[SOCIAL TECH] Coronavirus : des réseaux sociaux entre voisins pour « recréer du lien social »
Chaque semaine, Carenews vous présente une initiative technologique actrice de changement. Aujourd’hui, on vous parle d’Ensembl’ et de ma-residence, deux réseaux sociaux affiliés qui rassemblent des voisins et favorisent la solidarité. Une façon de vivre le confinement plus sereinement.
En 2019, selon l’enquête nationale Solitudes, 13 % des Français·es étaient en situation d’isolement social : ils ne voyaient que très rarement, voire jamais, d’autres personnes, quels que soient les « réseaux de sociabilité » (famille, amis, voisins, vie associative et professionnelle). Une proportion qui n’a pu qu’augmenter depuis le confinement décidé par le gouvernement dans le cadre de la lutte contre la pandémie de Covid-19. Confiné·e·s, en dehors des personnes dont le travail nécessite des déplacements, nos seuls liens sont le téléphone, les réseaux sociaux et autres outils de discussion écrite ou vidéo.
« L’avenir de notre réussite commune est bien l’utilisation du digital dans la création de lien social réel et authentique » déclarait en janvier Charles Berdugo, président-cofondateur du réseau social Ensembl’ (anciennement ma-residence.fr), dans une tribune publiée sur Le Journal du Net. Avec ses deux réseaux sociaux affiliés, il encourage l’entraide entre voisin·e·s.
Créer du lien social et encourager la solidarité
C’est en 2008 que l’entrepreneur spécialisé dans les nouvelles technologies a cofondé ma-residence.fr, le premier réseau social français d’échange et d’entraide entre voisins. Devenus en 2018 Ensembl’, l'application et le site ont été imaginés par la startup française Le Résidentiel numérique, basée à Levallois-Perret (92).
Sur un modèle proche de Facebook et voulu facile d’utilisation, chacun·e peut publier des informations et des bons plans sur son quartier, et facilement interagir avec ses voisin·e·s.
Ensembl’ vise ainsi à créer du lien social, en plus d’encourager les échanges et la solidarité entre voisin·e·s : les personnes ayant un besoin (covoiturage, baby-sitting, bricolage, course...) et celles prêtes à donner un coup de main peuvent publier des annonces et/ou y répondre. Depuis le début de la pandémie de coronavirus, un onglet dédié vise à permettre de « rester en contact les un·e·s avec les autres et de trouver de nouvelles solidarités ». Prendre des nouvelles des plus fragiles et/ou isolés, faire des courses pour ceux qui ne le peuvent plus, proposer des services de garde d’enfant ou de soutien scolaire… « Relevez le défi avec Ensembl’ ! », encourage la plateforme.
Avec une double promesse : la gratuité et la sécurité. Le modèle économique reposant sur l’investissement des collectivités, les particuliers n’ont en effet rien à débourser pour interagir sur Ensembl’, vierge de toute publicité. Et la startup garantit la fiabilité des profils inscrits grâce à un système de vérification des adresses mails et postales. Ensembl’ assure également la protection des données des utilisateurs·trices, une façon de montrer que « le digital, dès lors qu'il est respectueux de la vie privée, cristallise cette envie de générer de la solidarité », a avancé Charles Berdugo à l’antenne d’Europe 1.
Une nouvelle application pour les voisin·e·s d’immeubles
La recette de la startup, membre de la French Tech et agréée Service Numérique et Citoyen par le ministère en charge de la ville, séduit : plus de 200 000 personnes sont inscrites sur Ensembl’. Près de 200 collectivités l’ont adopté, parmi lesquelles Nantes, Nice ou encore le Havre. Ces dernières disposent de leur page sur le réseau, également utile aux commerces locaux et à plus de 4 000 associations, qui y partagent leurs actualités et peuvent y recruter bénévoles et adhérent·e·s. En mai 2019, une application sœur d’Ensembl’ a été lancée pour les voisins d’immeuble : Ma-residence.
Un dispositif de solidarité envers les personnes âgées
Et parce que 80 % des besoins exprimés sur Ensembl’ concernent des personnes âgées - comme Charles Berdugo l’a expliqué sur Europe 1 -, la startup a développé, avec le soutien de la Caisse Nationale d’Assurance Vieillesse (Cnav), un dispositif dédié à leur autonomie et leur maintien à domicile. Baptisé Solidar-it, il s’agit d’un outil professionnel intégré dans Ensembl’ et Ma-residence sollicitant les acteurs de l’action sociale du territoire pour mieux identifier les besoins des personnes âgées et les aider. Collectivités et autres Caisses centrale d'activités sociales peuvent ainsi s’organiser directement avec les volontaires.
Comme Ensembl’, d’autres réseaux sociaux de quartiers encouragent à la solidarité. Parmi ces derniers :
- L’association Voisins Solidaires propose gratuitement, et avec le soutien de ses partenaires, son kit « Coronavirus, et si on s’organisait entre voisins » pour faciliter l’entraide.
- Gratuit pour toutes les villes de France pendant la crise sanitaire, le réseau social Smiile a lancé une nouvelle fonctionnalité : l’échange vidéo entre voisins.
Mélissa Perraudeau