Rapport parlementaire, Bergère de France, abbé Pierre… Les brèves ESS de la semaine
Le député Paul Midy publie un rapport sur l’économie sociale et solidaire, six associations dénoncent des forages pétroliers prévus en Seine-et-Marne, la Fédération des acteurs de la solidarité et la Croix-Rouge alertent sur la situation du 115, Bergère de France devient une coopérative, Céline Béraud chargée d’enquêter sur les agissements de l’abbé Pierre... au sommaire des brèves de la semaine.

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Le député Paul Midy publie son avis sur l’économie sociale et solidaire en vue du projet de loi de finances 2025
Le député Paul Midy a publié le 22 octobre sur le réseau social LinkedIn son rapport portant sur l’économie sociale et solidaire en vue du projet de loi de finances (PLF) 2025. Il déplore la baisse des crédits attribués à l’ESS, en particulier à des dispositifs permettant son déploiement sur les territoires, comme les pôles territoriaux de coopération économique (PTCE) ou le dispositif local d’accompagnement (DLA).
Il propose de renforcer ces crédits, mais va plus loin et met sur la table l’idée d’un Plan national de mobilisation autour de l’ESS pour les dix prochaines années. Il appelle notamment à instaurer une loi de programmation pluriannuelle dédiée à l’ESS pour sécuriser les financements publics ou à lancer un grand plan d’investissement « France 2050 » doté d’une enveloppe de 100 milliards d’euros avec un axe dédié à l’innovation sociale et environnementale. Il veut aussi « reconnaître pleinement l’apport des acteurs de l’ESS à la société et les intégrer durablement dans le droit commun » : il déplore en particulier que les dispositifs de soutien à l’innovation soient centrés sur l’innovation technologique au détriment de l’innovation sociale.
« C’est un rapport de grande qualité », salue Antoine Détourné, le délégué général d’ESS France auprès de Carenews. « Paul Midy a témoigné d’une grande écoute auprès de l’ensemble des représentants des acteurs de l’ESS, nous nous retrouvons assez fortement dans les propositions et les conclusions du rapport. »
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Six associations dénoncent un projet de nouveaux forages pétroliers en Seine-et-Marne avec Eau de Paris et la Ville de Paris
Les Amis de la terre, France nature environnement Île-de-France, France nature environnement Seine-et-Marne, Notre affaire à tous, le Réseau action climat et Reclaim finance annoncent soutenir le recours en justice intenté par Eau de Paris contre un projet de forages pétroliers en Seine-et-Marne, dans un communiqué publié le 23 octobre.
Eau de Paris s’oppose en effet à deux nouveaux forages pétroliers prévus par la compagnie pétrolière Bridge Énergies à Nonville, en Seine-et-Marne. « Des risques sont avérés pendant la phase de forage et l’exploitation des puits. Lors du forage, deux nappes d’eau souterraine devront être traversées pour atteindre le pétrole à 1 500 mètres de profondeur, avec un risque de contamination. L’exploitation et le transport des hydrocarbures comportent eux aussi de nombreux risques : pollution des sols, des eaux de surface et souterraines par les hydrocarbures et autres substances chimiques liées à l’activité d'extraction », indique l’entreprise publique chargée de l’eau, dans son communiqué. Les nappes concernées alimentent 180 000 Franciliens en eau, ajoute-t-elle.
Les associations pointent également un risque « dramatique pour la biodiversité » de pollution du Lunain, une rivière classée Natura 2000 et située à proximité. « En 2017, le gouvernement Macron a promis, par la loi “Hulot”, de mettre fin à l’exploration et l’exploitation d’hydrocarbures sur notre territoire, mais la réalité est toute autre. L’autorisation de nouveaux forages pétroliers est une ligne rouge que nous ne pouvons franchir, une réelle aberration face à l’urgence climatique », a ajouté Juliette Renaud, coordinatrice des Amis de la terre France.
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La Fédération des acteurs de la solidarité et la Croix-Rouge alertent la ministre du Logement sur la situation du 115
La situation des services intégrés d’accueil et d’orientation (SIAO), chargés de recueillir les personnes à la rue et de les orienter, est « extrêmement dégradée », alertent La Croix-Rouge et la Fédération des acteurs de la solidarité (Fas) dans un courrier adressé à Valérie Létard, la ministre du Logement et de la Rénovation urbaine le 17 octobre.
« Cette mission essentielle doit être accessible de manière équitable et inconditionnelle », ajoutent Philippe Da Costa et Pascal Brice, les présidents respectifs des associations. Elle « sert un objectif commun, partagé entre les associations, les groupements gestionnaires et les services de l'État », poursuivent-ils.
« Il est de plus en plus fréquent que des critères restrictifs d’accès aux dispositifs d’hébergement soient imposés aux SIAO, excluant certains publics, expliquent-ils. Les professionnels des SIAO, et tout particulièrement les écoutants 115 sont épuisés. Trop de demandes ne sont pas pourvues, les personnes en détresse sont triées selon une appréciation locale et subjective de certaines vulnérabilités », décrivent-ils, déclarant se tenir à disposition de la ministre.
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Le fabricant de laine Bergère de France devient une coopérative
Le tribunal de commerce de Bar-le-Duc (Meuse) a validé le 21 octobre le projet de reprise en société coopérative et participative (Scop) du fabricant de laine Bergère de France. Il était porté par 57 salariés-associés et soutenu par le conseil régional Grand Est et le groupement d’intérêt public Objectif Meuse.
« Grâce à la mobilisation des équipes de l’Union régionale des Scop du Grand Est, à l’appui des collectivités territoriales et des partenaires financiers, Bergère de France, dernier fabricant de laine sur le territoire, va pouvoir conserver son savoir-faire et 70 emplois en Meuse », a déclaré la Confédération générale des Scop sur le réseau social LinkedIn.
Cette reprise montre que le modèle coopératif « est pertinent comme outil de relocalisation et de maintien de la souveraineté industrielle, grâce à un statut robuste qui porte dans son ADN l’ancrage territorial et place la pérennité de l’activité au cœur de son fonctionnement », peut-on lire dans ce post.
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La sociologue Céline Béraud présidera la commission d’étude sur les violences commises par l’abbé Pierre
Céline Béraud a été nommée par Emmaüs France et Emmaüs International à la tête de cette commission annoncée en septembre, destinée à comprendre les mécanismes ayant permis à l’abbé Pierre de commettre des violences sexuelles sans être inquiété. Cette sociologue est directrice d’étude à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS), spécialiste des questions de genre et de sexualité dans le catholicisme.
Elle « aura d’abord la responsabilité de constituer librement autour d’elle une équipe d’expert.e.s », peut-on lire dans un communiqué. « La commission devra également et autant que possible établir le niveau d’information qu’avait le Mouvement sur les agissements de l’abbé Pierre aux différentes époques de son histoire ».
La commission aura un accès complet aux archives de l’abbé Pierre et d’Emmaüs international, aux témoignages des victimes avec leur accord et pourra organiser l’audition des personnes de son choix. Ses travaux débuteront en 2025.
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Célia Szymczak