Fromager, coopérative, plateforme VOD… Ces dons originaux aux caisses de grèves

À Abbeville, dans la Somme, le docteur Julien Burnay s’oppose à sa façon à la réforme des retraites. Le média spécialisé Egora relate l’histoire de ce généraliste qui a décidé de reverser ses honoraires de consultations, soit près de 400 euros par jour, à des caisses de grèves. Il affirme qu’il maintiendra son action jusqu’au retrait de la réforme.

À quoi servent les caisses de grève ?

L’argent, le nerf de la guerre. La contestation de la réforme des retraites a redonné de la visibilité à cet outil sorti des radars, la caisse de grève. Portées par des collectifs et des syndicats, ces caisses atténuent les pertes de salaires des grévistes et permettent ainsi de faire perdurer le mouvement.

À l’occasion du mouvement contre la réforme, les sommes collectées ont atteint des sommets. La Caisse de solidarité, portée par plusieurs syndicats, a dépassé les 2,8 millions d’euros collectés depuis le début du mouvement. Du jamais vu. Cette caisse a même connu un record absolu avec 405 000 euros collectés en 24 heures lors de la précédente journée de mobilisation, le 23 mars, dopée par l’utilisation par le gouvernement du 49.3. 

Des fromagers donateurs

Certains des donateurs ont un profil pour le moins particulier et s'engagent à leur façon. La fromagerie Lefort, dans le 20e arrondissement de Paris, a collé une affiche sur sa devanture le 23 mars : « La fromagerie Lefort reverse une partie des recettes du jour aux caisses de grève », peut-on lire. Le commerce explique sur son profil Instagram ne pas pouvoir baisser les rideaux à chaque journée de mobilisation et préfère donc s’engager autrement, en finançant les caisses de grève.

Même difficulté à arrêter l’activité pour Coopaname. Il s’agit d’une coopérative ouvrière qui regroupe des travailleurs de toutes professions réunis dans un projet collectif. La structure a proposé aux salariés de verser leurs salaires des journées de manifestations, comprenant les charges salariales et patronales, aux mouvements de grève. En 2019, cette pratique avait permis de reverser plus de 6 000 euros aux caisses de grèves. Une façon pour eux de participer au mouvement sans mettre en danger leur activité.

La culture s’implique à sa façon

Face à l’atonie du monde de la culture, certains artistes ont décidé de mettre leur activité au service du mouvement de grève. Le street-artist de Cahors Nô a lancé une caisse de grève dont le fonctionnement est original. Des artistes proposent des œuvres sur Instagram avec le hashtag #soutiendesartistesauxgrévistes. L'argent récolté grâce aux ventes de ces œuvres viendra financer la contestation.

Le monde du cinéma s’implique également. Le site de SVOD Tënk, dédié au documentaire d’auteur, a voulu apporter sa pierre à l’édifice. Le site, avec l’accord des réalisateurs et producteurs, met à disposition une sélection de dix films documentaires engagés utilisables librement pour organiser des projections publiques. Le but est notamment de récolter de l’argent pour les caisses de grèves. Parmi les films diffusables, Nos corps sont vos champs de bataille d’Isabelle Solas, ou Maison neuve d’Ariane Doublet. Tënk s’inscrit dans la longue histoire des événements de solidarité de soutien aux travailleurs tels que les spectacles de solidarité.

Théo Nepipvoda