selon Cécile Duflot, directrice générale d’Oxfam France, quelques jours avant le sommet. « Nous avons besoin de transformations structurelles et nous sommes au stade des initiatives limitées », explique-t-elle, regrettant que le sommet soit surtout l’occasion de « beaucoup de communication ». 

 

Un « sursaut » nécessaire

La situation devient chaque jour un peu plus urgente. Les catastrophes naturelles se multiplient, avec des dommages sociaux, économiques et écologiques considérables. Oxfam estime à 27 000 milliards de dollars les besoins des pays du Sud en matière de réponse au changement climatique et de financement du développement d’ici à 2030. 

Les pays à bas revenus portent une responsabilité historique et actuelle largement inférieure à celle des pays riches dans les émissions de gaz à effet de serre. Ces derniers « doivent s’assurer que nous recevons les investissements dont nous avons besoin », a déclaré la militante ougandaise pour le climat Vanessa Nakate, à l’occasion d’une conférence de presse organisée sur le sujet. « Les pays comme le mien ne pourront pas protéger leur population », a-t-elle ajouté. L’extraction des ressources issues des pays du Sud a servi le développement des pays du Nord, complète la militante équatorienne Helena Gualinga. Le Nord global, les multinationales et l'industrie fossile « ont une dette à payer » aux pays du Sud, pas l’inverse, résume Mitzi Jonelle Tan, militante philippine. 

 

Alléger la dette 

Pourtant, Care, CCFD-Terre Solidaire, Global Citizen, ONE, OXFAM, et le Réseau Action Climat expliquent que « 93 % des pays les plus vulnérables aux catastrophes climatiques sont en situation de surendettement ». Cela les contraint à choisir entre financement des services publics et lutte contre le changement climatique et ses conséquences.

La plupart de l’aide au développement et des financements climatiques est toujours fournie sous forme de prêts, augmentant encore la charge de la dette. Un « sursaut » est nécessaire, juge Fanny Petitbon, responsable plaidoyer CARE France, pour « reconstituer une confiance complètement brisée entre le Nord et le Sud ». 

La coalition d’ONG souhaite donc annuler les dettes des pays du Sud global. Mitzi Jonelle Tan appelle aussi à une annulation de la dette, ou à son allégement. « Nos pays se noient dans la dette », déplore-t-elle. 

 

Financements climatiques

Un « “choc” des financements climatiques » est nécessaire, selon les ONG. Elles appellent à « taxer les secteurs les plus polluants », comme les énergies fossiles et le transport, conformément au principe du pollueur-payeur. Les sommes obtenues seraient reversées aux pays à faibles et moyen revenus. Vanessa Nakate et Ineza Grace militent pour une sortie complète des énergies fossiles, et un soutien aux pays en développement pour développer les énergies renouvelables.

Par ailleurs, selon les ONG, le fonds pour financer les pertes et dommages, dont la création a été prévue à l’occasion de la COP27, ne doit pas « disparître dans la masse des engagements non tenus en matière d’Aide Publique au Développement et de financement du climat, ni se substituer aux financements existants », mais reposer sur « une part significative des revenus que pourraient générer des sources de financement innovant décidées au sommet. » Une demande également portée par les militantes

Les ONG interpellent aussi sur l’évasion fiscale, qui réduit encore les marges de manœuvres des pays du Sud. Ces derniers perdent davantage en termes de flux financiers illicites qu’ils reçoivent en termes d’aide au développement, selon Lison Rehbinder, chargée de plaidoyer pour le CCFD-Terre Solidaire. 

 

Participation des pays du Sud aux processus de décision 

Les ONG appellent enfin à « démocratiser l’architecture financière internationale ». « Les pays du Sud ont été et continuent d’être structurellement sous-représentés dans le système de prise de décision financière », expliquent-elles. L’architecture de la dette « reste entre les mains des pays créanciers », les négociations sur les règles fiscales internationales « ont pour l’instant principalement lieu à l’OCDE » plutôt qu’à l’ONU ou dans les institutions financières internationales. 

La coalition d’ONG demande donc d’inclure les banques multilatérales de développement, les communautés affectées par le changement climatique, les peuples autochtones et la société civile dans les processus de décision. À ce titre, elle se dit très inquiète du « rôle très limité joué par les pays du Sud global dans la planification et les travaux techniques du sommet » de Paris. 

 

Célia Szymczak 

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