Jules fait le pari de la mode « made in France »

Pari réussi pour l’enseigne de mode masculine Jules. Son jean fabriqué en France s’est vendu à plus de 6 000 exemplaires en à peine six mois, un chiffre conforme aux objectifs. Pour le produire, la marque a ouvert il y a un an une usine à Neuville-en-Ferrain dans le Nord et a recruté 50 personnes. Depuis, elle confectionne le jean Cinq Neuf, vendu à 59,59 euros. Ce jean va d’ailleurs bientôt être disponible dans tous les points de vente de France.

Pulls, sweats et chaussures fabriqués en France

Mais Jules ne compte pas s’arrêter là. L’enseigne a annoncé que 19 projets made in France étaient en cours, avec des productions qui pourraient être implantées sur tout le territoire. Totes bag, pulls en laine, sweats, accessoires, chaussures ou encore parfums devraient constituer cette ligne fabriquée dans des usines françaises. Pour l’instant, Jules compte douze partenaires. 

Pourquoi produire en France ? Pour une raison économique tout d’abord : « Produire au plus proche du client final permet plus de réactivité en pouvant adapter nos quantités au plus proche des ventes et ainsi mieux maîtriser nos stocks », estime Erika Joffin-Cadix, directrice RSE & Offre. La marque a déjà réduit son stock résiduel de 6 à 2 % depuis 2019 et souhaite continuer. Mais les motivations sont également écologiques : 

Relocaliser une partie de nos achats participe à la décarbonation de l’industrie textile et à la réduction de l’impact environnemental de nos produits, notamment en réduisant l’impact du transport en raccourcissant la distance entre le lieu de production et le lieu de vente. » 

Des débuts de relocalisation prudents

Objectif : l’enseigne souhaite fabriquer 100 000 pièces en France en 2025. Des débuts prudents sachant qu’elle a vendu près de 19 millions de vêtements en 2021 avec les marques Brice et Bizzbee réunies dans l’entité Happychic. Outre la France, Jules est engagé dans une relocalisation et souhaite atteindre 17 % de son approvisionnement en proche import cette année contre 11 % cette année. L’objectif est d’atteindre 33 % en 2026. Pour ce faire, la marque mise sur des pays situés sur le pourtour méditérannén.

Mais cette relocalisation a des limites. Et encore davantage en France. Tout d’abord, l’Hexagone ne dispose plus des savoir-faire nécessaires ainsi que de l’appareil productif pour une telle production à grande échelle. « Nous sommes convaincus que l’avenir n’est pas du 100% made in France, mais un juste équilibre entre les productions proche et grand import. Chaque zone géographique a ses forces en termes de savoir-faire textile », explique Erika Joffin-Cadix.

Pourquoi le Made in France est-il si cher ?

Pour l’instant, le made in France reste plus cher que d’autres produits. Le prix du jean de Jules s’élève à près de 60 euros, bien au-dessus des prix habituels de l’enseigne. Il devrait atteindre les 80 euros à l’hiver prochain. Pour Erika Joffin-Cadix, cela est dû au très petit volume des produits fabriqués en France : « En accompagnant nos partenaires industriels pour absorber des volumes plus importants, cela permettra d’optimiser les coûts de production et de rendre ainsi les produits « made in France » plus accessibles », considère-t-elle.

Pour maintenir des prix raisonnables, Jules étudie une option en pré-commande. Cela permettrait également de limiter les invendus.

Jules, société à mission

Cette relocalisation s’inscrit dans le cadre de sa politique pour « transformer l’industrie de la mode » en misant sur des produits durables dans le temps, plus que sur une stratégie de volume. Elle vise 100 % des collections éco-conçues pour 2030. Pour venir appuyer cette nouvelle direction prise, la société est devenue entreprise à mission en février.

Théo Nepipvoda