Les jardins de Solène, la légumerie sociale et solidaire qui lutte contre le gaspillage alimentaire
Tous les lundis, Carenews partage avec vous une initiative inspirante. Aujourd’hui, nous vous parlons de l’entreprise Les jardins de Solène, dont les salariés, en situation de handicap, récupèrent les fruits et légumes déclassés des producteurs locaux et les conditionnent pour la restauration collective.
Selon la FAO, l’agence mondiale des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, près de 14 % de la nourriture mondiale est jetée avant même d’atteindre les étals des commerces. Un gaspillage qui commence dès la production des fruits et légumes, ceux jugés inesthétiques ou dont la taille ne correspond pas aux cahiers des charges étant écartés de la vente.
Valoriser les légumes et les fruits « hors calibre »
Ce déclassage, Solène Espitalié, ingénieure formée en marketing et en développement commercial, l’a constaté avec son association Solid’Agri. Créée en 2014, elle met en lien des personnes en situation de handicap avec des agriculteurs pour effectuer des prestations de services. Un projet d’entreprise est ensuite venu naturellement à l’ingénieure, comme elle l’a expliqué à Up :
« Nos salariés revenaient avec des cagettes de légumes déclassés offerts par les agriculteurs. Je me suis rendue compte que des tonnes de légumes et de fruits étaient jetés parce qu’ils étaient hors calibre. Nous avons réfléchi à une solution pour les valoriser. »
Solène Espitalié a donc créé à Pernes-les-Fontaines (Vaucluse) en avril 2017 les jardins de Solène, une SAS de l’économie sociale et solidaire. Un projet rendu possible par le soutien de la Caisse d’Épargne, de la Société Générale, de France Active, de la Région Provence Alpes-Côte d’Azur et de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe). Les jardins de Solène sont également soutenus par des structures privées ainsi que les fondations d’AG2R La Mondiale, Macif et Mutualia.
« Une solution locale en circuit court » par des salariés en situation de handicap
La légumerie récupère les fruits et légumes déclassés des producteurs, les lave, les épluche et les met sous vide pour qu’ils soient prêts à cuisiner ou à croquer à destination de la restauration commerciale et collective, des cuisines centrales, de la grande distribution en libre-service ainsi que des consommateurs via la plateforme locavor. « Une solution locale en circuit court qui favorise le bio mais surtout les producteur locaux », a précisé Solène Espitalié.
Dans l’atelier, une dizaine d’employé·e·s de Solid’Agri en situation de handicap s’activent. Car les jardins de Solène visent également à « mener une action d’insertion professionnelle en milieu ordinaire auprès de personnes handicapées adultes, en favorisant leur autonomie et leur montée en compétences », comme l’indique le site.
Vers une rentabilité en 2021
La cantine municipale d’Avignon, la cuisine centrale de Monteux, les crèches de la communauté d’agglomération Ventoux-Comtat Venaissin, l'Institut Sainte-Catherine… Solène Espitalié a expliqué à la Provence espérer que l’entreprise soit rentable « en 2021 ».
L’entreprise comptabilise déjà 22 388 kilos de légumes hors calibres valorisés, et 6 980 enfants, étudiants et personnes âgées servis par semaine. Prix de l’innovation sociale ESS 2017, les jardins de Solène ont reçu en décembre le prix Cognacq-Jay 2019 dans la catégorie accélération. Parmi ses projets de développement, une gamme de produits prêts à consommer et cuisiner pour les particuliers ou encore un outil numérique permettant de quantifier les impacts positifs au niveau environnemental, social et sociétal des jardins de Solène sont à l’étude.