La transition écologique, une priorité pour le Medef ?
Lors de la Rencontre des entrepreneurs de France organisée par le Medef les 26 et 27 août à Paris, le changement climatique a été abordé et a notamment fait l’objet d’une table ronde. Au cours de la première journée, les chefs d’entreprises ont exposé leur point de vue sur les manières d'y faire face.
« Démarrons cette rentrée sur les chapeaux de roue. C’est nécessaire. Le monde ne nous attend pas. Le climat ne nous attend pas. Nos concitoyens sont impatients », commence Patrick Martin, le président du Mouvement des entreprises de France (Medef) le 26 août en ouverture de la rencontre des entrepreneurs de France (REF).
La transition écologique, une priorité pour les chefs d’entreprise ? Dans son discours introductif, Patrick Martin insiste surtout sur la nécessité de poursuivre une politique de l’offre, de limiter les dépenses publiques et de garantir la prospérité économique.
Sur la transition, il souligne brièvement le rôle des partenaires sociaux. Il « confirme aux organisations syndicales [sa] proposition de travailler ensemble à la réconciliation de la croissance et des grandes mutations », dont l’environnement. Cependant, il regrette le « calendrier de mesures comme le green deal, la CSRD ou le devoir de vigilance », trois politiques européennes destinées à accélérer la transition écologique. Il qualifie ces mesures de « généreuses et partagées » mais déplore qu’elles « [n’intègrent] ni la concurrence mondiale, ni les coûts de mise en œuvre, ni l’acceptabilité sociale ». « Nous n’avons pas à rougir de ce que nous sommes et faisons, ni sur le plan économique et social, ni sur le plan environnemental », assure-t-il finalement.
« ne laisser personne sur le côté »
Un peu plus tard, une table ronde est dédiée au « Pouvoir vert, le pouvoir de faire ». Catherine MacGregor, directrice générale d’Engie, se félicite de l’engagement de son entreprise à devenir neutre en carbone d’ici à 2045. À ses yeux, la transition énergétique est « en marche ». « Il faut maintenir l’ambition », avance-t-elle, saluant pour sa part un green deal « plutôt renforcé ». Elle considère également « l’équité » comme un « sujet critique de cette transition énergétique », se prononçant en faveur de mesures d’aides ciblant les ménages les plus vulnérables.
« Il ne faut laisser personne sur le côté » abonde Antoine Gosset-Grainville, président du conseil d’administration d’Axa, « les plus vulnérables doivent être accompagnés ». Il qualifie le changement climatique de « défi existentiel ». Selon lui, tous les acteurs doivent se mobiliser, notamment l’État et les entreprises. Lorsque la militante écologiste Julie Pasquet l’interpelle sur le fait qu’Axa continue de financer des projets impliquant des énergies fossiles, il parle d’une part d’investissement « résiduelle » dans des entreprises « avec des plans de transition crédibles ».
Lorsque la journaliste Hedwige Chevrillon le questionne sur l’ISF vert, un impôt sur la fortune avec une composante écologique défendu par la gauche, le président d’Axa déplore un niveau de prélèvement obligatoire trop élevé. « Il faut garder notre ambition écologique mais revoir complètement notre méthode », appuie Pierre-André de Chalendar, président de l’Institut de l’entreprise et ancien PDG de Saint-Gobain. Il appelle à la simplification des normes et à soutenir la production. « On n’arrivera pas à l’écologie sans croissance », affirme-t-il. Il faut simplifier les réglementations « avant de passer à notre sport favori qui est d’inventer de nouvelles taxes », confirme Jean-Pascal Tricoire, le président du conseil d'administration de Schneider Electric, insistant par ailleurs sur l’innovation.
Des consommateurs « plus exigeants » ?
L’État, les entreprises, les consommateurs : qui a le pouvoir ? En matière de durabilité, qui pousse les entreprises à changer leurs pratiques ? Cette question faisait l’objet d’une autre table ronde le 26 août. Bertille Toledano, présidente de BETC et co-présidente de l’Association des agences-conseil en communication, identifie deux « pouvoirs » des consommateurs : celui de choisir les produits de manière « éclairée » et celui de faire le choix de la « sobriété », en achetant en seconde main par exemple.
Les consommateurs sont « plus exigeants et mêmes plus militants », observe aussi le président de L’Oréal France Hervé Nevellou, appelant à plus de transparence et de « sincérité ». « Les marques ou les producteurs doivent repenser leur manière de faire », ajoute-t-il.
Les pouvoirs publics doivent accompagner les entreprises dans la transition, pour qu'elles puissent faire face à la concurrence et répondre aux enjeux de pouvoir d’achat, affirme Jean-François Loiseau, le président de l’Association nationale des industries alimentaires. Il insiste pour sa part sur une « responsabilité collective ». « L'entreprise ne doit pas régler tous les sujets », appuie-t-il fermement.
Célia Szymczak