« Nous souhaitons mobiliser les entreprises autour du nouveau lycée professionnel » (Sylvain Reymond, Les entreprises s’engagent)

• Pouvez-vous rappeler en quoi consiste Les entreprises s’engagent ?

Le projet a été impulsé en 2018 par le président de la République. Au départ, il était centré sur la mobilisation des entreprises en faveur de l’égalité des chances et des jeunes. Au moment du lancement, plusieurs centaines d’entreprises ont répondu à l’appel.

Très vite des dynamiques locales se sont créées, des acteurs se sont regroupés sur le territoire. Aujourd’hui, 101 clubs départementaux existent partout en France.

Aujourd’hui, 101 clubs départementaux existent partout en France."

Les entreprises s’engagent ont connu une accélération considérable avec le plan « 1 jeune, 1 solution » pour lequel le gouvernement souhaitait procéder autrement en misant sur la co-construction avec le privé.

Après le succès d’ « 1 jeune, 1 solution », il a été décidé de créer un groupement d'intérêt public (Gip) pour que la communauté Les entreprises s'engagent ait sa propre existence juridique et pour continuer de permettre aux entreprises de participer aux politiques publiques.

Ce Gip s’est fixé pour objectif de continuer d'œuvrer le plus possible pour les jeunes, mais aussi de s’ouvrir à un maximum de thématiques d’intérêt général comme la transition énergétique ou la mobilisation des collaborateurs. Le Gip est une mutualisation des moyens entre l’Etat, les entreprises et l'opérateur France Travail. 

• Quel bilan tirez-vous de 2023 ?

Nous avons atteint les 80 000 entreprises membres du Gip et ainsi dépassé l’objectif fixé de 70 000. En 2023, 40 000 nouveaux engagements ont été pris par les entreprises. 

Sur le volet financier, aujourd’hui, nous comptons aujourd’hui une trentaine de mécènes. Ils nous fournissent 50 % de nos ressources. 

L’année 2023 avait été placée sous le signe de la jeunesse avec la continuité du plan « 1 jeune, 1 solution » et la réussite du plan « 1 jeune, 1 mentor » qui vise à développer la pratique du mentorat. Près de 1 000 entreprises se sont engagées dans le mentorat. 

• Quels sont vos objectifs pour l’année 2024 ?

En 2024, nous souhaitons nous concentrer sur les jeunes des quartiers prioritaires de la politique de la ville

Dans notre programme jeune annoncé il y a quelque temps, nous formulons l’enjeu de renforcer l’implication des entreprises dans le contrat d’engagement jeune qui permet de toucher les jeunes les plus en difficulté, éloignés de l’emploi.

Notre deuxième priorité est liée à la volonté du gouvernement de faire des lycées professionnels de vraies filières d’excellence. Nous souhaitons mieux accompagner les jeunes des établissements professionnels car le décrochage scolaire y est plus important qu’au lycée général. Nous avons un vrai plan de mobilisation des entreprises en la matière.

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Notre troisième priorité est de passer un cap supplémentaire concernant le plan « 1 jeune, 1 mentor ». Nous souhaitons accompagner les jeunes les plus en difficulté comme ceux de l’aide sociale à l’enfance ou de zones de revitalisation rurale.

La dernière annonce est le lancement d’un fonds pour que nos entreprises mécènes puissent investir davantage sur ces différents dispositifs.

• Concernant le lycée professionnel, comment les entreprises peuvent-elles concrètement s’engager ?

La vraie innovation de la réforme du lycée professionnel est la création d’un bureau des entreprises pour chaque établissement. Nous avons recensé tout ce qu’une entreprise pouvait faire pour des jeunes des lycées professionnels via ces bureaux. 

Elles peuvent se mobiliser en faisant découvrir l’entreprise aux jeunes notamment avec les actions de découverte des métiers. Elles peuvent également mobiliser les collaborateurs via le mentorat pour ces élèves de lycées professionnels. D’ailleurs, des expérimentations sont en cours pour généraliser le mentorat pour tous les lycéens professionnels.

Nous avons lancé ce volet « lycée professionnel » en fin d’année 2023."

Il y a aussi la possibilité d’intervenir auprès des professeurs de lycées professionnels pour les former et même, via des dispositifs de niche, de venir donner des cours. 

Il y a une dernière opportunité qui est de participer à l’offre de formation de lycée professionnel. De plus en plus d'entreprises créent leur école de production, leur centre de formation. Nous souhaitons nous assurer que ces formations soient accessibles au plus grand nombre de jeunes. Pour cela, il y a la possibilité d’ouvrir la formation secondaire de spécialisation professionnelle.

Nous avons lancé ce volet « lycée professionnel » en fin d’année 2023. Nous avons dépassé les 1 000 entreprises engagées via la plateforme.

• Quelles relations avez-vous avec France Travail, qui a remplacé Pôle emploi ?

France Travail est l’un des membres de notre gouvernance. En tant que partenaire privilégié, nous souhaitons ouvrir cette perspective de l’engagement des entreprises à un maximum d’entreprises accompagnées par France Travail. Nous souhaitons qu’un maximum d’entre elles aient des pratiques inclusives en termes de recrutement.

Nous sommes là pour inspirer France Travail en matière de recrutement en valorisant des pratiques misant sur le « aller vers » et qui permettent de toucher les personnes les plus éloignées de l’emploi. Nous sommes notamment à l’origine de Patron dans ma ville, un programme par lequel des dirigeants d’entreprises viennent directement dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville pour rencontrer et proposer des solutions concrètes aux jeunes.

Propos recueillis par Théo Nepipvoda