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Par Carenews PRO - Publié le 6 novembre 2024 - 18:21 - Mise à jour le 6 novembre 2024 - 22:14 - Ecrit par : Célia Szymczak
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Afnor publie un guide pour définir l’économie régénérative

La rédaction de ce guide s’est appuyée sur les travaux d’un groupe constitué de représentants d’entreprises de divers secteurs, du monde de la recherche et d’ONG. Les auteurs entendent poser une base et un cadre pour permettre aux organisations de mieux comprendre le concept et d’appuyer le développement de l’économie régénérative.

L'économie régénérative valorise la coopération et l'ancrage territorial. Crédits : iStock.
L'économie régénérative valorise la coopération et l'ancrage territorial. Crédits : iStock.

 

 

« Entreprise à visée régénérative » : de plus en plus d’acteurs utilisent ce terme pour qualifier la transformation de leur activité dans le but d’améliorer leur impact écologique et social. Mais avec la popularisation du concept, les risques de greenwashing grandissent.  

Un groupe d’acteurs s’est donc mobilisé pour produire une « Afnor Spec », un référentiel visant à définir « l’économie régénérative », à aider les organisations à s’engager dans cette voie ou poursuivre leur transformation et à proposer des critères pour situer leurs pratiques.  

« Des milliers d’entreprises sont sensibilisées à la régénération et beaucoup sont sur le chemin de la régénération. Cela permet de redonner du sens à l’action et d’aligner les dirigeants et les équipes avec des valeurs écologiques et sociales », assure Isabelle Delannoy, présidente de L’Entreprise symbiotique, qui accompagne des organisations dans leur transformation, lors d’une conférence de presse dédiée au lancement du guide, le 6 novembre. Elle va jusqu’à dresser un parallèle entre la « révolution régénérative », qu’elle appelle de ses vœux, et la révolution industrielle.  

 

Un travail de définition 

 

Avec Vaia Tuuhia, directrice de projet pour L’Entreprise symbiotique, ainsi que Mélanie Raimbault Verrier et Fanny Muñoz, d’Afnor, elle a piloté le groupe de travail qui a élaboré le guide. Des représentants d’entreprises de divers secteurs, mais aussi du monde de la recherche et d’ONG ont participé aux réunions. Le guide se veut accessible à toutes les tailles d’entreprises, mais aussi toutes les organisations, y compris les collectivités et les associations, et sur tous les territoires.  

Les auteurs du document commencent par poser des définitions, dont celle de l’économie régénérative. Il s’agit d’un « modèle d’activité agissant pour l’intégrité du vivant, humain et non humain, et soutenant la vitalité des écosystèmes écologiques et sociaux avec lesquels il co-construit, dans une spatialité définie. Sa création de valeur se caractérise par une prospérité écologique, sociale et économique, en intégrant le renouvellement continu, en qualité et en quantité, des matériaux, de l’énergie, des ressources naturelles et des capacités humaines et non humaines ».  

Un certain nombre d’autres concepts sont précisés comme la spatialité - une notion qui dépasse celle de territoire en prenant en compte l’ensemble des interactions avec d’autres échelles, comme l’échelle globale -, l’écosystème ou encore les différentes formes de « régénération ». 

 

Des critères pour se situer dans une trajectoire 

 

Pour mieux comprendre cette notion, les auteurs du guide distinguent quatre paradigmes pour penser l’économie et quatre façons associées de concevoir les effets négatifs de l’activité humaine sur les milieux de vie :  

  • l’exploitation : les effets négatifs sont externalisés et peuvent être neutralisés.  

  • la réparation : ils sont compensés ou restaurés. 

  • la préservation : ils sont évités.

  • la régénération : l’idée est d’avoir des impacts positifs nets. 

Des moyens concrets de mettre en œuvre les principes de l’économie régénérative sont ensuite décrits, accompagnés d’illustrations concernant divers secteurs, comme l’agriculture, l’aménagement ou le textile. Ils portent sur les processus de production et d’aménagement, mais aussi sur les modèles économiques, les choix de gouvernance, le partage de la valeur ou encore les modèles de financement.  

Par exemple, la réintroduction de filières textiles comme le lin, le chanvre ou la laine en France peut s’inscrire dans une économie régénérative, si la filière repose sur des pratiques agroécologiques, est ancrée dans le territoire et s’inscrit dans une logique de coopération entre les acteurs du secteur. Dans le tourisme, des offres commerciales intégrant la restriction de l’accès à des zones naturelles protégées peuvent faire partie de pratiques s’inscrivant dans la régénération.  

Enfin, des critères permettant de se repérer par rapport à sa « contribution à l’économie régénérative » sont présentés. Parmi ces nombreux critères et à titre d’exemple : une progression salariale est-elle garantie et négociée ? Les modèles économiques reposent-ils sur la convergence des intérêts économiques, sociaux et environnementaux ? Les matériaux utilisés sont-ils sains pour les sols, les eaux et les êtres vivants ? Le fait de devenir une organisation contribuant à une économie régénérative est considéré comme une « trajectoire » et la régénération comme un « objectif collectif » auquel les structures peuvent contribuer.  

 


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Vers une norme internationale ?  

 

Ce terme n’est-il qu’un mot de plus destiné à désigner l’engagement des entreprises ? Le concept de responsabilité sociétale des entreprises (RSE) prévaut jusqu’à maintenant.  

« On passe vraiment un cap » par rapport à la RSE, estime Emilie Riess, directrice RSE pour le groupe Pierre & Vacances et participante au groupe de travail. Elle constate un « changement d’échelle » par rapport à la RSE, intégrant en particulier une réflexion sur la transformation du modèle de l’entreprise.  

Aux yeux des participants à la conférence de presse, le guide facilitera aussi la coopération entre acteurs, cruciales pour les promoteurs du concept d’économie régénérative. « On a besoin de ce genre de guide pour appuyer des démarches, pour les faire connaître, pour parler le même langage », considère Ludovic Morawa, chargé de la mise en œuvre de l’engagement responsable chez Haute-Savoie Habitat et également participant au groupe de travail.  

Les auteurs du guide entendent l’enrichir sur la base de retours d’expérience et en fonction de l’évolution des pratiques. À terme, l’objectif est d’aboutir à une norme ISO, au caractère international. Cela devrait prendre cinq à six ans. 

 


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Célia Szymczak 

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