À la soirée du Collectif Mentorat, associations, entreprises et pouvoirs publics saluent les impacts multiples de la pratique
Le mentorat est utile pour les jeunes qui en bénéficient, mais pas seulement : des entreprises peuvent aussi en tirer parti, ont expliqué des personnes présentes à la soirée annuelle du Collectif Mentorat, organisée à Paris le 16 janvier dernier. L’État soutient pour sa part des associations mettant en œuvre des actions de mentorat avec un appel à projet « 1 jeune 1 mentor », renouvelé cette année.

77 % des jeunes mentorés déclarent que le mentorat a amélioré leur confiance en eux et 89 % d’entre eux estiment qu’il a eu un impact positif sur leurs résultats scolaires, se félicite Nicolas Viennot, le directeur général du Collectif Mentorat. Ce collectif réunissant 77 structures a organisé sa soirée annuelle, le 16 janvier au Palais d’Iéna à Paris, sur le thème « Les pouvoirs du mentorat ».
Ces « pouvoirs » sont nombreux, selon les personnes présentes. Une mentorée, Dado Soukouna, raconte son échec en deuxième année de licence d’économie-gestion. « Il me manquait des clés », estime-t-elle. Elle se renseigne alors sur Internet et découvre l’association Proxité. Grâce au mentorat, la jeune femme a défini son projet professionnel, dans l’événementiel sportif. Elle a également pu réaliser un stage au Boston consulting group (BCG), un cabinet de conseil, et « découvrir le monde du travail » qui lui « faisait peur ». Elle est désormais à la recherche d’une alternance pour poursuivre son objectif.
La mentore de Morgane Varlet, Louise, a « changé [sa] vie », lui donnant confiance pour suivre des études de psychologie loin de chez elle. Elles se sont rencontrées par le biais de l’association Rura, destinée à la jeunesse rurale. Suivant cet exemple, Morgane est elle-même devenue « mentore d’urgence » pendant le confinement dû à la pandémie de Covid-19, puis mentore dans des modalités classiques. Elle a ensuite intégré l’Afev, association permettant aux étudiants de mentorer, en tant que volontaires en service civique. Elle a formé et suivi des binômes mentors-mentorés. « J’ai autant appris sur moi-même en étant mentorée qu’en étant mentore », conclut-elle.
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Faire connaître des métiers
Les mentors peuvent être étudiants, retraités, mais aussi salariés du privé ou du public. « Le mentorat donne à tout citoyen le pouvoir de s’engager », insiste Nicolas Viennot. Le directeur général du collectif salue l’action des 160 000 mentors bénévoles, mais aussi des 1 600 entreprises engagées en faveur du mentorat. Celles-ci peuvent soutenir financièrement ou matériellement les associations chargées de la mise en lien entre mentors et mentorés et du suivi de leur relation, mais aussi inciter leurs collaborateurs à devenir mentors.
Le mentorat donne à tout citoyen le pouvoir de s'engager.
Nicolas Viennot, directeur général du Collectif Mentorat
Au groupe Idex, des salariés peuvent mentorer sur leur temps de travail, dans une démarche de mécénat de compétences. 50 binômes ont été formés par l’entremise de l’association Job IRL et 12 autres avec Kodiko, qui agit spécifiquement pour l’insertion des personnes réfugiées en entreprise. Les salariés devenant mentors ressentent une véritable « fierté », observe Thomas Le Beux, directeur général délégué d’Idex.
Le groupe mène ces actions pour aider les jeunes, mais y voit aussi un intérêt très spécifique. Le secteur de la transition énergétique « manque beaucoup de collaborateurs », pointe Thomas Le Beux, alors qu’il est dynamique en termes d'embauches. Le mentorat permet de « faire connaître notre métier », salue-t-il.
Valorisation des compétences transversales
Aux yeux de Diane Brément, directrice de la responsabilité sociétale de l’entreprise (RSE) chez Sanofi, il existe un « continuum de l’inclusion », du mentorat jusqu’à la « diversité en entreprise ». « Les jeunes s’autocensurent énormément » dans le secteur pharmaceutique, regrette-t-elle. Sanofi mène des actions de mentorat depuis « plus de dix ans » et compte aujourd’hui 300 mentors dans ses équipes.
Sanofi a « communiqué auprès de managers et des ressources humaines » pour faire connaître cette possibilité. Les compétences acquises par les collaborateurs mentors après six mois d’activité sont valorisées, afin de les inciter à s’engager. Le mentorat « a un impact sociétal et un impact chez nous », dans l’entreprise, résume Diane Brément.
En effet, il permet de développer des compétences transversales ou soft skills, comme l’empathie et l’écoute active, explique Nicolas Viennot, du collectif. Il peut aussi « accompagner la recherche de sens » d’une partie des collaborateurs, avance Joséphine Labroue, directrice générale adjointe de la communauté Les entreprises s’engagent. Cette organisation soutenant les actions écologiques et sociales des entreprises est liée au collectif par une convention de partenariat.
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Relance de l'appel à projet 1 jeune 1 mentor
Les pouvoirs publics soutiennent également le mentorat. En 2021, l’État a lancé le plan « 1 jeune 1 mentor », une « politique phare du gouvernement en faveur de l’égalité des chances », selon Marie Barsacq, la ministre des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative, qui a enregistré une vidéo pour l’occasion. En 2025, il « renouvellera son soutien en faveur de cette politique publique impactante », a-t-elle annoncé. Concrètement, cela se traduit par la relance de l’appel à projets (AAP) d’1 jeune 1 mentor. Des organisations d’intérêt général, notamment des associations, seront soutenues financièrement pour déployer des actions de mentorat à destination de jeunes de 6 à 30 ans, particulièrement ceux en difficulté. L’État a dépensé 30 millions d’euros par an à cette fin depuis le lancement du plan, selon le ministère.
La relance de l’AAP est une « très belle nouvelle », se réjouit Sébastien Lailheugue, co-président du Collectif Mentorat aux côtés d’Erica Cogne. Elle représentait un défi « dans le contexte qui est le nôtre », a ajouté Thibaut de Saint Pol, délégué interministériel à la jeunesse et directeur de la jeunesse, de l’éducation populaire et de la vie associative (Djepva). « Il convient de préciser que la disponibilité des crédits (...) est soumise à leur inscription en loi de finances », peut-on lire néanmoins dans la note de cadrage associée à l’appel à projets.
Au cours de la soirée, deux « Victoires du mentorat » ont été remises, respectivement à la Métropole de Lyon pour son action en faveur du mentorat auprès de jeunes de l’aide sociale à l’enfance (ASE) et au lycée polyvalent Lucie Aubrac de Pantin (Seine-Saint-Denis), pour le déploiement du mentorat auprès d’élèves en voie professionnelle avec l’association C’Possible.
Une convention de partenariat a également été signée entre le Collectif Mentorat et France Travail.
Pour en savoir plus : Le Collectif Mentorat promeut plusieurs dispositifs destinés à soutenir cette pratique lors de sa soirée annuelle (AEF Info)
Célia Szymczak