Ce qu’il faut retenir de l’enquête Chorum sur la qualité de vie au travail dans l’ESS
Les résultats de l’enquête de Chorum sur la qualité de vie au travail dans les structures de l’économie sociale et solidaire (ESS) ont été publiés. Si de manière générale, salariés et dirigeants semblent satisfaits de leurs conditions de travail, certains points restent à améliorer, notamment en matière de relations avec les bénéficiaires et de réorganisations internes.
Chorum, mutuelle de protection sociale et complémentaire de l’ESS, a publié le 14 mai 2020 les résultats de l’année 2019 de son enquête sur la qualité de vie au travail (QTV) des dirigeants et des salariés des structures de l’ESS (entreprises sociales, coopératives, associations, mutuelles et fondations). Sur 5 467 personnes qui y ont répondu, 88 % étaient des salariés et 12 % des dirigeants. Cette enquête est réalisée tous les trois ans depuis 2013.
Des acteurs de l’ESS généralement satisfaits de leur travail
Alors que le secteur de l’ESS a récemment été critiqué pour ses conditions de travail, en 2019, 74 % des salariés et 86 % des dirigeants se disaient satisfaits de leur travail. Ils attribuaient respectivement une note générale à leur QVT de 6.2/10 et 7/10. Ces résultats varient selon la structure et prennent en compte plusieurs critères comme l’organisation du travail, les relations avec les collègues, les moyens financiers et humains, l’équilibre entre la vie professionnelle et la vie privée ou encore les perspectives en termes d’avenir. Alors que pour les salariés, ce taux connaît une légère hausse par rapport aux résultats de 2017 (71 %), il continue de diminuer pour les dirigeants puisqu’il était de 89 % en 2017.
Des dirigeants qui ont de moins en moins confiance en leur avenir
78 % des dirigeants ont confiance en leur avenir. Un chiffre en baisse de six points par rapport à 2017. 37 % des dirigeants estimaient par ailleurs en 2019 que leur QVT s'était dégradée. Cette perception selon laquelle les conditions de travail se dégradent dans le secteur est-elle bien réelle ? Pour les intéressés, elle s’explique en tout cas par la relation qu’ils entretiennent avec les pouvoirs publics et les financeurs (56 %), les moyens financiers et humains (53 %) et les changements d’organisation (24 %). De leur côté, un peu moins de la moitié des salariés (44 %) n’ont pas confiance en leur avenir. Un chiffre constant depuis 2014.
Parmi les indicateurs inquiétants de cette enquête, on notera que près d’un tiers des salariés (29 %) ont le sentiment d’être maltraitants avec les bénéficiaires et le public en raison de leurs conditions de travail ou encore que 27 % d’entre eux ont peur d’être agressés physiquement dans l’exercice de leur métier.
La QVT impactée par des changements d’organisation incompris
Les raisons des changements d’organisation des structures de l’ESS et leur mise en œuvre impactent la qualité de vie au travail des salariés et des dirigeants. Des résultats qui paraissent s’être creusés depuis 2017. En effet, plus de la moitié des salariés (58 %) estiment de ne pas avoir reçu des raisons claires et suffisantes sur la mise en œuvre de ces changements (contre 48 % en 2017) et 43 % des dirigeants sont du même avis (contre 23 % en 2017). « Il existe des risques psychosociaux permanents, de burnout et d’usure. Nous devons donc redoubler de vigilance. Nous sommes convaincus que la qualité de vie au travail sera au cœur du plan de relance pour l’ESS », a commenté Christophe Itier, Haut-Commissaire à l’ESS et à l’Innovation Sociale, en réaction à cette enquête.
Lisa Domergue