Matthieu Dardaillon (Ticket for Change) : « Le rythme du passage à l’action n’est pas à la vitesse dont on en a besoin »

L’aventure entrepreneuriale de Matthieu Dardaillon a commencé après avoir participé au Jagriti Yatra (qui signifie « le voyage de l’éveil » en hindi, NDLR.), une initiative indienne durant laquelle 450 jeunes partent chaque année à la rencontre de modèles inspirants qui transforment la société. De retour en France, il écrit un article dans L’Express, nourrissant son idée de projet qui deviendra Ticket for Change : accompagner les entrepreneurs sociaux et environnementaux à développer leur projet grâce à des outils pédagogiques.

Trois programmes d’accompagnement et un modèle économique hybride

Le Parcours Entrepreneur est le programme historique de l’association. Mis en place dès 2014, il a vocation à accompagner les entrepreneurs sociaux et environnementaux. 

En 2015, Ticket for Change diversifie son offre et met en place Corporate for Change, une filiale commerciale qui vise à accompagner le changement des grandes entreprises de l’intérieur et intégrer à leur modèle économique un impact social et environnemental : 

On n’est pas consultants, on ne va pas inventer des plans d’actions que les entreprises vont mettre en œuvre. Notre rôle est de créer de l'enthousiasme et de l’énergie. On active des potentiels pour que les gens mettent en place des transformations.

Des « Lab thématiques » sont également organisés afin de créer une synergie entre les entrepreneurs sociaux et les grands groupes et ainsi permettre « une innovation ouverte ».

Vers une transformation profonde du modèle économique

« Ticket for Change traite deux sujets : la prise de conscience et le passage à l’action », résume Matthieu Dardaillon. Les grandes entreprises prennent conscience qu’elles doivent engager une transformation de leur modèle mais, selon lui, la vitesse de ce changement n’est pas encore à la hauteur de l’urgence sociale et environnementale à laquelle notre société fait face : « Il nous reste peu de temps, mais beaucoup de travail », ironise-t-il.

Avec 10 % du PIB et 12 % des emplois en France, le secteur de l’ESS a su démontrer qu’un business model priorisant l’impact fonctionne. Mais ces chiffres sont également la preuve que cette dynamique reste marginale : 

Tout le sujet se concentre sur les 90 % restants. Il faut que l'ensemble de l’économie soit en transformation. C’est inutile qu’il y ait une économie alternative pure et parfaite qui représente 10 % des gens lorsque de l’autre côté il y a une économie qui pèse sur la planète et les hommes.

Matthieu Dardaillon considère ainsi qu’il est primordial, pour qu’une transformation de la société profonde s’opère, de miser sur le capital humain. Il est persuadé que la transition se fera lorsque la majorité des femmes et des hommes penseront et décideront autrement.

* Changer La Norme est soutenu par la Fondation Entreprendre.