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Par Carenews INFO - Publié le 19 juin 2025 - 10:05 - Mise à jour le 19 juin 2025 - 14:13 - Ecrit par : Célia Szymczak
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L’anniversaire du service civique écologique marqué par des tensions sur la suppression de missions

Le ministère de la Transition écologique et le ministère en charge de la Vie associative et de la Jeunesse ont organisé le 18 juin un événement pour célébrer le premier anniversaire du service civique écologique. Les participants ont évoqué divers sujets, comme les expérimentations sur des missions liées à l’adaptation au changement climatique, les compétences obtenues par les jeunes et le rôle des entreprises. Les ministres présentes ont été interpellées sur le gel annoncé de 15 000 missions pour 2025.

Agnès Pannier-Runacher introduit la matinée, au ministère de la Transition écologique. Crédits : Carenews.
Agnès Pannier-Runacher introduit la matinée, au ministère de la Transition écologique. Crédits : Carenews.

 

Le service civique écologique est un « succès », se satisfait Agnès Pannier-Runacher, la ministre de la Transition écologique. Elle est présente avec Marie Barsacq, son homologue chargée des Sports, de la Vie associative et de la Jeunesse, lors d’un événement organisé par les ministères le 18 juin, à l’occasion du premier anniversaire du dispositif. Celui-ci permet aux jeunes de 16 à 25 ans de s’engager pour une mission d’intérêt général liée à l’environnement pendant plusieurs mois, au sein d’une association, d’une collectivité ou d’un établissement public, sans condition de diplôme.  

« Près de 7 000 jeunes » ont mené en 2024 des actions « concrètes, utiles à notre planète » et « à même de renforcer le lien social », se félicite encore Agnès Pannier-Runacher. « Vous êtes la preuve que l’engagement écologique est possible, concret et porteur de solutions pour les territoires », continue-t-elle en s’adressant aux jeunes volontaires de l’assemblée.  

Lors du lancement du service civique écologique, en avril 2024, 5 641 jeunes en service civique menaient des missions relatives à l’environnement. La ministre fixe l’objectif de passer « le cap des 10 000 cette année ». Le Plan national d’adaptation au changement climatique, dévoilé en mars, prévoit que 50 000 jeunes aient participé au dispositif d’ici à 2027. « Le sujet du dérèglement climatique, la perte de biodiversité, les pollutions, sont des enjeux qui nécessitent une mobilisation massive, la vôtre, la nôtre, et celle de toute la société », affirme Marie Barsacq, qui se réjouit aussi de la « croissance » du nombre de missions.  

 

 « L’engagement de l’État est fort » 

 

Mais malgré ces objectifs d’augmentation, le gouvernement a annoncé fin mai le gel de 15 000 missions en service civique en 2025, en raison de restrictions budgétaires. Le sujet n’est d’abord pas abordé par les ministres. À la fin d’une table-ronde organisée dans la matinée, Meriem, participante et volontaire en service civique, demande la parole.  

Certains jeunes intègrent le service civique faute d’avoir trouvé une école. Si on supprime ces opportunités, si on ne trouve pas d’école ou de service civique, qu’est-ce qu’on fait ? »

Meriem, une volontaire en service civique

« J’ai appris que l’État envisage de supprimer de nombreuses missions d’Unis-cité [une association spécialisée dans l’accompagnement de jeunes en service civique, présente ce jour-là] et en service civique. Cela revient à dire que les jeunes ne peuvent pas vivre l’expérience que j’ai pu vivre », dénonce-t-elle. « Certains jeunes intègrent le service civique faute d’avoir trouvé une école. Si on supprime ces opportunités, si on ne trouve pas d’école ou de service civique, qu’est-ce qu’on fait ? », demande encore Meriem. « L’engagement de l’État est fort, l’ensemble du service civique est financé par l’État », lui répond l’animateur de la table-ronde, Sylvain Waserman, le président-directeur général de l’Agence gouvernementale pour la transition écologique (Ademe), impliquée dans le service civique écologique. 

 


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Les ministres interpellées par Unis-cités 

 

Un peu plus tard, alors que le public s’apprête à partir, une représentante d’Unis-cité demande si elle peut poser une question aux ministres. Elle se présente, « Alice, coordinatrice d’équipes et de projets », et annonce parler au nom d’Unis-cité. « Des jeunes de tous milieux et profils s’engagent avec enthousiasme. On annonce que 15 000 missions vont disparaitre à la rentrée », commence-t-elle. « Comment allons-nous expliquer que notre pays est prêt à sacrifier sa jeunesse, et donc son avenir ? », s’indigne-t-elle. Elle lance également l’alerte sur la situation d’Unis-cité et sur le risque de « sacrifier les associations qui permettent concrètement cet engagement ». 

Comment allons-nous expliquer que notre pays est prêt à sacrifier sa jeunesse, et donc son avenir ? »

Alice, coordinatrice d’équipes et de projets Unis-cité

Le service civique est « un dispositif dans lequel nous croyons », lui répond Marie Barsacq au nom de « l’ensemble du gouvernement ». « Évidemment, nous souhaitons préserver les ambitions », déclare la ministre en charge de la Vie associative et de la Jeunesse, faisant part de « discussions pour la construction du budget 2026 au sein du gouvernement » au cours desquelles « nous parlons d’un dispositif ambitieux ». Elle justifie la baisse du nombre de missions pour 2025 par « une croissance économique qui n’est pas au niveau escompté. » « Nous dialoguons avec les collectivités, les ministères et évidemment avec les associations. Ce dialogue, il est en cours, mademoiselle, il n’est pas terminé », conclut-elle. 

Agnès Pannier-Runacher prend le micro à la suite de son homologue. « Je bataille pour maintenir mes crédits », débute-t-elle, mentionnant le poids du remboursement de la dette dans les dépenses de l’État. « Nous sommes passés dans la phase amère du budget. Il va falloir abandonner certaines missions, c’est vrai », reconnait la ministre de la Transition écologique. « C’est aussi à nous de sortir de notre zone de confort et de faire mieux avec moins de moyens », soutient-elle. « J’aimerais tellement qu’on soit capable de donner des financements pluriannuels aux associations », pointe-t-elle enfin, faisant référence aux difficultés d’Unis-cité.  

 

Des compétences valorisables professionnellement  

 

Au-delà de ces tensions, l’événement a permis d’évoquer d’autres sujets relatifs au service civique écologique. La nature des missions assurées par les jeunes, d’abord. Celles-ci doivent en partie contribuer à la mise en œuvre du Plan national d’adaptation au changement climatique, en instaurant une « véritable culture du risque » dans la population, selon les mots de la ministre, face aux vagues de chaleur, aux incendies ou encore aux inondations. Des missions de ce type ont été expérimentées dans cinq territoires, dont Mayotte et La Réunion. En Gironde, par exemple, la Fédération Léo Lagrange a lancé un parcours au cours duquel les volontaires collectent des données de terrain sur les forêts, pour des projets de recherche, et sensibilisent la population aux questions liées à la gestion forestière. Plus généralement, les services civiques écologiques peuvent porter sur la consommation, l’alimentation, le logement, la mobilité ou la biodiversité.  

Plusieurs participants ont par ailleurs souligné le rôle potentiel des entreprises. Elles « ne peuvent pas recruter directement des services civiques, mais elles peuvent intelligemment s’appuyer sur le tissu associatif, qui a aussi besoin d’être renforcé », souligne Marie Barsacq. « C’est un axe sur lequel nous devons expérimenter, travailler », considère-t-elle. « Les entreprises sont essentielles au modèle. Elles vivent dans leur activité les contradictions environnementales que l’on vit tous », confirme Valérie Gendreau, directrice du développement environnement et ruralité de l’association Unis-cité. « Elles doivent s’engager à nos côtés, financièrement, en expertise », poursuit-elle. 

 


À lire aussi : « Le succès du service civique est aussi le succès des associations » , selon Nadia Bellaoui (Agence du service civique) 


 

Des compétences valorisables professionnellement 

 

En retour de leur contribution à l’intérêt général, les jeunes sont censés acquérir des compétences transverses et une expérience « qui puisse être valorisée dans les parcours professionnels », a déclaré Agnès Pannier-Runacher. Un « open badge » certifié par France Travail, dévoilé le 10 juin, permet désormais aux volontaires de démontrer les compétences acquises. « C’est quelque chose de très concret », avance Marie Barsacq. 

Le service civique « m’a formée et sensibilisée », témoigne à ce titre Shirley, une volontaire, lors d’une table ronde. En effet, elle était peu intéressée par les questions écologiques auparavant. Elle achève son expérience plus convaincue. Elisa, une autre volontaire intéressée par les emplois liés aux questions écologiques s’était « fermé la porte de ces métiers parce qu’[elle] n’a pas l’esprit scientifique ». Le service civique lui a « redonné confiance » et l’a incitée à une reprise d’étude en urbanisme. « Le service civique écologique, c’est vraiment une ouverture d’esprit. C’est s’engager, c’est comprendre », se réjouit-elle.  

 

Célia Szymczak 

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