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Par Carenews INFO - Publié le 4 mai 2020 - 09:00 - Mise à jour le 4 mai 2020 - 09:00
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Covid-19 : plusieurs centaines de milliers de visières de protection produites par les makers en France

Face à la pénurie de matériel de protection contre le Covid-19, les makers se sont organisés partout en France pour fournir des visières de protection aux soignants ou aux commerçants.

Crédit photo : Réseau Français des FabLabs.
Crédit photo : Réseau Français des FabLabs.

« Environ 250 000 visières ont été produites par impression 3D ou découpe laser en France depuis le 18 mars 2020. Cette impressionnante production distribuée assurée par plus de 5 000 makers bénévoles et 100 fablabs est sans précédent à l’échelle nationale. »

Dans une tribune publiée le 21 avril, « makers et fablabs » ont détaillé combien, face à l’épidémie de Covid-19 et le manque de matériel de protection, « la mobilisation des acteurs de la fabrication distribuée » s’est prouvée « sans précédent »

Des makers aux profils variés partout en France

Soignants, commerçants ou encore associations ont été confrontés à la pénurie de matériel de protection dès le début de l’épidémie. Partout en France, les « makers » se sont mobilisés pour en produire grâce à des imprimantes 3D. Un engagement évident pour ces férus du « do it yourself » d’intérêt général. 

« Les makers sont à la fois héritiers d’une tradition assez ancienne de do-it-yourself, mais aussi de l’éthique hacker autour du numérique et de l’informatique, avec l’idée de maîtriser les technologies et non de les subir », expliquait Marie-Christine Bureau, membre du Laboratoire interdisciplinaire pour la sociologie économique (Lise), en 2018 à Libération.

Environ 600 fablabs répartis en France

L’une des structures de prédilection des makers, c’est le fablab (laboratoire de fabrication). La sociologue Isabelle Berrebi-Hoffmann, spécialiste du mouvement « maker », a évalué, auprès de L’Obs, le nombre d’ateliers de fabrication partagée en France à environ 600. S’y retrouvent « des « makers » aux profils variés, le plus souvent des ingénieurs, des chimistes, des informaticiens, des étudiants, des artisans, qui peaufinent ensemble des prototypes libres de droit, se forment pour ne pas avoir à dépendre des notices ou services venus du privé, jouent avec les contraintes matérielles »

Face à l’urgence de la pandémie, les makers convaincus ont été joints par de nombreux·ses citoyen·ne·s désireux d’apporter leur pierre à la lutte contre le Covid-19. Le mouvement s’est ainsi structuré localement, comme l’explique Le Monde, qui a notamment interrogé Volny Fages, maître de conférences au laboratoire IDHE.S, et qui mène avec ses étudiants une étude sur la mobilisation du mouvement « maker » pendant la pandémie. « Derrière l’image très urbaine de la pratique – la majorité des « fablabs » (...) sont situés dans les grandes agglomérations – la crise a révélé l’existence d’un tissu de bénévoles répartis sur tout le territoire », souligne le journal. De nombreuses personnes possédant une imprimante 3D ont tout de suite considéré sa mise à profit, et d’autres ont réussi à s’en procurer. Elle permet de facilement fabriquer des visières de protection, complémentaire des masques et nécessaires au travail des soignants, commerçants ou encore policiers. 

Des plateformes nationales et des réseaux locaux

Les makers ont rapidement créé des groupes Facebook comme Makers contre le Covid de Yann Marchal, ou Visières solidaires d’Anthony Seddiki, permettant de mettre en relation demandeurs et makers. Le youtubeur Monsieur Bidouille a également créé un groupe sur la messagerie Discord, tandis que la youtubeuse Heliox déployé une plateforme de mise en relation baptisée Covid3D.fr, comme 01net le détaille. 

Simon Laurent, le président du Réseau Français des Fablabs (RFFLabs), a raconté au site que les laboratoires de fabrication avaient apporté aux particuliers leur soutien logistique et organisationnel lors de la deuxième semaine de confinement. À Paris, par exemple, pas moins de 25 lieux de production ont été organisés, et un collectif rassemblant différents lieux partagés de fabrication (FabCity Grand Paris, Mon atelier en ville, le SimplonLab...) a été créé sous le nom de Makers x Covid Paris. 

S’il est impossible de comptabiliser le nombre de visières produites par les « makers » ces dernières semaines du fait des différentes plateformes nationales et réseaux locaux, le Réseau français des Fablalbs estime que plus de 250 000 visières ont été distribuées via ses laboratoires de production, tandis que Visière solidaire comptabilise plus de 300 000 visières livrées par son réseau et que Covid3d.fr en dénombre plus de 75 000. Ces dernières ont été distribuées en priorité aux hôpitaux, notamment grâce aux partenariats noués — par exemple avec l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP). Avec, toutefois, certains obstacles, les conditions de production et de distribution des makers ne permettant pas d’obtenir les certifications nécessaires à leur déploiement. 

« Le chemin d’un “monde d’après” post-productiviste »

Avec la tribune publiée il y a quelques jours, makers et fablabs appellent donc « l’État et les pouvoirs publics » à prendre en compte la considérable contribution des makers français à la lutte contre le coronavirus, et à en faciliter la chaîne logistique — tout en détaillant des pistes d’action pour les semaines à venir. Rien d’étonnant pour la sociologue Isabelle Berrebi-Hoffmann, qui voit se dessiner une société post-Covid-19 plus responsable : 

« Ce qui se passe, sous les radars médiatiques, c’est la mise à l’épreuve d’une série d’utopies productives – circuits courts, économie circulaire – qui proposent de nouvelles formes de coordination et de coopération. (...) Ces initiatives dessinent le chemin d’un “monde d’après” post-productiviste, qui ne refuserait pas l’économie de marché mais entendrait s’écarter d’un capitalisme propriétaire vertical, peu soucieux de soutenabilité. »

Mélissa Perraudeau 

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