Aller au contenu principal
Par Carenews PRO - Publié le 3 avril 2024 - 09:00 - Mise à jour le 4 avril 2024 - 10:56 - Ecrit par : Théo Nepipvoda
Recevoir les news Tous les articles de l'acteur

Exclusif : « Avec le dividende écologique, la MAIF va distribuer cette année 2,3 millions d'euros » (Yves Pellicier, président)

Cet outil, mis en place en 2023, permet de diriger 10 % du résultat net du groupe vers des actions pour la planète. Bilan d’étape avec Yves Pellicier, président de l’assureur mutualiste.

Yves Pellicier, président de la MAIF. Crédit : Alexandre Isard.
Yves Pellicier, président de la MAIF. Crédit : Alexandre Isard.

 

Alors que les résultats de la MAIF viennent de tomber ce mercredi 3 avril, Carenews fait le point sur le dividende écologique avec le président du groupe, Yves Pellicier. 

Le dividende écologique est un outil mis en place l’année dernière par l’assureur. Il permet de reverser 10 % des bénéfices à la planète de diverses manières. Malgré le montant en baisse, les ambitions qui l’entourent sont importantes.

 

  • Pourquoi le dividende écologique est-il un outil novateur ?

 

La transition écologique est le défi du siècle. Avec le dividende écologique lancé en 2023, nous faisons de la planète notre seul actionnaire. 

Nous construisons de la richesse grâce à nos sociétaires, mais sur une terre que nous avons en partage. Nous nous sommes alors demandé comment partager cette valeur avec la planète sur laquelle nous construisons de la richesse.

Chaque année, 10 % du résultat net du groupe MAIF, de la richesse créée, sont dédiés à la planète.

Ce dividende est un « commun ».»

Ce dividende est un « commun », dans le sens où nous aimerions que le plus grand nombre d’entreprises s’en saisissent. Pour cela, nous souhaitons être la preuve que c’est possible et que l’impact que nous avons est réel.

2023 fut l’année durant laquelle le CAC 40 a donné le plus de dividendes aux actionnaires. Si 10 % de l’ensemble était dirigé vers la planète, cela permettrait de compenser les coupes budgétaires annoncées récemment par le gouvernement, qui viennent toucher en particulier la transition écologique.

 

  • Crédit mutuel a annoncé, quasiment au même moment que vous, son dividende sociétal. On aurait pu croire qu’un mouvement était en marche. Or, plus d’un an après, aucune autre entreprise n’a fait une annonce dans ce sens. Pourquoi ?

 

C’est plus facile pour des entreprises comme la nôtre ou comme le Crédit mutuel, car elles font partie du monde de l’économie sociale et solidaire. Nous n’avons pas d'actionnariat direct à rémunérer. 

C’est plus facile pour des entreprises comme la nôtre. »

De plus, dans la période actuelle compliquée, beaucoup d’entreprises se recentrent sur leur business. On observe des reculs concernant l’écologie.

De notre côté, nous allons continuer de faire la promotion de cet outil. Chaque année, nous allons rajouter des projets, qui vont devenir de plus en plus visibles. 

 

  • En 2023, ce dividende écologique s’élevait à 8,2 millions d’euros. A quoi cette somme a-t-elle servi ?

 

Le Fonds MAIF pour le vivant a reçu près de cinq millions d’euros sur les 8,2. Trois millions sont alloués aux actions de solidarité climatique. La répartition entre les deux n’est pas statutaire, elle est à la main du conseil d’administration de MAIF.

Le Fonds MAIF pour le vivant a pour objectif de financer des actions concrètes pour régénérer la biodiversité à partir de solutions basées sur la nature. Nous nous sommes appuyés sur un programme de la Caisse des dépôts et consignations qui s’appelle Nature 2050. En 2023, trois actions ont été soutenues :  la renaturation écologique du Lathan, une rivière dans le Maine-et-Loire, la préservation de l’écosystème des marais de Vigueirat et la végétalisation du centre-ville de Rion-des-Landes notamment pour désimperméabiliser les sols.

 

Le Lathan (Maine-et-Loire), le lieu d'un projet de renaturalisation du dividende. Crédit : David Priou
Le Lathan (Maine-et-Loire), le lieu d'un projet de renaturalisation du dividende. Crédit : David Priou 

 

En 2024, nous avons lancé le premier appel à projet. Nous avons reçu 190 dossiers, la Caisse des dépôts nous a aidé à en sélectionner 27. Un comité d’instruction en a retenu 15. Ils sont désormais soumis à l’avis des sociétaires via une plateforme. Le comité d’instruction annoncera les projets que nous allons soutenir cette année lors de l’assemblée générale du 9 mai. 

La deuxième jambe du dividende écologique est la solidarité climatique. Nous la mettons en œuvre depuis février. Nous avons souhaité accompagner les sociétaires dans des situations dans lesquelles ils sont vulnérables aux effets du changement climatique. Nous avons lancé ce volet sur le risque inondation. 

Nous avons ciblé 1 800 sociétaires partout en France déjà victimes d’inondation. Nous leur avons envoyé un courrier pour les inviter à participer à une action de prévention. Ensuite, nous leur offrons un diagnostic concernant leur situation, puis nous les accompagnons financièrement jusqu’à 90 % du montant des travaux de prévention. Le montant maximum est de 13 500 euros par sociétaire. 271 sociétaires sont rentrés dans cette démarche de diagnostic.

 


À lire aussi : « Il y a un risque de voir s’accroître les formes de mal-logement en France » (Christophe Robert, Fondation Abbé Pierre) 


 

  • À quel montant s'élèvera le dividende écologique 2024 d’après les résultats 2023 du groupe  ?

 

MAIF a joué son rôle d’amortisseur social pour ses sociétaires. Le résultat est donc beaucoup plus faible que l’année dernière. Cette année, nous allons distribuer, avec la même répartition entre le fonds et les actions de prévention, 2,3 millions d’euros.

Aux 8,2 millions d’euros dirigés l’année dernière, on ajoute donc 2,3 millions d’euros. On soustrait les actions menées en 2023.

 

  • L’argent reçu en 2023 n’a pas été entièrement dépensé pour le financement des projets ?

 

Oui. Il s’agit d’une réserve, elle grandit chaque année. On y enlève les investissements que nous faisons, notamment les trois projets déjà financés.

 

  • Cette dépendance aux résultats de l’entreprise peut-elle être problématique pour permettre une continuité dans le soutien des projets ?

 

Il s’agit d'une nouvelle répartition de la valeur créée. Ce n’est pas choquant, ce que nous avons souhaité mettre en place a pour philosophie le partage de la valeur.

C’est comme cela que nous l'avons construit, nous ne pouvons pas distribuer plus de valeur que ce que nous créons. 

Cette année, c’est un résultat relativement faible. Mais une année normale pour un groupe MAIF, c’est plusieurs centaines de millions. Dans les années à venir, notre impact sera donc plus puissant.

 

  • Est-ce qu’avec ce dividende écologique, vous avez mis en pause vos autres actions de mécénat ? 

 

Cela n’a rien changé sur le reste. Le fonds MAIF pour l’éducation n’est pas une réserve spécifique tirée du résultat. Cela fait partie de la redistribution que nous avons toujours effectuée.

 


À lire aussi : « Les sujets RSE sont tout en haut des agendas des équipes de management » (Frédéric Trinel, cofondateur d’EcoVadis)


 

 

  • Sur l’accompagnement des sociétaires, le voyez vous comme un retour sur investissement ? Faire de la prévention vous permet-il d’éviter de futurs coûts liés aux catastrophes naturelles ?

 

Nous voyons tout d’abord le bénéfice pour nos sociétaires. Nous savons que ceux qui ont été victimes d’une inondation hier ont de fortes chances de l'être demain. Le premier retour sur investissement est pour eux : cela permet que lors d’une catastrophe naturelle leur maison soit moins atteinte, leur vie quotidienne moins touchée. 

Bien évidemment, s'il y a in fine de moindre dégâts, il y aura un moindre coût pour l’assureur que nous sommes, et cela profitera ainsi à la communauté des sociétaires de la MAIF.

 

Propos recueillis par Théo Nepipvoda

 

Fermer

Cliquez pour vous inscrire à nos Newsletters

La quotidienne
L'hebdo entreprise, fondation, partenaire
L'hebdo association
L'hebdo grand public

Fermer