Handicap : quels leviers pour mettre en place une politique d’inclusion en entreprise ?

Le 10 mars dernier, le gouvernement annonçait le lancement du Baromètre Emploi & Handicap. Coconstruit avec les acteurs associatifs, dont l'Association nationale de gestion du fonds pour l’insertion professionnelle des personnes handicapées (Agefiph), il permet aux entreprises volontaires de publier leurs données sur le handicap dans leur entreprise. Une manière de « mettre en lumière les bonnes pratiques et de les essaimer », souligne le président de l’association pour l’emploi des personnes en situation de handicap, Christophe Roth. Où en sont les entreprises françaises en terme d’inclusion des personnes handicapées ?  

L’emploi des personnes handicapées

En France, près d’un million de personnes en situation de handicap est en emploi, soit 3,6 % de la population active. Christophe Roth s’est fixé l’objectif d’atteindre 4 % d’ici la fin de son mandat en 2024, en s’appuyant notamment sur les secteurs en tensions et des publics ciblés comme les jeunes ou les seniors. 

Depuis quelques années, le constat global de l’emploi des personnes handicapées est « très encourageant », selon le président de l’association. Une tendance qui se confirme avec les chiffres sur le chômage pour ce public, « au plus bas niveau depuis 100 ans » avec un taux à 14 %, contre 8 % pour le tout public. « Le delta se resserre, démontrant qu’il s’agit d’une politique relativement dynamique malgré le contexte tendu », ajoute-t-il. Même constat pour le chômage de longue durée, passant de 913 jours en moyenne contre 920 jours cinq ans auparavant.

Cette dynamique encourageante de l’emploi et du maintien dans l’emploi des personnes en situation de handicap est notamment possible grâce à un cadre légal qui a évolué. 

Quel est le cadre légal ?

Trois principales lois encadrent la politique handicap des entreprises : 

• La loi du 10 juillet 1987 en faveur de l’emploi des travailleurs handicapés : elle contraint tout employeur de plus de 15 salariés à employer au minimum 6 % de personnes en situation de handicap. Si ce quota n’est pas respecté, l’entreprise doit verser une contribution. Cette loi est également à l’origine de la création de l’Agefiph.
• La loi du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances : la loi reconnaît désormais quatre formes de handicaps : sensoriel, psychique, cognitif et moteur.
• La loi « Avenir professionnel » du 5 septembre 2018 :  elle oblige les entreprises de plus de 250 salariés à nommer un référent handicap chargé de la politique handicap de l’entreprise. Par ailleurs, le recours aux entreprises adaptées (EA) ou aux Esat n’est plus comptabilisé dans les 6 %.

L’Agefiph, un acteur clé 

Depuis sa création en 1987, l’Agefiph a vocation à être « un accompagnant solide pour la construction des parcours professionnels des personnes en situation de handicap », résume Christophe Roth. Pour ce faire, l’association accompagne les personnes handicapées et les entreprises partenaires et propose des aides au financement. Ces aides peuvent être, par exemple, versées pour des « solutions de compensation et d’aménagement de postes de travail », comme des logiciels spécifiques ou des fauteuils ergonomiques. 

L’Agefiph soutient également l’entrepreneuriat pour les personnes en situation de handicap. « C’est une autre façon d’avoir un emploi », ajoute le président. En 2021, l’association a ainsi accompagné 4 000 créateurs d’entreprise, soit une hausse de 23 % par rapport à l’année précédente. Même démarches pour l’apprentissage, « un levier d’inclusion important ». Au premier trimestre 2021, elle  a aidé financièrement près de 1 300 contrats d’apprentissage. 

Enfin, pour accompagner et ancrer la mise en place d’une politique handicap au sein des entreprises, la sensibilisation des collaborateurs est un puissant levier. L’Agefiph a d’ailleurs développé de nombreux outils pour « casser les préjugés ou mieux accompagner les entreprises ».

Lisa Domergue