Aide au développement, vie associative... Des coupes envisagées pour l’ESS dans le projet de budget 2026
Plusieurs baisses inscrites dans le projet de loi de finances pour 2026, présenté par le gouvernement le 14 octobre, affecteraient directement ou indirectement les structures de l’ESS si elles étaient adoptées. Ces annonces ont donc suscité l’indignation des acteurs concernés.

Une « saignée sans précédent ». C’est ainsi que Benoît Hamon, le président d’ESS France, qualifie dans un post LinkedIn la baisse du budget de l’État attribué à l’économie sociale et solidaire (ESS) dans le projet de loi de finances pour 2026, révélé le 14 octobre par le gouvernement.
Le budget attribué aux dispositifs visant à développer ce mode d’entreprendre sera réduit à 12,3 millions d’euros, selon ESS France. En 2025, les parlementaires avaient voté une enveloppe de 26,7 millions d’euros. Cela constituerait donc une baisse de 54 %.
Les crédits concernant la jeunesse et la vie associative passent de 848 millions à 626 millions, soit une baisse de 26 %. « Une exécution », commente Benoît Hamon dans son post, alors que « le 11 octobre, des milliers d’associations ont manifesté contre la dégradation de leurs ressources et la disparition de leurs activités ».
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L’aide au développement à nouveau amputée
Les budgets attribués à l’insertion par l’activité économique (IAE), qui rassemble des structures embauchant des personnes très éloignées de l’emploi, baissent également dans le projet présenté par le gouvernement. Le montant des subventions versées pour l’embauche de ces personnes, les aides aux postes, diminue de 13 % et celui destiné à leur formation de 30 %, ce qui pourrait mettre en péril 50 000 emplois, selon ESS France. L’IAE avait déjà subi des coupes importantes en 2025.
Les crédits de l'aide au développement, qui ont aussi connu une baisse en 2025, pourraient aussi être amputés de 700 millions d'euros. « Les baisses brutales et massives des financements américains ont déjà eu un effet dévastateur sur les acteurs de terrain. La France suit malheureusement le même chemin et ce sont à terme des millions de personnes qui seront privées d’accès à la prévention, au dépistage et aux traitements contre le VIH/sida », a déclaré Florence Thune, directrice générale de Sidaction, dans un communiqué de presse. L’association a modifié son logo, transformant « Sidaction » en « Sidération » pour manifester son désaccord.
Des effets directs et indirects
Les restrictions ne s’arrêtent pas là. « L’ESS est à peu près dans tous les programmes budgétaires de l’État, comme elle est présente dans tous les secteurs de l’économie. Nous sommes encore en train de défricher le projet de loi de finances », précise Pauline Raufaste, responsable des affaires publiques pour ESS France. Par exemple, l’effort demandé aux collectivités territoriales aura un impact indirect sur les structures de l’ESS, puisque qu’elles « s’appuient beaucoup [sur elles] pour déployer les politiques publiques », indique Pauline Raufaste.
Cette « première copie » de projet de budget « n'est pas à la hauteur, pour utiliser un euphémisme », ajoute David Cluzeau, le président de l’Union des employeurs de l’économie sociale et solidaire (Udes), dans un autre post Linkedin. « L’ESS ne demande pas des privilèges, mais la reconnaissance de son rôle vital dans notre économie », avance-t-il, mentionnant les « 2,7 millions de salariés » travaillant dans des structures de l’ESS.
Célia Szymczak