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Par Carenews PRO - Publié le 13 octobre 2022 - 10:00 - Mise à jour le 22 décembre 2023 - 12:09
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Youssef Achour (président du groupe Up) : « Le fait d’ajouter la qualité à mission permet de mieux faire comprendre ce qu’une Scop porte en elle »

Nous avons rencontré Youssef Achour, président du Groupe Up. La coopérative existe depuis 58 ans et en cours de devenir l'une des premières Scop « à mission » en janvier prochain. Entretien.

Youssef Achour, président de la Scop Up explique pourquoi elle devient à mission. Copyright : studiocabrelli
Youssef Achour, président de la Scop Up explique pourquoi elle devient à mission. Copyright : studiocabrelli

 

 

  • Pourquoi le modèle des Scop est-il si peu connu à votre avis ?  

Le modèle des Scop n’est pas dominant dans l’économie traditionnelle. C’est plutôt celui basé sur une entreprise où la personne qui investit, détient le pouvoir. Les personnes qui y travaillent ont un rôle d’un autre niveau, sont des salariés et non des actionnaires. Culturellement, quand on crée une entreprise, le premier réflexe est de penser à un autre modèle que celui où on pourrait le faire avec d’autres personnes en partageant le pouvoir. Ce sont ces différences qui font le modèle unique des Scop. 

 

 

  • Quelles sont les spécificités d’une Scop qui pourraient inspirer les modèles plus classiques d’entreprise ?

 

Le modèle de gouvernance par exemple de notre Scop est le même depuis 58 ans, où un homme = une voix. C'est un principe par lequel chaque salarié bénéficie d’un parcours d’intégration spécifique. Au bout d’un an, il peut devenir sociétaire, s’il est élu par ses pairs. Il aura donc la double identité, de salarié et sociétaire. Il pourra ainsi participer à tout le processus de décision dans lequel il sera informé et consulté en permanence pour prendre part aux décisions. 

 

À mon arrivée, en 2019, afin de redynamiser notre démocratie interne et notre gouvernance, j’ai proposé, pour la première fois, de dissocier les mandats. J’ai voulu que soient nommés un président, un directeur général et un secrétaire général. Je pense qu’il est risqué de faire porter l’ensemble des responsabilités sur une seule personne. Le président doit se consacrer à la vision qu’il souhaite donner à l’entreprise et le directeur général se positionne sur un territoire plus opérationnel.  

 

  • La démarche RSE est portée à votre niveau. Comment cela se traduit-il ? 

 

J'ai souhaité en effet que le président porte la démarche RSE. Nous avons pris la décision d’avoir une gouvernance la plus dynamique et démocratique possible, avec une vision sociale et une participation des collaborateurs la plus ouverte possible pour favoriser le dialogue et le progrès social. Trouver un équilibre entre la contribution économique et l’obligation de faire des résultats avec des produits à vocation sociale, comme les titres restaurant et les chèques cadeaux, c’est notre objectif. Nous essayons d’être en phase avec qui nous sommes et ce que nous faisons, au service des collaborateurs et des citoyens.  

 

Pour la dimension sociétale, je souhaite davantage me consacrer aux parties prenantes qui sont nos partenaires historiques. En tant que coopérative, nous sommes une entreprise historique de l’économie sociale et solidaire et nous avons un rôle à jouer dans le développement et le positionnement de l’ESS. Cela veut dire travailler avec les organisations qui portent le message de l’économie solidaire. En tant que président de la Scop, je me dois d’être un acteur de cette dynamique. C’est en ce sens que j’ai accepté de présider la CRESS d’Île-de-France, en avril 2022. 

 

Enfin, sur le sujet environnemental, nous menons un travail auprès des collectivités locales et des partenaires qui sont les nôtres, afin de mieux les aider à réfléchir aux solutions pour réduire leur empreinte carbone. Nous proposons également de créer des titres spécifiques à l’attention des citoyens pour les utiliser, par exemple, aux dépenses énergétiques.

 

  • Vous avez pour projet de transformer la coopérative en une « Scop à mission » en janvier 2023. Pourquoi ce choix ? 

 

Nous sommes dans le processus d’échange avec les salariés sociétaires. Nous allons leur proposer, lors d’une assemblée générale extraordinaire, en janvier prochain, de faire évoluer les statuts de la coopérative pour y intégrer la qualité d'entreprise à mission. Une définition de sa raison d’être sera proposée en octobre et actée au conseil d’administration. 

C’est un projet qui a commencé il y a deux ans. Quand nous avons travaillé sur l’évolution de la question de la gouvernance de notre coopérative pour répondre à la transformation de la société, nous avons eu de longs échanges avec le conseil d'administration et nous avons convergé lentement vers l’idée de l’entreprise à mission. En effet, nous nous sommes rendu compte que le fait d’ajouter la qualité à mission permet de mieux faire comprendre ce qu’une Scop porte en elle. Cela permet de réaffirmer et de (re)mettre en évidence qui nous sommes et nos différences par rapport à d’autres entreprises. Être une entreprise à mission permet d’expliquer son modèle de gouvernance, oblige à mettre en avant la façon de cultiver le dialogue social et les liens avec les parties prenantes pour avoir une relation qui participe au développement de la société. Enfin, cela permet de redynamiser une entreprise de 58 ans de vécu. 

 

 

Christina Diego 

 

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